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mardi 6 mai 2014

La hausse préoccupante des violences contre les personnes



La hausse préoccupante des violences contre les personnes
 Jean-Marc Leclerc
 
 
INFOGRAPHIE - Le Figaro a décrypté les derniers chiffres de l'Observatoire national de la délinquance. À la ville comme à la campagne, la situation se dégrade : 76 des 96 départements métropolitains sont dans le rouge depuis le début de l'année.

Rien n'arrête le flot des violences en France. Les atteintes à l'intégrité physique ont encore augmenté au premier trimestre de 5,5 %. Du règlement de comptes entre malfaiteurs, en passant par les vols avec violence, les homicides, les vols à main armée ou les viols, pour les 30 index concernés, les faits sont passés de 118 000 au premier trimestre 2013 à plus de 125 000 pour les trois premiers mois de 2014.

Le mois d'avril ne fait d'ailleurs que confirmer la dégradation constatée. Le plus inquiétant: ce sont les violences «gratuites», celles des coups et blessures volontaires principalement, dans la rue, à l'école ou dans le cadre familial, qui portent ces évolutions, avec une hausse des violences non crapuleuses depuis le 1er janvier qui dépasse les 8 %, tandis que la violence dans le but de voler accuse une fragile diminution de 2 %, avec un niveau très élevé d'affaires, de l'ordre de 20.000 par mois en moyenne, contre 10.000 faits par mois en moyenne il y a dix ans.

Ce premier état des lieux pour l'année en cours n'est donc guère réjouissant. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui succède à un Manuel Valls en endossant l'habit de «l'homme de dossier», ne peut ignorer ces tendances. Il les voit se dessiner mois après mois dans son tableau de bord confidentiel qui révèle aussi, depuis un moment, qu'au-delà des effets d'annonce, il y a moins de patrouilles sur le terrain aujourd'hui qu'hier.

Comme les nouvelles ne sont pas bonnes, l'Intérieur, qui prône souvent la «transparence» plus qu'il ne la pratique, se garde bien de faire le focus sur les violences, préférant se concentrer sur des actions de communication ciblées, ici sur la lutte contre le djihadisme, là sur l'expulsion d'un imam, ailleurs sur un déplacement ministériel en rapport avec le chassé-croisé des vacances sur les routes.

Depuis le changement de majorité, dans ses bulletins mensuels, l'ONDRP met en garde sur le fait que les méthodes de comptage ont changé au ministère de l'Intérieur, et que «à partir du moment où les faits ne sont plus enregistrés dans les mêmes conditions que par le passé, les comparaisons en tendance ne peuvent plus être menées». La raison principale tient au fait que les gendarmes utilisent depuis 2012 un nouveau logiciel de saisie des faits qui empêcherait désormais de tricher.

Soit! Mais en comparant les trois premiers mois de 2013 à ceux de 2014, c'est à pratique de saisie comparable que les chiffres sont mis en regard. Et cela prend du sens. D'autant plus de sens que nous procédons à une analyse locale qui permet de constater que certains départements connaissent des embellies, comme celui des Bouches-du-Rhône et son emblématique Cité phocéenne, quand d'autres, à commencer par Paris et l'essentiel de la région parisienne, continuent de s'enfoncer dans le rouge. La situation se dégrade même, en ce début d'année, dans 76 des 96 départements métropolitains.

Qu'on le veuille ou non, la dégradation statistique reflète la réalité du terrain. C'est le sentiment des chefs de police dans les départements. Il est clair cependant que la réforme de l'outil statistique menée par Manuel Valls l'a été dans le but louable de faire ressurgir des éléments peut-être occultés jusqu'alors des bilans mensuels établis par les forces de l'ordre. C'est d'ailleurs ce que rappelle le criminologue Alain Bauer (notre entretien), qui laisse entendre également que la mise en place progressive d'un nouvel outil de saisie des faits dans la police, le Logiciel de rédaction des procédures de la police nationale (LRPPN), devrait encore amplifier la perception des phénomènes de délinquance.

Avant les municipales, sous la pression médiatique, l'Intérieur s'était beaucoup focalisé sur la lutte contre les cambriolages. Aujourd'hui, ce sont les violences qui interpellent. Quelles stratégies nouvelles Bernard Cazeneuve compte-t-il mettre en place pour les endiguer? En quoi les zones de sécurité prioritaire (ZSP), si chères à Manuel Valls, ont-elles été utiles? N'ont-elles pas plutôt déporté la délinquance en périphérie des zones concernées? La méthode gouvernementale, basée principalement sur la hausse des effectifs, a, pour l'heure, montré ses limites. Or toutes les villes n'auront pas la chance de bénéficier de l'attention particulière qui fut accordée à Marseille, à coups de renforts et de réformes chocs. «Évidemment, l'insécurité et le sentiment d'insécurité ne cesseront d'augmenter tant que la réponse collective à la délinquance ne sera pas adaptée», avait déclaré aux députés le général de corps d'armée Bernard Soubelet, numéro 3 de la maréchaussée, le 18 décembre dernier. Cet appel au bon sens est plus pertinent que jamais. Surtout à l'heure où le gouvernement s'apprête à faire voter la réforme Taubira qui aura pour effet - si ce n'est pour but - de vider les prisons.

Carte interactive disponible en cliquant sur le lien ci-dessous.
 
Source:

Le Figaro :: http://www.lefigaro.fr/politique/2014/05/04/01002-20140504ARTFIG00171-la-hausse-preoccupante-des-violences-contre-les-personnes.php