Les Spetsnaz sont directement subordonnés au GRU, le SR militaire de la Fédération de Russie et disposent de 13.000 combattants. 25% seulement des effectifs des Spetsnaz, c’est-à-dire un régiment (45 parachutistes), sept groupes de troupes terrestres (les groupes 2, 3, 10, 14, 16, 22 et 24) et quatre groupes de la Marine (420, 431, 442 et 561), sont autorisés à mener des actions clandestines, au-delà de la Russie.
Pour agir dans un environnement hostile nécessitant de intelligence, force physique et mentale, la motivation, la capacité de travail en équipe et la prise de décision rapide, l’armée russe a sélectionné pour le contingent de la Syrie trois bataillons de Spetsnaz, autorisés à l’action clandestine qui connaissent parfaitement la langue arabe et les coutumes locales. Durant un an, un bataillon Spetsnaz s’est infiltré progressivement à Alep, dans les zones contrôlées par les rebelles islamistes. Le bataillon des Spetsnaz a été structuré en 30 équipes Alpha, formées de 10 soldats chacune dotées de matériel de communications ayant les dimensions d’une tablette qui permet la communication à voix basse et la transmission de vidéos et de données par satellite dans la bande X (de 7 à 11 2 GHz). Des terminaux similaires existent dans le système russe de collecte et de traitement de l’information C4I (commandement, contrôle, communications, informatique, renseignement & interopérabilité) que les Russes ont créé en Syrie. Les équipes de Spetsnaz disposent en plus d’appareils de vision nocturne, les exposants, de GPS, de balises, d’émetteurs de faisceaux laser et une multitude de capteurs avec lesquels ils surveillent, en continu, des individus ou des groupes de personnes.
Les activités de recherche par les informateurs (HUMINT) et par les moyens techniques (SIGINT IMINT, MASINT) de l’armée russe ont mené à la conclusion que des sponsors étrangers fournissent des informations (certaines obtenues par satellite ou des drones de reconnaissance) relatives aux faiblesses du dispositif de l’armée arabe syrienne et ses plans opérationnels, à destination de seulement 50 commandants de groupes islamistes à Alep. C’est également par l’intermédiaire de ces commandants que passent le paiement des soldes des mercenaires, la livraison d’armes, de munitions et les instructeurs militaires. C’est la raison pour laquelle les Russes ont décidé de leur élimination physique.
10% seulement des combattants islamistes d’Alep-Est sont Syriens, ce qui explique que la population d’Alep, non seulement refuse de collaborer avec eux, mais tentent de fournir, autant que possible, des informations à l’armée syrienne. Cette réalité sur le terrain a facilité l’infiltration des Spetsnaz et leur présence devenue légendaire dans les quartiers Est d’Alep, où ils ont créé des abris, des points d’observation, et effectué le recrutement de groupes de soutien parmi les civils. En quelques mois, chaque équipe a recueilli des informations sur l’emplacement des membres de la structure de direction, les habitudes et les faiblesses des dirigeants des groupes islamistes tenant les zones d’occupation. Sous prétexte de procurer de quoi manger, certains membres des équipes Alpha Spetsnaz se sont portés volontaires pour participer au creusement des abris et des tunnels destinés à stocker les armes et les munitions des djihâdistes. Disposant d’énormes quantités d’euros et de dollars, les membres des équipes Alpha Spetsnaz ont ensuite soudoyé des combattants islamistes de bas niveau pour obtenir des permis de libre passage et la possibilité de travailler dans des ateliers pour la réparation ou l’entretien de véhicules, de blindés ou de matériel de communication. Les terroristes ont déclaré qu’ils possédaient des camionnettes Toyota Tacoma modernes fabriqués à San Antonio (Texas), dont le moteur de 3,5 litres de 278 chevaux est assisté par un microprocesseur.
Au final, pour de l’argent, de nombreux rebelles sont devenus des informateurs pour les membres des équipes Alpha Spetsnaz. Dans chaque équipe Alpha, il y avait deux spécialistes de réparation et de gestion pour tous les matériels autos et blindés, et trois spécialistes de l’exploitation, la programmation et la réparation de matériels de communication (y compris le déploiement de dispositifs de repérage par satellite et qui permettent d’émettre). L’équipe comporte également trois tireurs d’élite qui sont chargés de guider les attaques de l’aviation par le biais de commandes vocales ou en plaçant des balises ou grâce à des faisceaux laser pointant sur l’objectif visé. Deux autres membres de l’équipe font partie du génie, spécialisés dans la fabrication de système de camouflage, d’explosifs artisanaux et dans le déminage. Tous les membres d’une équipe Alpha sont spécialisés dans l’utilisation de tous les types d’armes et sont formés à la manière d’apporter les premiers soins.
Ceci explique le fait que quelques jours avant le début de l’opération de libération de la zone Est d’Alep menée par l’armée syrienne, on a vu apparaître sur les comptes des réseaux sociaux de la soi-disant opposition syrienne des info sur la liquidation de plus de 10 commandants de hauts rang des groupes islamistes, tous abattus avec des fusils de sniper de gros calibre, par des tireurs d’élite Spetsnaz postés à une grande distance de leurs cibles.
Huit autres commandants rebelles ont été tués par l’aviation russe pendant qu’ils parlaient sur les téléphones cellulaires ou par satellite. Les téléphones avaient été « bidouillés » au préalable par les équipes Alpha des Spetsnaz de telle sorte que les missiles « intelligents » soient guidés par le signal qu’ils émettent. Douze autres commandants islamistes ont été éliminés par des frappes aériennes sur les voitures ou les blindés dans lesquels ils se déplaçaient dans Alep. Les équipes Alpha des Spetsnaz avaient monté sur ces véhicules des dispositifs miniatures de marquage localisables par satellite. Dans le même temps, des missiles de croisière ou des bombes lancées par l’aviation russe, se fiant aux coordonnées GPS reçues des équipes Alpha des Spetsnaz, pour pulvériser les bâtiments ou les bunkers d’Alep-Est au moment exact où s’y tenaient les réunions de commandement des leaders islamistes.
La veille de l’offensive de l’AAS, des avions russes ont effectué 24 raids et ont bombardé les abris et les tunnels souterrains, laissant les rebelles sans munitions. Les bombes de l’aviation russe ont été guidées par des balises de marquage mises en place par les équipes Alpha. Les activités de ces équipes ont continué pendant l’offensive de l’armée syrienne, transmettant par satellite des informations et des images sur les dispositifs de défense adoptés par les groupes islamistes à Alep, et localisant avec précision les zones de concentration, les moyens de feu. Cela a permis aux avions russes de neutraliser les blindés et l’artillerie des islamistes et syrienne. Ils ont permis à l’armée syrienne de découvrir des couloirs d’infiltration et de les utiliser pour contourner et envelopper leurs points d’appui, réussissant à fragmenter les dispositifs de défense et à détruire chacun d’eux.
Conclusions.
1- nous assistons à la transformation militaire des forces spéciales des grandes puissances mondiales, de simples combattants de type Rambo pour devenir des professionnels de haute technologie.
2- la Russie a démontré qu’elle disposait de forces spéciales, comme les États-Unis, et dont le professionnalisme peut changer le sort de la guerre.
3- les rebelles islamistes en Syrie peuvent être faciles à abattre quand ils sont isolés, sans possibilité de recevoir des renforts, de l’argent, des armes et des informations de leurs sponsors externes.
4- après cette première tentative réussie, les Russes peuvent infiltrer les équipes Alpha des Spetsnaz en territoire détenu par l’État islamique. Ce qu’ils n’avaient fait jusqu’à présent. Les actions des Spetsnaz ont influencé de manière décisive l’opération de libération menée par l’armée syrienne contre le groupe État islamique.
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