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jeudi 15 décembre 2016

La Révolution française était-elle inéluctable ?


Le 19 novembre, la Pologne était solennellement consacrée au Christ Roi pour son 1 500e anniversaire. La veille se tenait un colloque pendant lequel est intervenu Bernard Antony. L'Homme Nouveau publie son discours. En voici le début :
"Monseigneur, messieurs les députés, chers militants et amis de l’héroïque Pologne catholique, mesdames, messieurs.

Lorsque mon ami de longue date, Marek Jurek, m’a demandé de prononcer devant votre nombreuse assemblée une allocution de vingt minutes j’ai été doublement inquiet. D’abord parce que je demeure dans l’infirmité de ne pouvoir m’adresser à vous dans votre langue ; ensuite parce que le sujet qu’il m’a fixé est passionnant mais nécessiterait au moins une longue conférence pour le traiter sur le fond.

Alors, je vous demanderai beaucoup d’indulgence, me fixant simplement le but de vous donner peut-être quelques perspectives de lectures et de répliques dans la vérité sur la réalité sinistre de la Révolution française et sur ce qu’elle a entrainé de réactions dans le domaine des idées et des courants politiques.

D’abord, une première interrogation : la Révolution française était-elle inéluctable ?

Si on raisonne selon le prétendu sens de l’histoire longtemps invoqué par les communistes, elle l’était comme constituant la grande étape préalable à la révolution socialiste puis à l’âge d’or communiste, celle de la révolution bourgeoise, si louangée par Marx et Engels, notamment dans le Manifeste du Parti communiste.

Or, on a vu durant un siècle d’abomination depuis octobre 1917 ce qu’a produit pour le monde la révolution communiste, heureusement renversée en Pologne par votre grand peuple à partir des combats victorieux des ouvriers dans les chantiers navals de Gdansk portant, ô ironie de l’histoire, le nom du monstre Lénine.

Pourtant le phénomène appelé Révolution Française n’était nullement nécessaire et pas forcément inéluctable. Le royaume de France en 1789 n’en avait pas moins besoin d’un vaste mouvement de réforme, de renouveau et de justice sociale, ce qu’ont analysé et affirmé tous les grands penseurs et acteurs de la Contre-Révolution.

Charles Maurras rappela ainsi maintes fois que « la tradition est critique ». Et ce que l’on désigne en France sous le terme d’« Ancien régime », ce qui recouvre en fait plusieurs régimes bien différents, était au XVIIIe  siècle  et même avant, profondément miné, non pas seulement par de mauvais choix politiques de nos rois comme il peut toujours en être, mais par un décalage de plus en plus grand et souvent scandaleux et révoltant entre les principes chrétiens affirmés et les pratiques de trop de princes de l’Église et du Royaume.

Que de confusion notamment entre ce qui doit être rendu à César et ce qui doit être rendu à Dieu dans l’attribution des titres et des revenus ecclésiastiques à trop de personnages aux idées et à la vie fort peu conformes à l’idéal évangélique.

Les idées corrosives de la Révolution s’engouffrèrent dans cette gangrène sociale, avec les penseurs dits des Lumières, déistes royalistes mais ennemis acharnés de l’Église catholique comme Voltaire. Et citons surtout le plus grand de tous dans la nocivité, Jean-Jacques Rousseau, l’idéologue du Contrat Social, dont la pensée a été l’inspiratrice majeure du jacobinisme et de tous les totalitarismes, socialistes et communistes, Jeune-Turc et Nazi. [Lire la suite]

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