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vendredi 16 décembre 2016

Alep : victoire de la coalition russe. Poutine doit maintenant agir à Palmyre.

Jean Bonnevey

Alep est tombé. Mossoul résiste toujours et Palmyre est à nouveau occupé par les islamistes.

La bataille d’Alep manifeste clairement qu’il n’y a, sur le terrain en Syrie, qu’une coalition crédible. C’est celle autour de la Russie avec le régime de Damas, les Iraniens et les milices chiites libanaises.

Assad est à nouveau le maître de la Syrie utile. Mais cette incontestable victoire russe ne s’est pas faite contre l’État islamique mais contre les rebelles dont certains pro occidentaux et d’autres islamistes.

L’État islamique, lui, en a profité pour reprendre Palmyre. La ville historique est à nouveau sous la menace de destructions des fanatiques. Poutine pour son image ne peut laisser faire. Pour le moment cependant il ne peut que se réjouir de la chute d’Alep. Cette victoire n’est pas seulement celle, incontestable, de Vladimir Poutine, elle est celle de la République islamique d’Iran, qui poursuit une politique d’implantation dans le monde arabe lourde de conséquences et de tensions à venir.

Bachar Al-Assad est l’autre grand vainqueur d’Alep. Nul n’imaginait, il y a un an et demi seulement, qu’il puisse reprendre l’initiative sur le terrain militaire. Nul n’imaginait même, cet été, alors que le siège du réduit insurgé débutait, que le sort d’Alep serait scellé en moins de six mois. Alep aura été l’un des tombeaux du droit international, de l’ONU, du minimum de décence et d’humanité.

«La Russie et l’Iran, venus au secours d’un régime syrien mal en point il y a un an, sont sur le point d’atteindre l’objectif qu’ils ont fait leur au début de l’année, contrôler les cinq plus grandes villes du pays, Damas, Homs, Hama, Lattaquié et Alep, ce que certains analystes baptisent la ‘Syrie utile». explique à L’Express le politologue Ziad Majed. Alep tombé, «Idleb restera la seule ville importante aux mains des rebelles», poursuit le chercheur, enseignant à l’Université américaine de Paris. «Le régime syrien ne sera plus inquiété politiquement et militairement. Il pourra continuer à bombarder régulièrement ces régions pour y rendre la vie impossible».

L’affaiblissement des rebelles a peut-être aussi été accéléré par l’intervention armée de la Turquie dans le nord de la Syrie pour stopper l’avancée des Kurdes du PYD, avance le journaliste spécialisé Wassim Nasr, sur France 24. «Ankara a fait appel à des combattants de l’armée syrienne libre qu’elle armait. Ils ont depuis fait défaut pour protéger Alep. Moscou et le régime syrien avaient d’ailleurs fermé les yeux sur cette intrusion» constate-t-il.
L’Arabie saoudite est, quant à elle, piégée dans la guerre coûteuse et dévastatrice qu’elle mène au Yémen. Enfin, les Nations unies et les puissances occidentales n’ont que mollement protesté au blocage de l’aide humanitaire à destination des zones assiégées et à leur pilonnage. Barack Obama donne depuis longtemps l’impression de se désintéresser de cette crise.

La présence de miliciens étrangers, qui plus est chiites, dans ce pays à majorité sunnite, est de plus en plus visible. Ils ne sont plus seulement là pour mener les offensives militaires. Ils gèrent tout, décident de tout. La presse syrienne elle-même l’a entériné en parlant de ‘l’armée et de ses alliés' ».

A l’inverse donc, l’abandon d’Alep par la communauté internationale constitue une aubaine pour les forces les plus extrémistes. L’EI et le Fatah al-Cham thésaurisent sur la non-action des Occidentaux. De quoi creuser plus encore le fossé confessionnel ouvert par le régime et alimenter le vivier des groupes djihadistes.


C’est pourquoi Moscou doit reprendre et vite Palmyre et combattre Daech autant que la rébellion maintenant vaincue.

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