En interne comme chez les sympathisants, on attend une ligne plus claire
Lundi matin ordinaire à
Sainte-Marthe. À quelques encablures de la mairie de secteur gérée par
Stéphane Ravier, dans les quartiers Nord de Marseille, les électeurs du
Front national ne se privent pas d'exhaler leur trouble. "Ce n'est pas que je doute, je voterai pour eux, prévient Patrice Conoglio, un ouvrier du bâtiment. C'est vrai qu'on se demande où va le Front." "Une rose bleue, où est-ce que t'as vu ça ?" coupe Luis, son pote de chantier, en roulant une cigarette. "Il n'y a plus le FN sur les affiches, reprend Patrice. Ils se chicanent entre eux. Elle fait quoi, là, Marine ?" Plus bas, près de la gare, Maryse file faire des courses. "Elle a raison la petite", attaque
d'emblée la retraitée en évoquant Marion Maréchal-Le Pen et la prise de
bec qui l'a opposée à sa tante et la direction du parti sur l'IVG. "Elle défend ce que doit être le Front national. Ce n'est pas à l'autre qui murmure à l'oreille de Marine - comprenez Florian Philippot - de lui dicter sa loi." Dans ce village au milieu des cités, il suffit d'engager la conversation. Le sujet est brûlant.
"Ce serait bien qu'ils la mettent en sourdine s'ils veulent gagner, les embrouilles ce n'est jamais bon. À chaque fois qu'il y en a eu, le Front... pfuitt", remarque René Ascotto, retraité lui aussi, en mimant un plongeon de la main. "Marion a raison de montrer qui elle est, que ce n'est pas aux Parisiens de décider de tout, mais elle n'est pas folle, elle saura s'arrêter", ajoute Antoine, son neveu. En filigrane, l'envie de passer à autre chose, de revenir à des messages plus clairs de la part d'une candidate, Marine Le Pen s'émancipant trop du parti - du père- pour beaucoup.
À cinq mois d'une échéance présidentielle où le parti d'extrême-droite sent plus que jamais le parfum du second tour, il ne s'agit pas de déraper. "Ce serait dommage et même criminel, tranche Stéphane Ravier. On doit être solidaire de la ligne de Marine, sans exception. Moi aussi, je peux penser ce que je veux, mais je suis discipliné. Il ne faut pas faire le jeu de nos adversaires", poursuit le sénateur en dissimulant mal ses interrogations. "C'est vrai qu'il y a beaucoup plus d'ouverture qu'avant, que les gens peuvent se poser des questions", enchaîne le conseiller régional Frédéric Boccaletti, patron de la fédération du Var. "Mais les fondamentaux sont toujours là. On doit faire preuve de pédagogie, expliquer qu'une présidentielle va au-delà d'un parti. C'est la rencontre d'une personne et d'un peuple." Lui préfère "ne pas commenter l'épisode des chicayas". Mais sans vouloir qu'on le nomme, un autre élu de la région se dit "agacé par ce qui s'est passé. Il y a eu des propos blessants chez Philippot. Les militants attendent autre chose de nous." Le programme ne sera dévoilé qu'en février. D'ici là, les frontistes devront serrer les rangs. Et les dents.
"Ce serait bien qu'ils la mettent en sourdine s'ils veulent gagner, les embrouilles ce n'est jamais bon. À chaque fois qu'il y en a eu, le Front... pfuitt", remarque René Ascotto, retraité lui aussi, en mimant un plongeon de la main. "Marion a raison de montrer qui elle est, que ce n'est pas aux Parisiens de décider de tout, mais elle n'est pas folle, elle saura s'arrêter", ajoute Antoine, son neveu. En filigrane, l'envie de passer à autre chose, de revenir à des messages plus clairs de la part d'une candidate, Marine Le Pen s'émancipant trop du parti - du père- pour beaucoup.
"Il ne faut pas faire le jeu de nos adversaires"
Pointé du doigt pour les fissures constatées dans les équipes municipales à Marseille, Cogolin ou en Gironde, le Front national peine à imposer son nouveau mantra d'"une France apaisée". Les divergences entre la ligne Philippot et celle de l'électorat sudiste symbolisé par Marion Maréchal-Le Pen ont rarement été aussi fortes. Et si un cadre du parti estime que "les militants s'inquiètent parce qu'ils voient papa et maman crier", il reste persuadé qu'il "n'y aura pas de divorce. Marion Maréchal ne veut pas qu'on lui marche sur les pieds, c'est tout".
À cinq mois d'une échéance présidentielle où le parti d'extrême-droite sent plus que jamais le parfum du second tour, il ne s'agit pas de déraper. "Ce serait dommage et même criminel, tranche Stéphane Ravier. On doit être solidaire de la ligne de Marine, sans exception. Moi aussi, je peux penser ce que je veux, mais je suis discipliné. Il ne faut pas faire le jeu de nos adversaires", poursuit le sénateur en dissimulant mal ses interrogations. "C'est vrai qu'il y a beaucoup plus d'ouverture qu'avant, que les gens peuvent se poser des questions", enchaîne le conseiller régional Frédéric Boccaletti, patron de la fédération du Var. "Mais les fondamentaux sont toujours là. On doit faire preuve de pédagogie, expliquer qu'une présidentielle va au-delà d'un parti. C'est la rencontre d'une personne et d'un peuple." Lui préfère "ne pas commenter l'épisode des chicayas". Mais sans vouloir qu'on le nomme, un autre élu de la région se dit "agacé par ce qui s'est passé. Il y a eu des propos blessants chez Philippot. Les militants attendent autre chose de nous." Le programme ne sera dévoilé qu'en février. D'ici là, les frontistes devront serrer les rangs. Et les dents.
François Tonneau