Selon l’enquête du Cevipof pour « Le Monde », l’ex-ministre devance tous les candidats de gauche.
A moins de cinq mois du premier tour de l’élection présidentielle, la nouvelle vague de l’enquête électorale du Centre de recherche de Sciences Po (Cevipof), réalisée en partenariat avec Ipsos-Sopra Stéria et Le Monde,
constitue un point d’étape important. Menée du 2 au 7 décembre auprès
d’un panel de 18 013 personnes (dont 12 724 certaines d’aller voter),
elle intervient après la désignation de François Fillon par la primaire
de la droite et du centre et après l’annonce par le chef de l’Etat
qu’il ne briguerait pas un second mandat. Trois acteurs importants – MM.
Hollande, Sarkozy et Juppé – sont donc désormais hors jeu et l’offre
électorale commence à se décanter sérieusement.
Premier constat, l’intérêt pour
l’élection du printemps 2017 augmente sensiblement depuis un mois. 81 %
des personnes interrogées (en hausse de 7 points) se disent intéressées
par ce scrutin et plus de la moitié (52 %, + 10 points) expriment
beaucoup d’intérêt. Cette évolution est due, à l’évidence, à la
mobilisation provoquée par la primaire de la droite puisque 92 % des
électeurs proches du parti Les Républicains se disent intéressés par l’élection présidentielle à venir.
Toutefois, en dépit de l’élan produit par son large succès à la primaire, François Fillon est en position moins dominante que ne l’était Alain Juppé dans les précédentes enquêtes. Le maire de Bordeaux était crédité dans toutes les hypothèses de plus de 30 % des intentions de vote. Ce n’est pas le cas du candidat désigné de la droite. Le constat est d’autant plus symptomatique que Marine Le Pen, très absente du débat public ces dernières semaines, est en baisse significative (de 2 à 5 points) par rapport au mois de novembre selon les différentes hypothèses de candidature à gauche ou centriste : depuis mars, elle se situait entre 27 % et 30 %, aujourd’hui entre 24 % et 25 %.
Cette érosion des intentions de vote en faveur des candidats de
droite et d’extrême droite ne profite en rien aux socialistes. Dans
cette enquête réalisée pour l’essentiel avant sa déclaration de
candidature, Manuel Valls est crédité de 11 % à 12 % selon que Bayrou
est présent ou non, en baisse de 1 à 2 points par rapport à novembre ;
Arnaud Montebourg ne recueille, pour sa part, que 6 % à 7 % des
intentions de vote. La prochaine vague de l’enquête, en janvier à la
veille de la primaire de la gauche, permettra de prendre une mesure plus pertinente du potentiel des candidats socialistes, Benoît Hamon et Vincent Peillon compris.
Le profil de son électorat est assez équilibré : plus jeune que la
moyenne, mais pas insignifiant chez les plus de 65 ans, attirant
davantage les cadres supérieurs et professions intermédiaires, mais loin
d’être absent dans les catégories populaires, et très équitablement
réparti en fonction du revenu du foyer. Mais c’est sur le plan politique qu’Emmanuel Macron semble en passe, pour l’heure, de donner consistance à sa stratégie.
Ainsi, parmi les personnes qui se situent « plutôt à gauche », il recueille 20 points de plus que son résultat moyen, de même chez ceux qui se situent au centre (13 points de plus) ou « plutôt à droite » (11 points de plus). En revanche, il est absent ou presque chez les « très à gauche » et surtout « très à droite ». Bref, il a investi le centre de l’échiquier politique et en tire actuellement le meilleur profit. Reste à vérifier la consistance de cette dynamique dans la durée.
Gérard Courtois
Source
Fillon à la première place
Le deuxième constat porte sur celui qui est désormais le champion de la droite. Quel que soit le candidat socialiste (Manuel Valls et Arnaud Montebourg sont testés dans cette enquête), et que François Bayrou soit présent ou non dans la compétition, François Fillon s’installe à la première place : selon les cas de figure, il est crédité de 26 % à 29 % des intentions de vote. Il est en position de force, en particulier, chez les plus de 65 ans (+ 14 points par rapport à la moyenne), chez les agriculteurs, professions indépendantes et cadres supérieurs, chez les personnes les plus aisées (+ de 3 500 euros de revenus net du foyer) et chez les catholiques, notamment les pratiquants réguliers. Dans toutes les hypothèses, il devance la candidate du Front national de 2 à 4 points.
Toutefois, en dépit de l’élan produit par son large succès à la primaire, François Fillon est en position moins dominante que ne l’était Alain Juppé dans les précédentes enquêtes. Le maire de Bordeaux était crédité dans toutes les hypothèses de plus de 30 % des intentions de vote. Ce n’est pas le cas du candidat désigné de la droite. Le constat est d’autant plus symptomatique que Marine Le Pen, très absente du débat public ces dernières semaines, est en baisse significative (de 2 à 5 points) par rapport au mois de novembre selon les différentes hypothèses de candidature à gauche ou centriste : depuis mars, elle se situait entre 27 % et 30 %, aujourd’hui entre 24 % et 25 %.
Macron au centre de l’échiquier politique
Pour sa part, la situation de Jean-Luc Mélenchon est stable, autour de 13 % à 14 %. Le grand bénéficiaire de ces dernières semaines est manifestement Emmanuel Macron. Menée après sa déclaration de candidature fin novembre mais avant sa démonstration de force le 10 décembre à Paris, l’enquête du Cevipof est éloquente. L’ancien ministre de l’économie était crédité, à la mi-novembre, de 10 % des intentions de vote. Désormais, il recueille 13 % à 15 % des votes virtuels si Valls est le candidat socialiste et jusqu’à 18 % si c’est Montebourg.
Ainsi, parmi les personnes qui se situent « plutôt à gauche », il recueille 20 points de plus que son résultat moyen, de même chez ceux qui se situent au centre (13 points de plus) ou « plutôt à droite » (11 points de plus). En revanche, il est absent ou presque chez les « très à gauche » et surtout « très à droite ». Bref, il a investi le centre de l’échiquier politique et en tire actuellement le meilleur profit. Reste à vérifier la consistance de cette dynamique dans la durée.
Gérard Courtois
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