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vendredi 16 décembre 2016

Le directeur de Rivarol condamné pour des tweets négationnistes et antisémites



Jérôme Bourbon a été condamné à 11.000 euros d'amende, il devra aussi régler 8500 euros aux parties civiles. Conçu pendant longtemps par les radicaux comme un espace de liberté total, Internet devient pour eux source de lourds ennuis judiciaires.
Quelques tweets peuvent coûter cher. Jérôme Bourbon, directeur de la rédaction de Rivarol, journal d'extrême droite radicale, a été condamné mercredi 14 décembre, pour contestation de crime contre l'humanité et provocation à la haine. Il devra s'acquitter d'une amende de 11.000 euros à laquelle s'ajoutent 5000 euros de dommages et intérêts pour les parties civiles et 3500 euros de frais de justice. Il lui était reproché d'avoir publié, courant 2015, des messages particulièrement explicites. Tels que: «Triste époque: les gens ne croient pas en Dieu ni en l'Enfer mais ils croient aux chambres à gaz sans les avoir vues.» Ou encore: «Laurent Fabius Président du Conseil constitutionnel. Après Badinter et Debré l'arrière-petit-fils de rabbin. Le Palais Royal est un territoire occupé.»

La peine prononcée est moitiée moindre que celle requise par le procureur, 40.000 euros et trois mois de prison avec sursis. «Je note qu'Alain Soral, Jean-Marie Le Pen ou Dieudonné, qui ont une surface financière bien plus importante que la mienne, ne sont pas condamnés à des sommes aussi importantes, déplorait-il auprès du Figaro, avant l'audience de mercredi. Il semble que nous soyons passés dans une nouvelle phase concernant les condamnations pour les délits d'opinion.» À la sortie de l'audience, il hésitait à faire appel ou non de la condamnation. 

Pourtant, Rivarol, qui assume une ligne radicale et pétainiste, publie chaque semaine des propos d'ordre relativement similaires aux tweets incriminés, sans pour autant être systématiquement condamné, et pas à de tels niveaux. C'est bien leur mise en ligne, et non leur simple impression sur un support papier, qui leur ferait prendre une dimension supérieure. Maître Sabrina Goldman, avocate de la Licra, partie civile, estime ainsi que les propos négationnistes ou antisémites sont bien plus graves lorsqu'ils sont tenus sur Internet. «Le lectorat de Rivarol est déjà convaincu par ce type d'arguments, explique-t-elle au Figaro. Mais sur Twitter, l'audience qu'ils peuvent atteindre est sans commune mesure. Ils peuvent toucher n'importe qui et servir par la suite d'argumentaire.»
Internet, autrefois perçu comme une zone de liberté par nombre de militants radicaux devient peu à peu un lieu où négationnisme et antisémitisme sont traqués et condamnés. Dans son mi-leu, Jérôme Bourbon n'est pas le seul à avoir connu dernièrement des déboires à cause de son activité en ligne.

Vincent Reynouard

 

Vincent Reynouard, inconnu du grand public, jouit d'une importante popularité chez les négationnistes. Admirateur du IIIe Reich, il remet en cause depuis de nombreuses années les crimes contre l'humanité commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a déjà purgé plusieurs mois de prison pour ses publications, ce qui ne l'a pas empêché de poursuivre ses activités, notamment dans des vidéos postées sur YouTube. Une nouvelle fois condamné à de la prison ferme, il affirme avoir fui et vivre en exil «dans la banlieue de Londres». Un membre de son entourage nous confie qu'il «ne pense pas pouvoir revenir un jour en France si la loi reste telle qu'elle est».

Hervé Ryssen

 

Une autre figure radicale s'est abondement servi d'Internet pour revendiquer ses thèses: Hervé Ryssen, de son vrai nom Hervé Lalin. Depuis des années, il milite pour dénoncer ce qu'il estime être la mainmise du judaïsme sur la société, avec des propos parmi les plus directs et les plus bruts. Il a été condamné plusieurs fois à des amendes ou de la prison avec sursis. Mais depuis quelque temps, ce sont des condamnations à la prison ferme qui tombent. Trois mois en 2013, à nouveau trois mois en 2015, deux mois début 2016, puis, la plus lourde, un an en septembre 2016 pour des tweets et des messages publiés sur sa page Facebook (ses comptes ont depuis été bloqués). Les juges avaient alors estimé que ces messages étaient une «incitation à la haine contre les juifs [exploitant] l'un des thèmes antisémites les plus éculés, à savoir leur omniprésence dans l'économie et les médias». Un an de prison, c'est la peine maximale qui puisse être infligée dans un tel procès. Des recours ont été déposés, mais l'homme se serait résolu à purger sa peine s'ils n'aboutissaient pas.

Retour sur Twitter

 

Quant à Jérôme Bourbon, il n'a pas supprimé les tweets pour lesquels il a été condamné, expliquant que «le faire serait reconnaître une forme de culpabilité». Ces démêlés judiciaires l'ont cependant amené à arrêter de publier sur son compte Twitter au mois de mai dernier, dans le but avoué de ne pas provoquer de nouveaux procès. Il a craqué le 11 décembre, revenant sur le réseau social. Il concentre pour le moment ses critiques sur le Front national et Marine Le Pen, avec lesquels il est en guerre ouverte. Sur le plan pénal, la politique est un terrain moins risqué que l'antisémitisme.

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