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mardi 6 mai 2014

Elections municipales et européennes de 2014 : la branlée qu'on va leur mettre. (acte II)



Elections municipales et européennes de 2014 : la branlée qu'on va leur mettre. (acte II)
 
Philippe DELBAUVRE
 
 
Branlée ? Le terme peut choquer et vous m'en voyez bien conscient. Evoquons alors, même si nous restons dans les mêmes eaux, une déculottée. C'est une déferlante Front National qui a traversé la France lors des dernières municipales, imagée par un chiffre : le Front National a augmenté ses suffrages par rapport à l'échéance précédente de 80%. Or 80%, le lectorat en conviendra, ce n'est guère loin de 100%. C'est ainsi que pour résumer, lors des dernières municipales, le Front National n'a pas été loin de DOUBLER ses résultats. On comprendra dès lors les espoirs de beaucoup tout comme les inquiétudes de certains.

Le résultat est d'autant plus surprenant que le Front National ne disposait pas d'une grande histoire locale. Il n'a pas les grands réseaux dont disposent et l'Ump et le Parti Socialiste. Le succès prend dès lors l'allure d'un séisme.

Les élections européennes, même si elles ne sont plus nationales comme de par le passé (une liste par « grande région » désormais contrairement à une liste unique), ne peuvent pour autant être considérées comme locales. En ce sens, le succès pour le Front National a toute chance d'être encore davantage marqué lors des élections qui auront lieu dans moins de rois semaines. Quel terme faudra t-il alors utiliser ? Séisme ? Tsunami ? Ouragan ?

Les sondages concordent. Le problème n'est plus de savoir si c'est la gauche ou la droite qui va prendre l'ascendant – la gauche est maintenant souterraine et en conséquence on observera à quelle profondeur elle va plonger – mais qui va être proclamé au vu des résultats premier mouvement de France. A ce titre, il faut bien remarquer que la droite ne fait plus recette et qu'une personnalité aussi médiatique que Nkm n'a même pas su profiter de l'impopularité de la gauche en place pour prendre la mairie de Paris. La droite, dont certains ont un peu vite annoncé le succès, ne bénéficie plus aujourd'hui d'un vote d'adhésion.

Le vote de droite est de plus en plus celui de ceux qui refusent la gauche, et qui, pour l'instant, n'ont pas encore franchi le pas qui, par la suite, les mènera vers le Front National.

Si Nicolas Sarkozy avait réussi sa présidence, il n'eut pas commencé la campagne électorale des élections présidentielles de 2012 avec un potentiel aussi bas, situé seulement à 40%. Et sa remontée constante durant la campagne ne fut le fait que du peu d'intérêt des Français pour François Hollande. Quant à la lutte pour la présidence de l'Ump, elle a fait deux morts : François Fillon et Jean-François Copé. Aucun des deux, alors que le temps a depuis bien passé, n'a pu revenir à la vie politique.

Le même choix structurel pour la France effectué par les deux frères amis de la politique française a les conséquences catastrophiques que l'on sait. Et justement cela se perçoit et se sait de plus en plus chez les Français. En ce sens, le Front National n'a même plus l'obligation de briller pour gagner. Les mêmes politiques menées par la droite et la gauche sont tellement détestables que le Front National apparaît comme la seule solution désormais possible pour de plus en plus de Français.

Quant à l'espoir d'une autre solution, on ne voit pas où, hors Front National, on peut la trouver. Le centre est toujours mou et la maladie de Jean-Louis Borloo risque de conforter François Bayrou pour une nième candidature qui sera une nième défaite. De surcroît, si proche qu'est le centre, aussi bien de l'Ump que du Ps, qu'il ne constituera pas une alternative. Le Front des gauche reste ce qu'il fut dès les origines : un parti petit-bourgeois qui s'adresse aux personnes en difficulté, sans que celles-ci, à juste titre, ne l'écoute : on les comprendra. Les écologistes restent enfermés dans leur dogmatisme et en ce sens, la préférence qu'ils ont accordé à Efa Choly aux dépens de Nicolas Hulot est emblématique. Déconnectés des réalités quotidiennes, ils alternent et vont alterner, « soutien sans participation » et « participation sans soutien ».

Dans de telles conditions, quand bien même n'aimerait-on pas le Front National, qu'il faudrait néanmoins voter pour lui : c'est maintenant une question de devoir civique et républicain.