Philippe Delbauvre
Là où quelqu’un de jeune, qui n’a pas d’expérience donc, se forge un avis en quêtant les informations d’où qu’elles viennent, l’homme mûr, a fortiori la personne âgée, se remémore son passé, riche de souvenirs.
Qui a beaucoup d’expérience sait que le fait pour un candidat d’être donné pour favori longtemps avant l’échéance électorale est, le plus souvent, davantage un inconvénient qu’un avantage. Il finit donc par s’essouffler sur le long terme. De surcroît, dans la société zapping, marquée donc par l’immédiateté, l’omniprésence du candidat favori dans les médias finit par lasser le grand public, à moyen et à long terme, public toujours avide de nouveauté.
Voilà en partie le pourquoi de la dégringolade de Juppé. Encore une fois, c’était donc prévisible. Peu importe que ce soit Fillon ou un autre : l’importance était aux yeux du corps électoral qu’un nouvel homme que celui qui, en quelque sorte lui était imposé, advienne.
Mais il est aussi une autre raison quant à l’échec d’Alain Juppé. Il est d’ordre stratégique. Alain Juppé, on s’en souvient, a effectué une campagne de second tour de présidentielle, alors même qu’il postulait pour la primaire de la droite (beaucoup) et du centre (un peu).
Dans de telles conditions, pas surprenant que Juppé ait eu la cote chez tant de Français votant, alors même que la majorité d’entre eux n’ont pas voté.
L’électorat qui a voté lors de cette primaire attendait lui, un discours de droite (beaucoup) et du centre (un peu). C’est très exactement ce que François Fillon lui a offert.
D’où sa victoire.