.

.

lundi 19 décembre 2016

Alep, Une Bataille dans la guerre : Le Tournant & La Lutte finale [2]



Nous l’avons déjà dit : sans une aide extérieure, une insurrection ne peut l’emporter ni même durer. La Guerre de Syrie n’a pas échappé à cette règle. Symbole de cette vérité première : la Bataille d’Alep – 2ème Partie.
Le Tournant.

L’année 2016 marque un changement : désormais l’Al-Jayš al-’Arabī as-Sūrī (AAS)1 est soutenue par l’aviation russe, elle a été réorganisée et a reçu le renfort du Hezbollah, du Harakat Hezbollah al-Nujab (chî’îtes irakiens), des Palestiniens de la Liwāʾ al-Quds .

Au début du mois de février 2016, les forces gouvernementales attaquent au nord d’Alep, leur avance leur permet de secourir les villages chî’îtes de Nobl et Zahraa, encerclés depuis juillet 2012 et de couper la principale voie de liaison des djihâdistes avec la Turquie, coupure d’autant plus importante que les Kurdes sont aussi passés à l’attaque depuis l’ouest. Le 15 février 2016, la centrale électrique d’Alep, tenue par Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)2 depuis 2014 est reprise par l’AAS.
Mettant à  profit la trêve signée le 27 février 2016, les djihâdistes attaquent le quartier kurde de Cheikh Maksoud tuant plus de 80 civils et en blessant 700 autres.

En mai et juin 2016, les djihâdistes lancent de nouvelles attaques au sud d’Alep qui leur permettent de prendre la localité stratégique de Khan Touman.

Mais le 25 juin 2016 l’AAS lance une offensive au nord ouest d’Alep avec pour objectif la route dite « du Castello », dernière voie d’approvisionnement des djihâdistes d’Alep-Est. Les combats pour les fermes Al-Mallah qui permettaient de contrôler la route ont été particulièrement violents, lors de leurs contre-attaques, les djihâdistes ont violemment bombardé Alep-Ouest tuant des dizaines de civils et faisant plusieurs centaines de blessés.

Le 17 juillet 2016, l’AAS atteint la route et poursuivant son avance s’empare le 27 de tout le quartier industriel de Layramoun au nord-ouest de la ville puis dans la foulée du quartier de Beni Zaid.
Pour les djihâdistes il est vital de rouvrir la liaison avec Alep-Est et le 31 juillet 2016 ils passent à l’attaque au sud-ouest d’Alep dans le secteur de Ramousseh, précédés par des BMP-1 transformés en bombes roulantes, soutenus par de l’artillerie et des blindés ils parviennent à rompre les lignes de l’AAS, à s’emparer de l’académie d’artillerie, de l’académie militaire et à établir une jonction avec les djihâdistes encerclés dans Alep-Est le 6 août 2016.

De très violents combats se sont alors engagés dans la zone des écoles militaires et pour le complexe d’appartements 1070. Mais au début du mois de septembre les forces gouvernementales parviennent à reprendre la zone des écoles militaires et la plus grande partie du quartier de Ramousseh.

Au nord, le camp palestinien de Handarat est pris le 29 septembre 2016 par la Liwāʾ al-Quds puis la zone industrielle d’al-Suqayit, le lendemain l’AAS reprend l’ancien hôpital d’al-Kindi et le quartier d’Owalja juste au sud.

Le 28 octobre 2016, ayant regroupé leurs forces, les djihâdistes tentent une nouvelle fois de briser le siège d’Alep-Est : une pluie de roquettes et d’obus s’abat sur Alep-Ouest, causant la mort de dizaines de civils, précédés par 4 véhicules piégés les djihâdistes s’emparent du quartier de Dahyat al-Asad puis s’attaquent à celui d’Hamadaniyah provoquant la fuite de centaines de civils mais le 30 octobre leur progression est freinée et, dés le 5 novembre 2016, l’AAS a repris le terrain perdu et, profitant des lourdes pertes subies par les djihâdistes, s’empare du complexe d’appartements 1070 et de l’école al-Aqrab deux zones sur lesquelles elle butait depuis des semaines.


La Lutte finale.


Le 20 novembre 2016, l’AAS et la Liwāʾ al-Quds  attaquent le quartier d’Hanano au nord-est de la ville et réalisent une profonde percée dans les lignes djihâdistes : c’est la panique dans les media occidentaux qui ne cessent de multiplier les articles sur la destruction du dernier hôpital d’Alep-Est, sur la pluie de feu qui frappe cette partie de la ville, ils font flèche de tout bois : mort du dernier clown d’Alep3, tweets d’une petite fille de 7 ans4, l’homme qui s’occupe des chats5.

De fait, les défenses djihâdistes s’effondrent : Hanano est totalement sous contrôle dès le 26, le lendemain Jabal Badra, Bab al-Haid et Baadiné sont libérés. Le 28, en quelques heures, c’est le tour de Sakhour, Haydanyé, Cheikh Khodr, Boustan al-Bacha.
Durant ces journées, plus de 50.000 civils parviennent à se réfugier dans les lignes de l’AAS où ils sont secourus par le Croissant rouge et des équipes médicales russes, le 5 décembre 2016, un hôpital mobile russe a été touché par un bombardement takfirî et deux médecins tués. Quant aux hôpitaux d’Alep-Est, la prise de l’hôpital national au centre d’Alep, le 4 décembre 2016, a montré qu’il était utilisé comme QG, dépôt d’armes et prison par les djihâdistes6.
Le 5 décembre 2016, plus de 60% d’Alep-Est a été libéré. Le 6 décembre, l’AAS poursuit son avance, s’emparant de Qadi Askar et parvenant en soirée à la citadelle d’Alep,  désormais elle tient plus des trois quarts d’Alep-Est. Malgré cela, les media occidentaux continuent à nous servir la fable des 250.000 civils encerclés dans Alep-Est. Le 7 au soir, ce sont plus de 80% de cette partie de la ville qui sont libérés. Les djihâdistes aux abois demandent une trêve, leurs sponsors occidentaux s’empressent de déposer un projet de résolution à l’ONU dans lequel ils dénoncent pêle-mêle le « régime » syrien, la Russie, l’Iran.

La propagande médiatique se déchaîne bien évoquant la pluie de feu qui s’abat sur Alep-Est avec toutefois des bizarreries. L’OSDH, officine manipulée par les SR occidentaux, affirme que depuis le 15 novembre 384 civils dont 45 enfants ont été tués à Alep-Est et 105 civils dont 34 enfants ont péri à Alep-Ouest, comment ! les gentils « rebelles modérés » tuent des civils et des enfants, on ne comprend plus. Mais lorsque l’on regarde des images de la télévision russe, on comprend mieux ce qu’a dû subir la population d’Alep-Ouest durant ces années7.

Le 9 décembre, plus de 90% d’Alep-Est  avait été libéré, plus de 10.000 civils supplémentaires avaient rejoint les zones libres, plus de 1.100 djihâdistes s’étaient rendus et 953 avaient été amnistiés. Le 10 ce sont 20.000 civils qui ont pu fuir les derniers quartiers tenus par les djihâdistes. Au 12 décembre 2016, 130.000 civils avaient pu fuir la zone de combat.

Et pendant ce temps, les crypto-islamistes français tentaient un ultime effort pour sauver les takfirî en déroute : les « écologistes » Cécile Duflot, Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris, Marine Tondelier élue d’Hénin Beaumont, le socialiste Patrick Mennucci et le juppéiste Hervé Mariton ont accompagné à la frontière syrienne le prétendu président du conseil d’Alep-Est Brit Haji Hassan et le même jour, François Hollande recevait à l’Élysée Riyad Hijab coordinateur de la Coalition nationale syrienne (CNS) dominée par le… Jamiat al-Ikhwan al-Muslimin8, .
Dans les media occcidentaux, la palme de l’abjection revient sans conteste au quotidien Le Monde qui après avoir été crypto-communiste dans les années 1970 et avoir soutenu les Khmers rouges, niant les informations sur les déportations en écrivant : « Nombre de réfugiés cambodgiens ont fait et font encore des récits de ce genre. Quel crédit faut-il leur accorder ? »9.
Ce même journal devenu crypto-islamiste se distingue avec son éditorial du 13 décembre 2016 intitulé L’ordre ignominieux d’Alep, ajoutant « L’ordre poutino-assadien règne à Alep » poursuivant « Alep aura été l’un des tombeaux du droit international »10, que ce journal confond avec le droit islamiste, la Charia !

Plus loin on est dans l’équilibrisme : « La grande majorité des habitants d’Alep-Est ont vécu (et péri) sous les bombes, dans les privations et à la merci des exactions de la rébellion, plutôt que de subir la torture et la dictature du régime Assad. C’est dire ce qui attend les survivants et l’ampleur du rejet du régime syrien dans une bonne partie de la population »11.

Le quotidien est bien obligé de reconnaître que la « rébellion » a commis des exactions, mais les gens préféraient mourir de faim ou sous les bombes que de vivre sous la direction du gouvernement syrien !

Les Français qui de l’été 1944 au printemps 1945 ont vécu dans les poches de l’Atlantique, subissant privations et bombardements préféraient sans doute le régime hitlérien à la France libérée ? Non, ils préféraient simplement continuer à vivre chez eux tout comme les habitants d’Alep-Est.
 
Le Figaro, lui, se contente de donner la parole à Yasser al-Youssef du bureau politique du Harakat Nour al-Din, oubliant que c’est ce même groupe qui l’été dernier avait égorgé et décapité un enfant palestinien de 12 ans12 !

Alep est donc libre, mais l’aide humanitaire internationale que l’on voulait y envoyer lorsque sa partie est se trouvait sous la coupe des djihâdistes va-t-elle y parvenir ? On ne peut que l’espérer ou alors l’humanitarisme serait-il à sens unique ?

Notes

1 Armée arabe syrienne. 2 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant. 3 Le Figaro . 4 France & TV Info . 5 Huffington Post . 6 You Tube.be. 7 You Tube.be. 8 Ou Association de la Confrérie des musulmans, autrement dit les Frères musulmans (FM). 9 Le Monde (24 janvier 1976). 10 Le Monde (13 décembre 2016). 11 Le Monde (13 décembre 2016). 12 You Tube.be .

Alep, Une Bataille dans la guerre : La course pour la ville & L’enlisement [1]

Source