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vendredi 23 décembre 2016

Les Premiers chantiers de Trump : Qui tient la corde après le terrorisme ?



Peu à peu Donald J. Trump prend ses marques. Évidemment, beaucoup mieux entouré que l’ont laissé entendre Clinton & ses relais nauséeux de ce côté-ci de l’Atlantique. Volens nolens, l’America first se pose en douceur sur les rives du Potomac.

« Vous connaissez mes projets. Cela prouve que j’ai raison, à 100% », de vouloir interdire l’entrée des musulmans sur le sol des États-Unis.

Donald J. Trump, en réaction à l’attentat de Berlin.


Bon, avec ses 304 Grands électeurs, qu’est-ce qui sépare Trump du pouvoir ?
 
Jacques Borde. Rien, techniquement parlant. Sa nomination va être approuvée par le Congrès le 6 Janvier 2017. Une formalité. La cérémonie d’investiture du nouveau président, elle, est prévue pour le 20 janvier 2017.

Si l’on suit ce qui se dit sur la Toile, ça a plutôt cafouillé pour le clan Clinton lors du vote des Grands électeurs…

Charlotte Sawyer. Oui. Et pas qu’un peu.

Au total ce sont sept (7) Grands électeurs qui se sont détournés d’Hillary R. Clinton ; contre deux seulement (2) qui ont lâché Trump. À savoir que c’est la première fois en quarante ans que des Grands électeurs ne votent pas pour le candidat désigné lors des Primaires de leur propre parti. Et comme l’a fait remarquer Dreuz Info, « … les Russes n’ont rien à voir là dedans ! ».

Dans l’État de Washington, quatre (4) Grands électeurs démocrates ont refusé de voter pour Clinton. Trois (3) ont voté pour Colin L. Powell, et, Robert Satiacum pour l’activiste des Premières nations amérindiennes Faith Spotted Eagle. Satiacum, dans un entretien à Politico en octobre dernier, avait déclaré que Clinton était « un clown », « un rat » et « une criminelle ».

Tout un programme.

Vous avez choisi de poster les félicitations du Premier ministre israélien, Binyamin Nétanyahu, à Donald J. Trump, et seulement celles-là, pourquoi ?
 
Jacques Borde. Oh, c’est assez simple : je pense que, géopolitiquement et géostratégiquement, il y quelque intérêt à savoir que la 1ère puissance militaire du monde va continuer à s’entendre avec la 1ère puissance militaire du Levant. Ce, quoi que l’on soit en droit de penser de l’une et de l’autre. Maintenant, je vous rappelle que Trump-candidat a aussi eu un long entretien avec le président égyptien, ‘Abdu l-Fattāḥ Sa‘īd Ḥusayn Khalīl as-Sīssī, à la tête, lui, de la 1ère puissance militaire du monde arabe…

Quant aux relations israélo-américaines justement, autre dossier qui attend le nouveau président, pensez-vous que Trump va valider le transfert de l’ambassade US de Tel-Aviv à Jérusalem ?
 
Jacques Borde. Oui, s’il est un président américain capable de réaliser cette gageure, c’est bien Donald J. Trump.

Et, pourquoi donc ?
 
Charlotte Sawyer. Avant tout, parce que Donald J. Trump est un pragmatique. Or, sa directrice de campagne, par ailleurs membre de l’équipe de transition, Kellyanne E. Conway1, a déclaré au micro de Hugh Hewitt2 que le déménagement de l’ambassade était bien une priorité pour Donald Trump, « parce que cela compte beaucoup pour nos amis juifs ».

« C’est une très haute priorité pour le président élu Donald Trump (…). C’est quelque chose que nos amis en Israël, notre grand ami au Moyen-Orient, Israël, apprécierait, et c’est une chose pour laquelle beaucoup de juifs américains ont exprimé leur préférence », a-t-elle ajouté.

En fait, des envoyés de l’équipe de Trump ont, déjà, rencontré des responsables du Misrad Ha’Hutz3 et de la mairie de Jérusalem afin de passer en revue les sites possibles pour l’installation de l’ambassade.

Où donc ?
 
Jacques Borde. En fait, deux sites se détachent du lot :

1- l’Hôtel Diplomate, le gouvernement américain a acheté en 2014 le terrain sur lequel il est bâti. Actuellement loué au ministère de l’Intégration, il héberge 500 personnes âgées immigrants de l’ex-Union soviétique. Le terrain est adjacent à la Section consulaire  de Talpiot. Seul bémol : le bâtiment ne sera pas disponible avant 2020.

2- Le nouveau Consulat général, 14 rue David Flusser si ma mémoire est bonne. Les Américains ont construit leur nouveau consulat dans l’idée qu’il était destiné, par avance, à être converti en ambassade. Tout ce qu’il y a à faire, comme l’a dit un responsable hiérosolymitain dont le nom m’échappe, désolé, c’est de « changer la plaque qui est sur la porte ».

Quant aux activités consulaires proprement dites, les États-Unis ont deux autres annexes : une en Judée Samarie et celle d’Agron Road.
Autant d’éléments pratiques qui devraient séduire Trump.

Et l’aspect géopolitique ne va pas rebuter Trump ?
 
Jacques Borde. Là encore, je crois que le pragmatisme de Trump va l’emporter.

1- la judéité de Jérusalem ne peut être niée. Tel-Aviv-capitale, quelque part, c’est un peu la relique des premières années du pays.

2- la création de l’État hébreu remonte à 1948 ! Je sais bien que ma phrase va faire bondir les pro-Arabes. Mais depuis cette date, combien de guerres ont été perdues en vain pour tenter de changer cet état de fait ?

3- c’est à un État de choisir sa capitale ! Pas à ses ennemis, surtout perpétuels vaincus face au dit État. Pour empêcher ce fait, fallait-il que les Arabes soient capables de s’imposer face à la 1ère puissance militaire du Levant. Ça n’a pas été le cas et, pire pour eux, ça n’est pas demain la veille !

Vous êtes durs avec les pays arabes ?
 
Jacques Borde. Non, réaliste. Il faut toujours savoir ce dont on parle. Une guerre se juge principalement au su des buts de guerre affichés par chacune des parties. Les seules guerres dont des adversaires de Jérusalem peuvent dire qu’elles n’ont pas tourné à son complet avantage sont dans l’ordre :

1- la Guerre d’octobre 1973. Le Caire en a tiré la récupération du Sinaï et, surtout, une vraie paix avec son puissant voisin. Mais une paix des braves que recherchait également Jérusalem, dont n’exagérons rien non plus sur ce chapitre ;

2- la Guerre des 34 Jours avec le Hezbollah, au cours de laquelle Tsahal n’a pu réaliser les buts de guerre fantasmés par l’ex-Rosh Ha’Mateh Ha’Klali4, le Rav Alouf5 Dan Haloutz. Aujourd’hui, les deux adversaires se retrouvent face à face sur les mêmes positions. Plus puissants et mieux armés.

À rappeler qu’aucune de ces deux guerres n’avaient pour but l‘anéantissement d’Israël, mais des buts stratégiques limités :
– la première : récupérer le Sinaï.
– la seconde : tenir bon, en position défensive, face à l’ennemi.

Donc que personne ne prenne ses désirs pour des réalités : la donne n’a pas autant évolué que le croient certains…

Et la Russie ?
 
Jacques Borde. Comme priorité stratégique ? Apparemment, l’administration Trump va effectivement faire un virage important sur ce point.

Comment cela ?
 
Jacques Borde. L’équipe de transition du président élu, a fait savoir la revue The Foreign Policy6, a remis au Pentagone une première note énumérant ses « priorités en matière de Défense ».
Une liste qui ne fait aucune mention de la Russie. En effet, le document, dont une copie a été obtenue par la revue, ne cite que quatre priorités pour le Pentagone :
1- liquider tant que faire se peut Al-Dawla al Islāmiyya fi al-Irāq wa al-Chām (DA’ECH)7 ;
2- mettre au point une nouvelle conception de la cybersécurité ;
3- réduire son budget ;
4- augmenter son efficacité.

Que faut-il déduire de ce document ?
 
Charlotte Sawyer. Pas plus qu’il n’en dit, déjà. Il s’agit, selon toute vraisemblance d’un teaser, pour tester les réactions de l’establishment militaire, qui est lui-même très divisé sur ces questions. Après, Donald J. Trump fera preuve du pragmatisme qui fait sa force et tranchera.

Pour la petite histoire, la note a été rédigée par le n°2 de la Défense Brian P. McKeon, ou plus précisément Principal Deputy Under Secretary of Defense for Policy, conseillé par Mira Ricardel, une des conseillère de l’équipe Trump qui n’est pas, non plus, née de la dernière pluie : ex-Assistant Secretary for International Security Policy de George W. Bush et ancienne Executive director chez Boeing.

Toutefois, l’équipe de transition du nouveau président américain a appelé à ne pas considérer le document comme « exhaustif » et « définitif » quant aux priorités en matière de Défense.

Cela vous fais sourire, pourquoi ?
 
Jacques Borde. Ce qui me fait sourire c’est l’abyssale stupidité de nos media germanopratins, qui, des mois durant, ont colporté la thèse clintonienne de l’amateurisme de Trump et les siens en matière de Défense.

Comment peut-on être si veule ou kollabo. On n’avait plus vu ça depuis l’Occupation, Radio Paris, Gringoire ou Je Suis Partout et ces media français (sic) passés dans l’escarcelle hitlérienne…

Sur les questions de Défense, tout va être chamboulé, selon vous ?
 
Charlotte Sawyer. Non, plutôt ajusté. Donald J. Trump n’a encore rien tranché et, assurément, c’est lui le boss.

« Pour les media, il serait absolument erroné de présenter le mémo comme une liste de toutes les priorités du président élu », a commenté une autre représentante de l’équipe, Jessica Ditto.
Même prudence au Pentagone où l’on souligne simplement qu’il est encore trop tôt pour parler de cap dans le domaine de la Défense de la part de la nouvelle administration, le nouveau US Secretary of Defense, James Mad Dog Mattis8, n’étant pas encore entré en fonction.

Une manière élégante de botter en touche. Mais l’establishment militaire suivra les ordres, les États-Unis ne sont pas le Chili à l’époque du golpe de Pinochet.


Notes


1 Une pro des media. A été commentatrice politique chez CNN, Fox News, Fox Business, notamment. 2 Anime le… Hugh Hewitt Show. 3 Ministère israélien des Affaires étrangères. 4 Ra’Mat’Kal, chef d’état-major israélien. 5 Lieutenant-général. 6 Bimestriel fondé en 1970 par Samuel P. Huntington et Warren Demian Manshel. Il était publié jusqu’à fin 2009 par le Carnegie Endowment for International Peace (Fondation Carnegie pour la Paix Internationale) à Washington DC. Il a été racheté par The Washington Post Co., fin septembre 2009. 7 Ou ÉIIL pour Émirat islamique en Irak & au Levant. 8 Contrairement aux fantasmes colportés par les Démocrates et leurs relais divers et variés, Mattis est considéré comme un intellectuel par ses pairs, notamment en raison de sa bibliothèque personnelle comptant plus de 7.000 volumes. Il a toujours avec lui, lors de ses déploiements, un exemplaire des Pensées pour moi-même de Marc Aurèle. Le major-général Robert H. Scales le décrit comme « … l’ un des hommes les plus courtois et polis que je connaisse ».

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