Interview à Russia Today, 14 décembre 2016
Transcription :
RT : Monsieur le Président, merci beaucoup d’avoir accepté de nous recevoir.
Bachar al-Assad : Vous êtes les bienvenus à Damas.
RT : Nous commençons avec Alep,
bien sûr. Alep connaît actuellement ce qui est peut-être les combats les
plus féroces depuis que la guerre a commencé il y a près de six ans ici
en Syrie. Mais les politiciens et les médias occidentaux portent un
regard très négatif au sujet de l’avance de votre armée. Pourquoi cela
se produit-il selon vous ? La considèrent-ils comme leur propre
défaite ?
Bachar al-Assad : En fait, après
qu’ils aient échoué à Damas, parce que le récit des 3 premières années
était « la libération de Damas des mains de l’Etat ». Quand ils ont
échoué, ils sont allés à Homs, puis (ils ont échoué à Homs et) ils se
sont concentrés sur Alep durant les 3 dernières années. Et pour eux,
c’était la dernière carte majeure à jouer sur le champ de bataille
syrien.
Bien sûr, ils ont toujours des terroristes dans différentes
régions de la Syrie, mais ce n’est pas comme Alep qui est la deuxième
plus grande ville (du pays), qui a une dimension politique, militaire,
économique, et même morale (toute particulière) lorsque leurs
terroristes sont vaincus.
Donc pour eux, la défaite des terroristes est la défaite de
leurs forces par procuration, pour dire les choses clairement. Ce sont
leurs forces par procuration, et pour eux, la défaite de ces terroristes
est la défaite de tous les pays qui les ont supervisés, que ce soit des
pays régionaux ou des pays occidentaux comme les États-Unis en premier
lieu, la France et le Royaume-Uni.
RT : Vous pensez donc qu’ils considèrent cela comme leur propre défaite, n’est-ce pas ?
Bachar al-Assad : Exactement,
c’est ce que je veux dire. La défaite des terroristes est leur propre
défaite parce qu’ils constituent leur véritable armée sur le terrain.
Ces pays ne sont pas directement intervenus en Syrie : ils sont
intervenus à travers ces forces par procuration. Voilà comment nous
devons considérer les choses si nous voulons être réalistes,
indépendamment de leurs déclarations, bien sûr.
RT : Palmyre est maintenant une
autre zone de troubles, et elle a été prise par Daech. Mais nous
n’entendons pas beaucoup de condamnations à ce sujet. Est-ce pour la
même raison ?
Bachar al-Assad : Exactement,
car si Palmyre avait été prise par le gouvernement, ils auraient exprimé
des craintes à propos du patrimoine historique. Lorsqu’on libère Alep
des terroristes, les responsables occidentaux et les médias dominants
expriment des craintes au sujet des civils. Mais ils ne s’inquiètent pas
lorsque c’est l’inverse qui se produit, lorsque les terroristes tuent
ces civils ou attaquent Palmyre et commencent à détruire le patrimoine
de l’humanité - et pas seulement de la Syrie.
Exactement, vous avez raison. Car si vous considérez le moment
choisi pour l’attaque contre Palmyre, vous voyez bien qu’il est lié à ce
qui se passe à Alep. C’est une réponse à ce qui se passe à Alep, à
l’avance de l’Armée Arabe Syrienne, et ils ont voulu saper la victoire à
Alep et en même temps distraire l’armée syrienne d’Alep pour l’attirer
vers Palmyre et stopper sa progression. Mais bien sûr, cela n’a pas
marché.
RT : Il y a également des
informations selon lesquelles le siège de Palmyre ne serait pas
seulement lié à la bataille d’Alep, mais également à ce qui se passait
en Irak. La coalition menée par les Etats-Unis, qui comporte près de 70
pays, aurait permis aux combattants de Daech à Mossul de partir, ce qui
aurait renforcé Daech ici en Syrie. Pensez-vous que cela puisse être le
cas ?
Bachar al-Assad : C’est
possible, mais ce serait seulement pour laver les mains des hommes
politiques américains (et les libérer) de leur responsabilité dans cette
attaque. Ils prétendent que l’armée irakienne a attaqué Mossul et que
Daech a quitté Mossul pour la Syrie, voilà tout, mais ce n’est pas
l’explication.
Pourquoi ? Car les terroristes ont attaqué Palmyre avec une
puissance de feu et des effectifs d’une nature et d’une ampleur sans
précédent, que Daech n’a jamais eus auparavant dans cette guerre. Ils
ont attaqué sur un front très large, des dizaines de kilomètres, ce qui
peut correspondre à plusieurs armées. Daech n’a pu réaliser cela qu’avec
le soutien de différents Etats, pas seulement d’un seul Etat mais de
plusieurs. Ils sont arrivés avec des mitrailleuses, des canons et de
l’artillerie différents. Ils n’ont pu progresser dans ce désert que sous
la supervision de l’alliance américaine qui est censée les attaquer à
Raqqa, Mossul et Deir-Ezzor. Mais cela n’a pas eu lieu, ils ont fermé
les yeux sur les actions de Daech ou même, et c’est ce que je crois, ils
les ont eux-mêmes poussés vers Palmyre.
Il ne s’agit pas de Mossul, nous ne devons pas tomber dans ce
piège. Il s’agit de Raqqa et Deir-Ezzor, tout près, seulement à quelques
centaines de kilomètres, Ils ont pu venir sous la supervision des
satellites et des drones américains, et avec le soutien américain.
RT : Quel est l’état des forces de Daech aujourd’hui ?
Bachar al-Assad : Leur force est
à la hauteur du soutien qu’ils obtiennent de l’Occident et des
puissances régionales. En réalité, si on les considère de manière
isolée, ils ne sont pas forts, car ils n’ont pas d’incubateur social
naturel. Sans cela, les terroristes ne peuvent pas avoir assez de force.
Le véritable soutien qu’ils ont (l’argent, les investissements
pétroliers, le soutien des forces aériennes de l’alliance américaine...)
est la (seule) cause de leur force, et c’est pourquoi (je vous dis) que
leur force est à la hauteur de celle de leur soutiens ou superviseurs.
RT : A Alep, nous avons entendu
que vous aviez permis à certains de ces terroristes de quitter librement
le champ de bataille. Pourquoi faire cela ? Il est clair qu’ils peuvent
revenir à Idlib, par exemple, se procurer des armes et se préparer à
d’autres attaques, puis peut-être retourner attaquer ceux qui libèrent
Alep.
Bachar al-Assad : Exactement,
c’est vrai, et cela se produit depuis plusieurs années. Mais il faut
toujours considérer les avantages et les inconvénients, et quand les
gains sont supérieurs aux pertes, il faut y aller. Dans ce cas, notre
priorité est de préserver la zone de la destruction causée par la
guerre, protéger les civils qui y vivent, laisser la possibilité à ces
civils de quitter cette zone par des couloirs humanitaires pour
rejoindre celles contrôlées par le gouvernement et donner la chance à
ces terroristes de changer d’avis, de rejoindre le gouvernement, de
retourner à leur vie normale et d’être amnistiés.
S’ils ne le font pas, ils peuvent partir avec leurs armes, avec
les inconvénients que cela implique, mais ce n’est pas notre priorité,
car si vous les combattez dans n’importe quel autre secteur en dehors
des villes, vous aurez moins de destructions et moins de victimes parmi
les civils, voilà la raison.
RT : J’ai l’impression que vous
les appelez terroristes, mais qu’en même temps, vous les traitez comme
des êtres humains, vous leur dites : « Vous avez une chance de retourner
à la vie normale. »
Bachar al-Assad : Exactement. Ce
sont des terroristes parce qu’ils portent des mitrailleuses, ils tuent,
ils détruisent, ils commettent des actes de vandalisme, et ainsi de
suite. C’est naturel – partout dans le monde on qualifie ces actes de
terrorisme.
Mais en même temps, ce sont des êtres humains qui ont commis
des actes de terrorisme. Ils pourraient être d’autres personnes. Ils ont
rejoint les terroristes pour différentes raisons, que ce soit par
crainte, pour l’argent, parfois pour des raisons idéologiques. Donc, si
vous pouvez les faire retourner à leur vie normale, pour qu’ils
redeviennent des citoyens normaux, c’est notre travail en tant que
gouvernement.
Il ne suffit pas de dire : « Nous allons combattre les
terroristes ». La lutte contre les terroristes c’est comme un jeu vidéo.
Vous pouvez détruire votre ennemi, mais le jeu va générer et régénérer
des milliers d’autres ennemis, donc vous ne pouvez pas le traiter à la
manière américaine : simplement tuer, encore tuer ! Ce n’est pas notre
objectif ; c’est notre dernière option. Si vous pouvez changer les
choses, c’est une bonne option.
Et cela a fonctionné. Cela a été un succès car un grand nombre
de ces terroristes, quand ils changent de perspective, certains
reviennent à une vie normale et certains rejoignent l’armée syrienne,
ils combattent avec l’armée syrienne contre les autres terroristes.
C’est un succès, de notre point de vue.
RT : Monsieur le Président, vous
venez de dire qu’on gagne et qu’on perd. Considérez-vous en avoir fait
suffisamment pour minimiser les pertes civiles durant ce conflit ?
Bachar al-Assad : Nous faisons
de notre mieux. Ce qui est suffisant, c’est subjectif, chacun peut le
voir à sa façon. Au bout du compte, ce qui est assez, c’est ce que vous
êtes capables de faire. Ma capacité en tant que personne, la capacité du
gouvernement, la capacité de la Syrie en tant que petit pays qui fait
face à une guerre soutenue par des dizaines de pays, des centaines de
chaînes médiatiques dominantes et d’autres moyens qui oeuvrent contre
vous.
Donc, cela dépend de la définition de « suffisamment », c’est,
comme je l’ai dit, très subjectif, mais je suis certain que nous faisons
de notre mieux. Au final, rien n’est suffisant, et les actions humaines
sont toujours pleines de choses bonnes et justes et imparfaites ou
erronées, disons, c’est quelque chose de naturel.
RT : Les pays occidentaux ont
demandé à maintes reprises à la Russie et à l’Iran de faire pression sur
vous pour mettre fin aux violences, comme ils disent. Tout récemment,
six pays occidentaux, dans un message sans précédent, ont à nouveau
demandé à la Russie et à l’Iran de faire pression sur vous, exigeant un
cessez-le-feu à Alep.
Bachar al-Assad : Oui.
RT : Allez-vous le faire ? Ils demandent un cessez-le-feu au moment même où votre armée progresse.
Bachar al-Assad : C’est
exactement ça. Il est toujours important en politique de lire entre les
lignes, de ne pas s’arrêter à la lettre. Ce qu’ils demandent importe
peu. La traduction de leur déclaration c’est : « Vous les Russes, s’il
vous plaît, stoppez l’avance de l’armée syrienne contre les
terroristes. » C’est le sens de leur déclaration, oubliez le reste :
« Vous êtes allés trop loin dans votre victoire contre les terroristes,
cela ne devait pas se produire. Vous devriez dire aux Syriens de mettre
fin à cela. Nous devons préserver les terroristes et les sauver. » Voici
en bref (le sens de leur appel).
Deuxièmement, la Russie n’a jamais – ni ces jours-ci, ni
pendant la guerre, ni avant la guerre, ni à l’époque de l’Union
Soviétique – la Russie n’a jamais essayé d’interférer dans nos prises de
décision. Jusqu’à présent, chaque fois que la Russie avait des opinions
ou des conseils, peu importe comment on les considère, ils finissaient
toujours par dire : « C’est votre pays, vous savez quelle est la
meilleure décision à prendre. C’est comme ça que nous voyons les choses,
mais si vous les voyez de façon différente, vous savez mieux que nous,
c’est vous les Syriens. » Ils sont réalistes, ils respectent notre
souveraineté et défendent toujours la souveraineté qui repose sur le
droit international et la Charte des Nations unies. Il ne leur est donc
jamais arrivé de faire pression, et ils ne le feront jamais. Ce n’est
pas leur façon de faire.
RT : Dans quel été se trouve actuellement l’armée syrienne ?
Bachar al-Assad : Il faut
l’évaluer par rapport à deux choses : tout d’abord à la guerre elle-même
et ensuite à la taille de la Syrie. La Syrie n’est pas un grand pays,
donc elle ne peut pas avoir une grande armée en termes quantitatifs. Le
soutien de nos alliés a été très important, en particulier de la Russie
et de l’Iran. Après six ans, ou presque six ans, de guerre, ce qui est
plus long que la Première et la Seconde Guerres mondiales, il est sûr et
évident que l’armée syrienne ne peut pas être aussi large qu’elle
l’était auparavant.
Mais ce que nous avons c’est la détermination à défendre notre
pays. C’est la chose la plus importante. Notre armée a perdu tant de
vies, nous avons tant de martyrs, tant de soldats handicapés. Nous avons
subi des pertes énormes en matériel. Du point de vue des chiffres, nous
avons perdu beaucoup, mais nous avons toujours cette détermination. Et
je peux vous dire que cette détermination est beaucoup plus forte
qu’avant la guerre. Mais bien sûr, nous ne pouvons pas ignorer le
soutien de la Russie, celui de l’Iran, qui rendent notre détermination
plus efficace et concrète.
RT : Le Président Obama a tout récemment suspendu l’interdiction d’armer certains rebelles syriens.
Bachar al-Assad : Oui.
RT : Comment cela pourrait-il, à
votre avis, se traduire sur le terrain ? Cela est-il susceptible de
renforcer directement ou indirectement les terroristes ?
Bachar al-Assad : Nous ne sommes
pas sûrs qu’il a levé cet embargo au moment où il l’a annoncé. Il a pu
l’avoir levé plus tôt, mais il l’a annoncé plus tard en vue de lui
donner, disons, une légitimité politique. C’est la première chose.
Le deuxième point est très important : la date de l’annonce et
l’attaque contre Palmyre coïncident. Il existe un lien direct entre ces
deux événements, et la question est donc : à qui ces armements sont-ils
envoyés ? Dans quelles mains vont-ils se retrouver ? Dans les mains de
Daesh et du Front al-Nosra qui se coordonnent entre eux.
L’annonce de la levée de l’embargo est donc directement liée à
l’attaque contre Palmyre et au soutien d’autres terroristes à
l’extérieur d’Alep, parce que lorsqu’ils subissent une défaite à Alep,
les Etats-Unis et l’Occident ont besoin de soutenir leurs forces par
procuration ailleurs, parce qu’ils n’ont aucun intérêt à résoudre le
conflit en Syrie.
Ainsi, le but crucial de cette annonce est de créer plus de
chaos, car les Etats-Unis créent le chaos afin de le gérer, et
lorsqu’ils le gèrent, ils souhaitent utiliser les différents facteurs de
ce chaos pour exploiter les différentes parties du conflit, qu’elles
soient internes ou externes.
RT : Monsieur le Président, comment vous sentez-vous
en tant que petit pays au milieu de cette trombe d’autres pays qui
n'ont aucun intérêt à mettre fin à cette guerre ?
Bachar al-Assad : Exactement. C'est quelque chose que nous avons toujours ressenti, avant même cette guerre, mais aujourd'hui on le ressent encore plus, bien sûr, parce que les petits pays se sentent plus en sécurité lorsqu’il y a un équilibre international. Nous avons ressenti ce que vous évoquez après l’effondrement de l’URSS, quand il n'y avait plus que l’hégémonie américaine, et les Etats-Unis souhaitaient en faire à leur guise et dicter leur politique à tout le monde. Ce sont les petits pays qui souffrent le plus.
Nous le sentons donc aujourd'hui, mais en même temps, il y a plus d'équilibre aujourd'hui avec le rôle de la Russie. C'est pourquoi nous considérons que plus la Russie est forte – et je ne parle pas seulement de la Syrie, mais de tout petit pays dans le monde –, plus la Russie est forte, plus la Chine émerge, plus nous nous sentons en sécurité.
La situation dans laquelle nous vivons est très douloureuse, à tous les niveaux : au niveau humanitaire, des sentiments, des pertes, à tous les niveaux. Mais en fin de compte, la question n'est pas de perdre ou de gagner ; il s’agit de gagner ou de perdre votre pays. C’est une menace existentielle pour la Syrie. Ce n'est pas un gouvernement qui va perdre face à un autre gouvernement, ou une armée face à une autre armée ; soit le pays va gagner, soit il va disparaître. Voilà comment nous considérons les choses. C'est pourquoi vous n’avez pas le temps de ressentir la douleur ; vous n'avez de temps que pour lutter, vous défendre et faire quelque chose sur le terrain.
RT : Parlons du rôle des médias dans ce conflit.
Bachar al-Assad : Très bien.
RT : Tous les belligérants de cette guerre ont été accusés d'avoir causé des victimes civiles, mais les médias occidentaux ont gardé un silence presque total au sujet des atrocités commises par les rebelles. Quel rôle les médias jouent-ils dans ce conflit ?
Bachar al-Assad : En premier lieu, les médias dominants ainsi que leurs confrères parmi les hommes politiques souffrent depuis quelques décennies d'une corruption morale. Ils n’ont aucune morale. Quelle que soit la chose dont ils parlent, qu'ils évoquent ou qu’ils utilisent comme masque (les droits de l’homme, les civils, les enfants...), ils ne recourent à tout cela que pour leur agenda politique, afin de toucher leur opinion publique et de la pousser à les soutenir dans leur intervention dans cette région, qu'il s'agisse d'une intervention militaire ou politique. Ils n'ont donc aucune crédibilité à cet égard.
Il suffit de regarder ce qui se passe aux Etats-Unis, où une véritable rébellion a lieu contre les médias dominants, parce qu'ils ont menti et continuent à mentir à leur public. Nous pouvons dire que l’opinion publique ou les populations en Occident ignorent ce qui se passe vraiment dans notre région, mais ils savent au moins que les médias dominants et leurs hommes politiques leur ont menti pour servir leurs propres intérêts et leur agenda.
C'est pourquoi je ne pense pas que les médias dominants puissent encore faire croire à leurs histoires, et c'est pourquoi ils luttent pour leur survie en Occident, bien qu'ils aient une très grande expérience et des soutiens, de l'argent et des ressources considérables. Mais il leur manque néanmoins quelque chose d'essentiel pour survivre : la crédibilité. Ils n'en ont pas, ils l'ont perdue. Ils ne sont pas transparents, et c'est pourquoi ils ne sont donc plus crédibles.
C'est pourquoi ils font preuve de tant de lâcheté aujourd'hui, ils ont peur de votre chaîne [Russia Today], de toute déclaration qui pourrait révéler la vérité, parce que cela démystifierait leurs manipulations. Voilà pourquoi.
RT : Par exemple, l'agence de presse Reuters a cité Amaq, l’organe de propagande de Daesh, à propos du siège de Palmyre.
Bachar al-Assad : Oui.
RT : Pensez-vous qu'ils donnent de la légitimité aux extrémistes en agissant ainsi, en citant leurs médias ?
Bachar al-Assad : Même s'ils ne citent pas leurs agences de presse, ils adoptent de toute façon leur rhétorique. Mais si vous considérez l'aspect technique de la manière dont Daech se présente depuis le début, via ses vidéos, les actualités, les médias en général et les relations publiques, ils utilisent des techniques occidentales. Regardez bien, c'est très sophistiqué.
Comment quelqu'un qui est assiégé, méprisé partout dans le monde, attaqué par des avions, que le monde entier veut chasser de chaque ville qu’il occupe, comment un tel groupe pourrait-il se montrer aussi sophistiqué, à moins d'être parfaitement à son aise et de recevoir tout le soutien possible ? Ce n’est pas tant Amaq qu'il faut souligner selon moi, mais bien le fait que l'Occident épouse le point de vue des terroristes, parfois directement et parfois de façon indirecte.
RT : Donald Trump prendra ses fonctions de Président américain dans quelques semaines. Vous avez mentionné l'Amérique de nombreuses fois aujourd'hui. Qu'attendez-vous de la nouvelle administration américaine ?
Bachar al-Assad : Sa rhétorique pendant la campagne a été positive au sujet du terrorisme, qui est notre priorité aujourd'hui. Toute autre chose n'est pas prioritaire, donc je ne vais concentrer sur rien d'autre, le reste est américain, disons, des questions internes, cela ne me concerne pas.
Mais la question est de savoir si Trump a la volonté ou la capacité de mettre en œuvre ce qu'il vient de mentionner. Vous savez que la plupart des médias dominants et des grandes entreprises, les lobbies, le Congrès, même certains de son parti étaient opposés à lui. Ils veulent avoir plus d'hégémonie, plus de conflits avec la Russie, plus d'ingérence dans les différents pays, renverser les gouvernements, et ainsi de suite. Il a dit quelque chose qui allait dans l'autre sens. Pourra-t-il tenir ce cap contre tous ceux-là quand il prendra ses fonctions le mois prochain ? Telle est la question.
S'il le pouvait, je pense que le monde sera différent, parce que la chose la plus importante, comme je l'ai mentionné, est la relation entre la Russie et les États-Unis. S'il va vers cette relation, la plupart des tensions dans le monde seront apaisées. C'est très important pour nous en Syrie, mais je ne pense pas que quiconque ait la réponse à cela. Premièrement, ce n'était pas un homme politique, donc, nous n'avons aucune référence pour le juger. Deuxièmement, personne ne peut prévoir comment iront les choses le mois prochain et au-delà.
RT : La situation humanitaire en Syrie est catastrophique, et Mme Mogherini, chef de la politique étrangère de l'UE, nous dit que l'UE est la seule entité à fournir de l'aide humanitaire à la Syrie. Est-ce vrai ?
Bachar al-Assad : En réalité, toute l'aide envoyée par les pays occidentaux était destinée aux terroristes, pour être parfaitement clair, franc et transparent. Ils ne se sont jamais souciés de la moindre vie humaine syrienne. Nous avons beaucoup de villes en Syrie qui restent, jusqu'à aujourd'hui, entourées et assiégées par les terroristes. Ils ont fait en sorte que rien ne puisse leur parvenir : nourriture, eau, quoi que ce soit, tous les besoins fondamentaux de la vie. Bien sûr, ils les attaquent quotidiennement par des tirs de mortiers et essaient de les tuer. Qu'est-ce que l'UE leur a envoyé ? S'ils s'inquiètent des vies humaines, s'ils parlent de l'aspect humanitaire, parce que lorsque vous parlez de l'aspect ou du problème humanitaire, vous ne faites pas de discrimination. Tous les Syriens sont des humains, tous les gens sont des humains. Mais ils ne le font pas. C'est le double standard, c'est le mensonge qu'ils continuent à raconter, et ça devient un mensonge ignoble, que personne ne croit plus. Ce n'est pas vrai, ce qu'elle a prétendu est faux.
RT : Certains suggèrent que pour la Syrie, la meilleure solution serait une partition en différents pays gouvernés par les sunnites, les chiites, les Kurdes. Serait-ce possible ?
Bachar al-Assad : C'est l'espoir ou le rêve de l'Occident et de certains pays de la région, et ce n'est pas nouveau, pas lié à cette guerre. C'était avant la guerre, et des cartes ont été composées en vue de cette division et cette désintégration. Mais en fait, si vous regardez la société d'aujourd'hui, la société syrienne est plus unifiée qu'avant la guerre. C'est la réalité. Je ne dis pas cela pour donner courage à qui que ce soit, je ne m'adresse pas ici au public syrien de toute façon, je parle de la réalité.
En raison des leçons de la guerre, la société est devenue plus réaliste et pragmatique et beaucoup de Syriens ont compris les dangers du fanatisme, et de toute forme d'extrémisme, pas seulement religieux : politiquement, socialement, culturellement, tout cela est dangereux pour la Syrie. Ce n'est qu'en s'acceptant les uns les autres, en se respectant que nous pouvons vivre ensemble et avoir un pays.
Alors, en ce qui concerne la désintégration de la Syrie, si cette désintégration n'est pas effective au sein de la société, parmi les différentes nuances et couches de la société syrienne, le tissu syrien, vous ne pouvez pas avoir de division. Ce n'est pas une simple carte à dessiner, je veux dire, même si vous avez un pays au sein duquel les gens sont divisés, il y a désintégration. Regardez l'Irak, c'est un même pays, mais il est désintégré en réalité.
Donc non, je ne suis pas inquiet à ce sujet. Les Syriens n'accepteront jamais cela. Je parle maintenant de la grande majorité des Syriens, parce que ce n'est pas nouveau, ce n'est pas un sujet qui est apparu durant les dernières semaines ou les derniers mois. C'est le sujet de cette guerre. Donc après près de six ans, je peux vous dire que la majorité des Syriens n'accepteraient rien en rapport avec la désintégration, ils vont vivre comme une seule Syrie.
RT : En tant que mère, je ressens la douleur de toutes les mères syriennes. Je parle des enfants en Syrie, que leur réserve l'avenir ?
Bachar al-Assad : C'est l'aspect le plus dangereux de notre problème, et pas seulement en Syrie, mais où que vous parliez de cette sombre idéologie wahhabite, parce que beaucoup de ces enfants qui sont devenus jeunes au cours de la dernière décennie, ou plus d'une décennie, qui ont rejoint les terroristes sur une base idéologique, pas par manque d'argent ou quoi que ce soit d'autre, ou par espoir, disons, ils venaient de familles ouvertes d'esprit. Des familles instruites, des familles intellectuelles. Donc, vous pouvez imaginer la force du terrorisme.
RT : Donc vous pensez que c'est arrivé à cause de leur propagande ?
Bachar al-Assad : Exactement, parce que cette idéologie est très dangereuse, et elle ne connaît pas de frontières, pas de frontières politiques, et Internet a aidé ces terroristes à utiliser des outils rapides et peu coûteux pour promouvoir leur idéologie, et ils pourraient infiltrer n'importe quelle famille n'importe où dans le monde, que ce soit en Europe, dans votre pays, dans mon pays, n'importe où.
RT : Et c'est ce qui se passe.
Bachar al-Assad : Vous avez une société séculière, j'ai une société séculière, mais cela n'a pas empêché la société d'être infiltrée. Avez-vous une contre-idéologie pour faire face à cela ? Effectivement. Parce qu'ils ont construit leur idéologie sur l'Islam, vous devez recourir à la même idéologie, en utilisant le véritable islam, le véritable islam modéré, afin de contrer leur idéologie. C'est la manière la plus rapide, disons.
Si nous voulons parler du moyen terme et du long terme, il s'agit de savoir dans quelle mesure vous pouvez faire évoluer la société, la façon dont les gens analysent et pensent, parce que cette idéologie ne peut fonctionner que lorsque vous ne pouvez pas analyser, quand vous ne savez pas réfléchir correctement. Donc, il s'agit de l'algorithme de l'esprit, si vous avez un système d'exploitation naturel ou sain, pour faire une analogie avec l'informatique, si vous avez de bons systèmes d'exploitation dans l'esprit, ils ne peuvent pas l'infiltrer comme un virus.
Donc, il s'agit de l'éducation, des médias et de la politique parce que parfois, quand on a une cause, une cause nationale et que les gens perdent espoir, on peut pousser ces gens vers l'extrémisme, et c'est l'une des influences dans notre région depuis les années 1970, après la guerre entre les Arabes et les Israéliens, et l'échec de la paix dans tous les aspects (échec de la reconquête de la terre, de l'octroi de la terre et des droits au peuple [palestinien]), vous avez plus de désespoir, et cela a joué entre les mains des extrémistes. C'est là que les Wahhabites trouvent un sol fertile pour promouvoir leur idéologie.
RT : Monsieur le Président, je vous remercie beaucoup pour votre temps, et je souhaite à votre pays la paix et la prospérité, et dès que possible.
Bachar al-Assad : Merci beaucoup d'être venus.
RT : La situation a été très difficile, et je souhaite que tout cela finisse bientôt. Merci.
Bachar al-Assad : Je vous remercie beaucoup d'être venus en Syrie. Je suis très heureux de vous recevoir.
Bachar al-Assad : Exactement. C'est quelque chose que nous avons toujours ressenti, avant même cette guerre, mais aujourd'hui on le ressent encore plus, bien sûr, parce que les petits pays se sentent plus en sécurité lorsqu’il y a un équilibre international. Nous avons ressenti ce que vous évoquez après l’effondrement de l’URSS, quand il n'y avait plus que l’hégémonie américaine, et les Etats-Unis souhaitaient en faire à leur guise et dicter leur politique à tout le monde. Ce sont les petits pays qui souffrent le plus.
Nous le sentons donc aujourd'hui, mais en même temps, il y a plus d'équilibre aujourd'hui avec le rôle de la Russie. C'est pourquoi nous considérons que plus la Russie est forte – et je ne parle pas seulement de la Syrie, mais de tout petit pays dans le monde –, plus la Russie est forte, plus la Chine émerge, plus nous nous sentons en sécurité.
La situation dans laquelle nous vivons est très douloureuse, à tous les niveaux : au niveau humanitaire, des sentiments, des pertes, à tous les niveaux. Mais en fin de compte, la question n'est pas de perdre ou de gagner ; il s’agit de gagner ou de perdre votre pays. C’est une menace existentielle pour la Syrie. Ce n'est pas un gouvernement qui va perdre face à un autre gouvernement, ou une armée face à une autre armée ; soit le pays va gagner, soit il va disparaître. Voilà comment nous considérons les choses. C'est pourquoi vous n’avez pas le temps de ressentir la douleur ; vous n'avez de temps que pour lutter, vous défendre et faire quelque chose sur le terrain.
RT : Parlons du rôle des médias dans ce conflit.
Bachar al-Assad : Très bien.
RT : Tous les belligérants de cette guerre ont été accusés d'avoir causé des victimes civiles, mais les médias occidentaux ont gardé un silence presque total au sujet des atrocités commises par les rebelles. Quel rôle les médias jouent-ils dans ce conflit ?
Bachar al-Assad : En premier lieu, les médias dominants ainsi que leurs confrères parmi les hommes politiques souffrent depuis quelques décennies d'une corruption morale. Ils n’ont aucune morale. Quelle que soit la chose dont ils parlent, qu'ils évoquent ou qu’ils utilisent comme masque (les droits de l’homme, les civils, les enfants...), ils ne recourent à tout cela que pour leur agenda politique, afin de toucher leur opinion publique et de la pousser à les soutenir dans leur intervention dans cette région, qu'il s'agisse d'une intervention militaire ou politique. Ils n'ont donc aucune crédibilité à cet égard.
Il suffit de regarder ce qui se passe aux Etats-Unis, où une véritable rébellion a lieu contre les médias dominants, parce qu'ils ont menti et continuent à mentir à leur public. Nous pouvons dire que l’opinion publique ou les populations en Occident ignorent ce qui se passe vraiment dans notre région, mais ils savent au moins que les médias dominants et leurs hommes politiques leur ont menti pour servir leurs propres intérêts et leur agenda.
C'est pourquoi je ne pense pas que les médias dominants puissent encore faire croire à leurs histoires, et c'est pourquoi ils luttent pour leur survie en Occident, bien qu'ils aient une très grande expérience et des soutiens, de l'argent et des ressources considérables. Mais il leur manque néanmoins quelque chose d'essentiel pour survivre : la crédibilité. Ils n'en ont pas, ils l'ont perdue. Ils ne sont pas transparents, et c'est pourquoi ils ne sont donc plus crédibles.
C'est pourquoi ils font preuve de tant de lâcheté aujourd'hui, ils ont peur de votre chaîne [Russia Today], de toute déclaration qui pourrait révéler la vérité, parce que cela démystifierait leurs manipulations. Voilà pourquoi.
RT : Par exemple, l'agence de presse Reuters a cité Amaq, l’organe de propagande de Daesh, à propos du siège de Palmyre.
Bachar al-Assad : Oui.
RT : Pensez-vous qu'ils donnent de la légitimité aux extrémistes en agissant ainsi, en citant leurs médias ?
Bachar al-Assad : Même s'ils ne citent pas leurs agences de presse, ils adoptent de toute façon leur rhétorique. Mais si vous considérez l'aspect technique de la manière dont Daech se présente depuis le début, via ses vidéos, les actualités, les médias en général et les relations publiques, ils utilisent des techniques occidentales. Regardez bien, c'est très sophistiqué.
Comment quelqu'un qui est assiégé, méprisé partout dans le monde, attaqué par des avions, que le monde entier veut chasser de chaque ville qu’il occupe, comment un tel groupe pourrait-il se montrer aussi sophistiqué, à moins d'être parfaitement à son aise et de recevoir tout le soutien possible ? Ce n’est pas tant Amaq qu'il faut souligner selon moi, mais bien le fait que l'Occident épouse le point de vue des terroristes, parfois directement et parfois de façon indirecte.
RT : Donald Trump prendra ses fonctions de Président américain dans quelques semaines. Vous avez mentionné l'Amérique de nombreuses fois aujourd'hui. Qu'attendez-vous de la nouvelle administration américaine ?
Bachar al-Assad : Sa rhétorique pendant la campagne a été positive au sujet du terrorisme, qui est notre priorité aujourd'hui. Toute autre chose n'est pas prioritaire, donc je ne vais concentrer sur rien d'autre, le reste est américain, disons, des questions internes, cela ne me concerne pas.
Mais la question est de savoir si Trump a la volonté ou la capacité de mettre en œuvre ce qu'il vient de mentionner. Vous savez que la plupart des médias dominants et des grandes entreprises, les lobbies, le Congrès, même certains de son parti étaient opposés à lui. Ils veulent avoir plus d'hégémonie, plus de conflits avec la Russie, plus d'ingérence dans les différents pays, renverser les gouvernements, et ainsi de suite. Il a dit quelque chose qui allait dans l'autre sens. Pourra-t-il tenir ce cap contre tous ceux-là quand il prendra ses fonctions le mois prochain ? Telle est la question.
S'il le pouvait, je pense que le monde sera différent, parce que la chose la plus importante, comme je l'ai mentionné, est la relation entre la Russie et les États-Unis. S'il va vers cette relation, la plupart des tensions dans le monde seront apaisées. C'est très important pour nous en Syrie, mais je ne pense pas que quiconque ait la réponse à cela. Premièrement, ce n'était pas un homme politique, donc, nous n'avons aucune référence pour le juger. Deuxièmement, personne ne peut prévoir comment iront les choses le mois prochain et au-delà.
RT : La situation humanitaire en Syrie est catastrophique, et Mme Mogherini, chef de la politique étrangère de l'UE, nous dit que l'UE est la seule entité à fournir de l'aide humanitaire à la Syrie. Est-ce vrai ?
Bachar al-Assad : En réalité, toute l'aide envoyée par les pays occidentaux était destinée aux terroristes, pour être parfaitement clair, franc et transparent. Ils ne se sont jamais souciés de la moindre vie humaine syrienne. Nous avons beaucoup de villes en Syrie qui restent, jusqu'à aujourd'hui, entourées et assiégées par les terroristes. Ils ont fait en sorte que rien ne puisse leur parvenir : nourriture, eau, quoi que ce soit, tous les besoins fondamentaux de la vie. Bien sûr, ils les attaquent quotidiennement par des tirs de mortiers et essaient de les tuer. Qu'est-ce que l'UE leur a envoyé ? S'ils s'inquiètent des vies humaines, s'ils parlent de l'aspect humanitaire, parce que lorsque vous parlez de l'aspect ou du problème humanitaire, vous ne faites pas de discrimination. Tous les Syriens sont des humains, tous les gens sont des humains. Mais ils ne le font pas. C'est le double standard, c'est le mensonge qu'ils continuent à raconter, et ça devient un mensonge ignoble, que personne ne croit plus. Ce n'est pas vrai, ce qu'elle a prétendu est faux.
RT : Certains suggèrent que pour la Syrie, la meilleure solution serait une partition en différents pays gouvernés par les sunnites, les chiites, les Kurdes. Serait-ce possible ?
Bachar al-Assad : C'est l'espoir ou le rêve de l'Occident et de certains pays de la région, et ce n'est pas nouveau, pas lié à cette guerre. C'était avant la guerre, et des cartes ont été composées en vue de cette division et cette désintégration. Mais en fait, si vous regardez la société d'aujourd'hui, la société syrienne est plus unifiée qu'avant la guerre. C'est la réalité. Je ne dis pas cela pour donner courage à qui que ce soit, je ne m'adresse pas ici au public syrien de toute façon, je parle de la réalité.
En raison des leçons de la guerre, la société est devenue plus réaliste et pragmatique et beaucoup de Syriens ont compris les dangers du fanatisme, et de toute forme d'extrémisme, pas seulement religieux : politiquement, socialement, culturellement, tout cela est dangereux pour la Syrie. Ce n'est qu'en s'acceptant les uns les autres, en se respectant que nous pouvons vivre ensemble et avoir un pays.
Alors, en ce qui concerne la désintégration de la Syrie, si cette désintégration n'est pas effective au sein de la société, parmi les différentes nuances et couches de la société syrienne, le tissu syrien, vous ne pouvez pas avoir de division. Ce n'est pas une simple carte à dessiner, je veux dire, même si vous avez un pays au sein duquel les gens sont divisés, il y a désintégration. Regardez l'Irak, c'est un même pays, mais il est désintégré en réalité.
Donc non, je ne suis pas inquiet à ce sujet. Les Syriens n'accepteront jamais cela. Je parle maintenant de la grande majorité des Syriens, parce que ce n'est pas nouveau, ce n'est pas un sujet qui est apparu durant les dernières semaines ou les derniers mois. C'est le sujet de cette guerre. Donc après près de six ans, je peux vous dire que la majorité des Syriens n'accepteraient rien en rapport avec la désintégration, ils vont vivre comme une seule Syrie.
RT : En tant que mère, je ressens la douleur de toutes les mères syriennes. Je parle des enfants en Syrie, que leur réserve l'avenir ?
Bachar al-Assad : C'est l'aspect le plus dangereux de notre problème, et pas seulement en Syrie, mais où que vous parliez de cette sombre idéologie wahhabite, parce que beaucoup de ces enfants qui sont devenus jeunes au cours de la dernière décennie, ou plus d'une décennie, qui ont rejoint les terroristes sur une base idéologique, pas par manque d'argent ou quoi que ce soit d'autre, ou par espoir, disons, ils venaient de familles ouvertes d'esprit. Des familles instruites, des familles intellectuelles. Donc, vous pouvez imaginer la force du terrorisme.
RT : Donc vous pensez que c'est arrivé à cause de leur propagande ?
Bachar al-Assad : Exactement, parce que cette idéologie est très dangereuse, et elle ne connaît pas de frontières, pas de frontières politiques, et Internet a aidé ces terroristes à utiliser des outils rapides et peu coûteux pour promouvoir leur idéologie, et ils pourraient infiltrer n'importe quelle famille n'importe où dans le monde, que ce soit en Europe, dans votre pays, dans mon pays, n'importe où.
RT : Et c'est ce qui se passe.
Bachar al-Assad : Vous avez une société séculière, j'ai une société séculière, mais cela n'a pas empêché la société d'être infiltrée. Avez-vous une contre-idéologie pour faire face à cela ? Effectivement. Parce qu'ils ont construit leur idéologie sur l'Islam, vous devez recourir à la même idéologie, en utilisant le véritable islam, le véritable islam modéré, afin de contrer leur idéologie. C'est la manière la plus rapide, disons.
Si nous voulons parler du moyen terme et du long terme, il s'agit de savoir dans quelle mesure vous pouvez faire évoluer la société, la façon dont les gens analysent et pensent, parce que cette idéologie ne peut fonctionner que lorsque vous ne pouvez pas analyser, quand vous ne savez pas réfléchir correctement. Donc, il s'agit de l'algorithme de l'esprit, si vous avez un système d'exploitation naturel ou sain, pour faire une analogie avec l'informatique, si vous avez de bons systèmes d'exploitation dans l'esprit, ils ne peuvent pas l'infiltrer comme un virus.
Donc, il s'agit de l'éducation, des médias et de la politique parce que parfois, quand on a une cause, une cause nationale et que les gens perdent espoir, on peut pousser ces gens vers l'extrémisme, et c'est l'une des influences dans notre région depuis les années 1970, après la guerre entre les Arabes et les Israéliens, et l'échec de la paix dans tous les aspects (échec de la reconquête de la terre, de l'octroi de la terre et des droits au peuple [palestinien]), vous avez plus de désespoir, et cela a joué entre les mains des extrémistes. C'est là que les Wahhabites trouvent un sol fertile pour promouvoir leur idéologie.
RT : Monsieur le Président, je vous remercie beaucoup pour votre temps, et je souhaite à votre pays la paix et la prospérité, et dès que possible.
Bachar al-Assad : Merci beaucoup d'être venus.
RT : La situation a été très difficile, et je souhaite que tout cela finisse bientôt. Merci.
Bachar al-Assad : Je vous remercie beaucoup d'être venus en Syrie. Je suis très heureux de vous recevoir.