2016
fut l’année d’une révolte fluo, une année des dupes. En Autriche on a
voté contre, mais on a fini par se ranger. En Italie on a voté contre,
le système a remplacé son pion le jour-même. En Angleterre, on a voté
contre, mais on reste en Europe. En Amérique on a voté contre, mais Wall
Street monte et le cabinet de milliardaires golfeurs du joker rebelle
se marre. On avait commencé par une envolée de l’or et un écroulement de
bourses, puis tout s’est retourné sur ordre : l’or s’effondre ou est
confisqué, la bourse bat ses records, la dette règne sur huit milliards
de zombis, le dollar est tout-puissant. Il est le Dieu du Monde le plus
monothéiste de l’histoire. Pourquoi ne pas monter à cent mille milliards
de dettes après tout ?
Ces
peuples aboient un peu mais la caravane passe. Elle promet pourtant un
effondrement de notre euro, une hausse des menaces et des règlements,
une explosion des attentats et de la quantité de réfugiés dans les
chaumières. Elle inquiète et puis on se rendort.
Pseudo-révolte ? Mais même pas en ex-agonie. On peut leur tirer dessus ou les écrabouiller, ils sont déjà morts les Français.
Il
n’y a qu’en France que le peuple rééduqué et vite couché de petits
bourgeois laïcards et du pseudo-catho en Loden ne s’est pas rebellé. Il
semble même ne s’être rendu compte de rien et il veut voter pour la
continuité ou, comme disent les grisettes des médias, pour le changement
dans la continuité. A ma gauche Macron jeune premier cuvée (couvée)
Rothschild qui a efflanqué un peu plus l’industrie française (les
affaires sont les affaires, pas vrai Manu ?), à ma gauche Fillon, cuvée
Castries-Axa-Bilderbergs pour faire neuf, ex-premier de Sarkozy, et dont
on a oublié qu’il a été ministre à peu près toute sa vie avec sa gueule
de sacristain et de buveur de vin de table.
Ce sera donc Fillon contre Macron. Parce qu’ils les rassurent.
Et
vive la révolution : la gauche, la droite, la droite, la gauche.
Politique euro et balle au centre. Les couillons enflammés n’ont qu’à
aller se rhabiller avec leur plan survivaliste. Comment effacer les
chômeurs, baisser les salaires, couler les retraites, combattre le
terrorisme et les russes qui combattent le terrorisme, comment supporter
Trump s’il n’est pas descendu d’ici là, comment lutter contre le
sexisme et l’islamophobie et le réchauffement, demandez le programme.
Quand
je passe en France ou que je vois passer du Français, je ne vois guère
passer du rebelle. Je vois passer du Nuit debout tatoué, du retraité
fluo, du proprio prospère. Je ne vois pas passer de peuple au message
fort. Même les individus forts se font rares. Le Français ce n’est pas
ce qu’en racontent le mythomane de nos réseaux antisociaux. Le Français
n’est pas une victime ; il est surtout un collabo pépère, un citoyen
consommateur : le marché noir l’a toujours intéressé plus que la
Résistance.
On se consolera en écoutant la passacaille de Lulli et le Dominus regnavit de Mondonville.
C’était quand il y avait la France.