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samedi 10 mai 2014

Pourquoi nous téléphonons de moins en moins



Pourquoi nous téléphonons de moins en moins
 
 Par Jean-Laurent Cassely
 
 
Nous vivons dans un monde étrange. Alors que l’immense majorité de nos concitoyens possède un téléphone portable personnel, il semblerait que l’acte de téléphoner soit voué à bientôt rejoindre le fax et le courrier postal au musée des moyens de communication du XXème siècle… C’est en tout cas ce qui se passe aux Etats-Unis, où la radio NPR explique pourquoi, selon Scott Campbell, professeur de télécommunications à l’université du Michigan, «téléphoner est à présent presque un viol».

Comme le constate l’article, les photos du «rituel du soir» adolescent que constituait l’appel aux amis, tel que photographié en 1944 par le magazine Life comme un passage obligé qui rythmait la journée des jeunes, n’évoquent rien aux jeunes générations sinon un certain malaise. Il faut dire que la fonction première du téléphone, qui a fait son succès chez les adolescents, était de pouvoir communiquer avec ses pairs sans que ses parents soient au courant de la conversation. Une fonction à présent mieux remplie par les messages SMS, les messageries de chat et les multiples formes de réseaux sociaux émergents, l'écrit étant plus discret que la voix.

Certes, les jeunes sont précurseurs, mais les adultes ont suivi le mouvement: «les baby-boomers sont encore capables de décrocher le téléphone dans des contextes professionnels, mais au travail comme à la maison une sonnerie de téléphone est à présent perçue comme une intrusion non souhaitée».

De sorte que le téléphone évoque à présent une incursion mal vécue dans l’intimité du correspondant, d'autant qu'il s'agit d'une communication synchronique, dont les phases ne peuvent être disjointes dans le temps –sauf à demander à être rappelé plus tard.

Difficile d’aller jusqu’à dire que plus personne ne téléphone. Mais les chiffres français sont intéressants: selon une étude TNS Sofres sur les adolescents et l’usage du téléphone mobile, ces derniers étaient près des deux tiers en 2009 à textoter tous les jours, mais seulement 39% à appeler tous les jours. Certes, le prix des forfaits entre aussi en compte, les textos étant moins chers que les appels.

Mais les exemples cités par NPR se rapprochent d’un scénario d’anticipation dans lequel les relations sociales qui transitent par la voix sont devenues des événements redoutés: «Le téléphone est si intrusif, il est tout à coup tellement là», se confie un éditeur. On peut aussi considérer comme Wired qui expliquait dès 2010 que l'appel téléphonique «méritait de mourir», que les nouveaux outils sont à la fois plus efficaces et plus respectueux de l'interlocuteur.

Peut-être nous approchons-nous du jour où, de même que nos boîtes aux lettres ne servent pratiquement plus qu’aux factures et aux catalogues de supermarchés, les seuls appels que nous recevrons viendront d’un service de clientèle ou d’un démarcheur commercial.


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Source

Slate : http://www.slate.fr/life/86899/fin-telephone#xtor=RSS-2