Colignon, correcteur d’imprimerie
♦ Jean Jaurès disait : quand les hommes ne savent plus changer les choses, ils changent les noms.
C’est
ainsi que les institutions consacrées à l’éducation des jeunes
enfants et qui portaient autrefois le modeste nom d’écoles primaires
alors qu’elles étaient excellentes, portent, depuis qu’elles sont
devenues exécrables et impuissantes, le sobriquet d’écoles de
l’excellence.
Est-il en effet preuve plus certaine de l’incurie de nos gouvernements que cette hypocrite auto-complaisance ?
Parler
d’excellence quand les universitaires font des fautes d’orthographe et
éprouvent de grosses difficultés à résoudre une règle de « 3 » ; parler
d’excellence quand les universitaires, dépourvu de toute culture
générale, ont oublié jusqu’aux notions les plus élémentaires du cursus
primaire et secondaire ; parler d’excellence lorsque 12 années passées
sur les bancs de l’école n’ont laissé aucune trace ; parler d’excellence
lorsque les enseignants eux-mêmes ne maîtrisent plus les notions qu’ils
sont censés enseigner est une insulte à la raison.
Pourquoi en sommes-nous là ?
Pourquoi un universitaire en 2016 n’a-t-il plus le niveau d’un titulaire du brevet d’études en 1920.
La réponse est simple.
Parce que les Etats Occidentaux ont utilisé l’enseignement comme outil de propagande et de démagogie. Faire en sorte que tous les enfants aient leur BAC et que la majorité d’entre eux décrochent un diplôme supérieur était un argument politique essentiel pour les partis populistes (et je ne parle évidemment pas du FN).
Pourquoi un universitaire en 2016 n’a-t-il plus le niveau d’un titulaire du brevet d’études en 1920.
La réponse est simple.
Parce que les Etats Occidentaux ont utilisé l’enseignement comme outil de propagande et de démagogie. Faire en sorte que tous les enfants aient leur BAC et que la majorité d’entre eux décrochent un diplôme supérieur était un argument politique essentiel pour les partis populistes (et je ne parle évidemment pas du FN).
Comme le montre le graphique [1] ci-dessous, le nombre de diplômés universitaires de premier, second et troisième cycle a augmenté vertigineusement depuis 1948.
Cette
augmentation du pourcentage d’universitaires au sein de la population ne
procède évidemment pas d’une meilleure éducation de la population, mais
au contraire d’un insondable appauvrissement des exigences académiques
sans lequel les titres universitaires seraient restés inaccessibles à la
majeure partie des citoyens.
Parler de « nivellement par le bas » reviendrait à enfoncer une porte ouverte si cette locution ne cachait une vérité plus déprimante : l’enseignement ne s’est pas seulement dégradé au cours du XXe siècle, il s’est réduit à néant !
Parler de « nivellement par le bas » reviendrait à enfoncer une porte ouverte si cette locution ne cachait une vérité plus déprimante : l’enseignement ne s’est pas seulement dégradé au cours du XXe siècle, il s’est réduit à néant !
Si la
diminution drastique des exigences de l’enseignement a abouti à
l’augmentation globale du nombre de diplômés, elle a surtout conduit à
la diminution du nombre des bons éléments et notamment ceux qui
progressant autrefois, à la faveur de la discipline et de la rigueur,
sont désormais livrés à eux-mêmes.
Le même diplôme est donc aujourd’hui délivré aux génies et aux imbéciles, ce qui permet à ces derniers d’accéder aux postes clés de la société malgré un très haut niveau d’incompétence.
Le même diplôme est donc aujourd’hui délivré aux génies et aux imbéciles, ce qui permet à ces derniers d’accéder aux postes clés de la société malgré un très haut niveau d’incompétence.
Etant
enseignant de troisième cycle en physique des lasers à Paris, il m’est
permis de faire le constat, plus dramatique chaque année, de
l’enseignement Européen.
Comment expliquer la formule de Planck ou celle de Beer-Lambert à des étudiants qui peinent à réaliser une opération élémentaire de calcul mental ?
Comment expliquer la formule de Planck ou celle de Beer-Lambert à des étudiants qui peinent à réaliser une opération élémentaire de calcul mental ?
Car
enfin, vous qui lisez cet article et qui avez sans nul doute terminé vos
études secondaires, avez-vous gardé un souvenir précis du principe
d’inertie, de la liaison covalente, du chloroplaste, du théorème de
Thales, de l’intégrale des polynômes, de Phèdre de Racine, de Ruy Blas,
ou de la pragmatique sanction ?
Et vous
messieurs les professeurs de Philosophie d’une prestigieuse institution
universitaire belge pourquoi ne mettiez-vous plus de « s » aux
« Lettre » de votre Faculté lors d’une prestigieuse proclamation de
résultats ?
Qui est responsable de ce carnage ?
En
Belgique, les pédagogues élaborent chaque année ce qu’ils ont coutume
d’appeler les socles de compétences et ce que les enseignants dénigrent
en les affublant du sobriquet de « socles d’incompétences »… mais que
font-ils d’autre ?
Les
enseignants n’hésitent jamais à manifester pour défendre leurs salaires
ou leurs droits à la pension, mais quand il s’agit de défendre une école
qu’ils savent à la dérive, on ne voit plus personne ? Quand ont-ils
tenté de faire obstacle au détricotage de l’œuvre de Jules Ferry ?
Quand ont-ils fait barrage à une décadence qui appelle de ses vœux tous les extrémismes ?
Quand ont-ils fait barrage à une décadence qui appelle de ses vœux tous les extrémismes ?
Pourquoi se comportent-ils en fossoyeurs de notre civilisation ?
Colignon 14/12/2016
[1]
Accès à l’enseignement supérieur en France : une démocratisation réelle
mais de faible ampleur. Valérie Albouy et Chloé Tavan. ÉCONOMIE ET
STATISTIQUE N° 410, 2007
Source : Agora Vox