Contribuables et non-contribuables souffrent ensemble du «
rien-qui-marche » lié au « tout-gratuit », la gratuité momentanée des
transports en commun parisiens n’y changera rien. Alors, si on continue à
ce rythme, l’addition finira par être très très salée.
En cette semaine de “Pic de la Pollution”, le syndicat de Transports d’Île-de-France (STIF) et la Région Ile-de-France ont redoublé de générosité en nous offrant, à nous automobilistes interdits d’automobile, ou provinciaux non franciliens, et donc non titulaires du pass Navigo, des balades gratuites en RER.
Je dis bien balade et non trajet, car effectivement, la multiplication des incidents fait que tout trajet RER, comme chaque francilien le sait, est chaque jour et à tout moment une aventure à la fois stimulante et terrifiante, au cours de laquelle les incidents inattendus en tous genres se multiplient et à côté de laquelle les tours de trains fantôme sur les fêtes foraines de mon enfance ne sont que de pâles amusements.
Dans le meilleur des cas, s’ils ne sont pas morts de froid en route ou restés quelque part en errance, les survivants sont arrivés ensuite épuisés à leur destination, avec au moins deux ou trois heures de retard, et avec l’impression d’avoir déjà derrière eux la moitié de leur journée de travail.
Les trajets de la semaine passée n’ont pas échappé à la règle devenue générale et ont, en l’espace de deux jours et sans doute définitivement, fait des quelques téméraires qui ont voulu profiter du « tout-gratuit-sur-rien-qui-marche » des convaincus du retour à la voiture ou à la bicyclette.
Bref, tout francilien connaît par cœur cette longue litanie qui devient lassante. Ce qui commence à changer, c’est que plus personne ne se laisse impressionner par le « tout-gratuit » et commence à comprendre que le tout-gratuit, c’est peut-être l’une des causes du « rien-qui-marche » et que, en tous les cas cela va sans doute ensemble.
Une telle opération de gratuité n’a guère intéressé mes étudiants ou mes collègues qui « de toute façon ont leur pass navigo », et a simplement privé les resquilleurs de leur sport quotidien de « saut-de-tourniquet ».
Ce cadeau offert par des Pères Noël aux poches percées a coûté quatre millions d’euros par jour et donc seize millions d’euros en quatre jours. Ces seize millions avancés par le STIF, et donc financés par des crédits publics, risquent de manquer cruellement ensuite à la RATP et à la SNCF qui doivent, pour faire dans le réseau les restaurations nécessaires à son bon fonctionnement, des centaines de millions de travaux. Mais, miracle du paléokeynesianisme à la française…
Cette largesse régalienne a été commanditée par la présidence de la Région Île-de-France qui va sans doute largement participer aux frais de cette « foire au trône ». Ceci étant, dans quelles poches la Région va-t-elle puiser l’argent pour régler l’addition de cadeaux inutiles ? Ce qui est intéressant et nouveau, c’est que la réponse est évidente pour une majorité de gens à présent. Beaucoup ont compris le film et les propos soit-disant « ultralibéraux » apparaissent à tous maintenant comme ce qu’ils sont, c’est-à-dire des propos de simple bon sens économique.
Cela veut dire que tout le monde à peu près commence à comprendre la phrase de Milton Friedman, démontrée brillamment par les pouvoirs publics franciliens : « There is no free lunch ».
Il n’y a pas de repas gratuit ou bien, au bout du compte, il faut toujours quelqu’un pour payer l’addition pour toutes ces incuries et cette idéologie du tout-gratuit ou du tout-pas-cher. Et que ce quelqu’un, c’est Monsieur et Madame tout le monde. Contribuables et non-contribuables souffrent ensemble du « rien-qui-marche » lié au « tout-gratuit ».
Alors, si on continue à ce rythme, l’addition finira par être très très salée.
Enfin, la perspective de la condamnation sévère de la start up Heetch qui fera suite à celle de Uber et, avec elle, l’espoir douché du covoiturage nocturne en région parisienne pour des milliers de jeunes, la condamnation implicite de l’économie de partage par un pouvoir judiciaire ami du corporatisme, apparaissent comme des fins de non recevoir à des alternatives économiques intelligentes et modernes au problème de la pollution automobile.
Mais ne désespérons pas, parce que ces attitudes corporatistes rétrogrades finissent par amener au libéralisme nombre de jeunes… et de moins jeunes…
Patricia Commun
Source
En cette semaine de “Pic de la Pollution”, le syndicat de Transports d’Île-de-France (STIF) et la Région Ile-de-France ont redoublé de générosité en nous offrant, à nous automobilistes interdits d’automobile, ou provinciaux non franciliens, et donc non titulaires du pass Navigo, des balades gratuites en RER.
Je dis bien balade et non trajet, car effectivement, la multiplication des incidents fait que tout trajet RER, comme chaque francilien le sait, est chaque jour et à tout moment une aventure à la fois stimulante et terrifiante, au cours de laquelle les incidents inattendus en tous genres se multiplient et à côté de laquelle les tours de trains fantôme sur les fêtes foraines de mon enfance ne sont que de pâles amusements.
Dans le meilleur des cas, s’ils ne sont pas morts de froid en route ou restés quelque part en errance, les survivants sont arrivés ensuite épuisés à leur destination, avec au moins deux ou trois heures de retard, et avec l’impression d’avoir déjà derrière eux la moitié de leur journée de travail.
Les trajets de la semaine passée n’ont pas échappé à la règle devenue générale et ont, en l’espace de deux jours et sans doute définitivement, fait des quelques téméraires qui ont voulu profiter du « tout-gratuit-sur-rien-qui-marche » des convaincus du retour à la voiture ou à la bicyclette.
Toujours en panne
Multiples ralentissements du RER A, dépôt des passagers dans une gare par un conducteur qui vous annonce que « tous les passagers doivent descendre en cours de trajet car pour des raisons de régulation le train s’arrête en gare de Maisons-Laffitte et on ne sait pas quand il y aura un autre train » ; pannes du L, du E ; passagers laissés dans des gares de banlieue à attendre deux heures par des températures en dessous de zéro à 7h du matin ; trains non chauffés ; le pompon revenant au RER B qui n’a pas marché de toute une journée à cause d’un caténaire cassé (il paraîtrait qu’il datait de 1946 ?) et qui a immobilisé des centaines de milliers de voyageurs dans une gare du Nord complètement bloquée.Bref, tout francilien connaît par cœur cette longue litanie qui devient lassante. Ce qui commence à changer, c’est que plus personne ne se laisse impressionner par le « tout-gratuit » et commence à comprendre que le tout-gratuit, c’est peut-être l’une des causes du « rien-qui-marche » et que, en tous les cas cela va sans doute ensemble.
Une telle opération de gratuité n’a guère intéressé mes étudiants ou mes collègues qui « de toute façon ont leur pass navigo », et a simplement privé les resquilleurs de leur sport quotidien de « saut-de-tourniquet ».
Tout sauf le RER
À en lire les forums, l’opération Père Noël des pouvoirs publics n’a même pas suscité la gratitude des quelques automobilistes interdits de circuler pour « plaque d’immatriculation paire » ou impaire, je ne sais plus, devenus en un jour des adeptes forcenés du « tout-sauf-le-RER ».Ce cadeau offert par des Pères Noël aux poches percées a coûté quatre millions d’euros par jour et donc seize millions d’euros en quatre jours. Ces seize millions avancés par le STIF, et donc financés par des crédits publics, risquent de manquer cruellement ensuite à la RATP et à la SNCF qui doivent, pour faire dans le réseau les restaurations nécessaires à son bon fonctionnement, des centaines de millions de travaux. Mais, miracle du paléokeynesianisme à la française…
Cette largesse régalienne a été commanditée par la présidence de la Région Île-de-France qui va sans doute largement participer aux frais de cette « foire au trône ». Ceci étant, dans quelles poches la Région va-t-elle puiser l’argent pour régler l’addition de cadeaux inutiles ? Ce qui est intéressant et nouveau, c’est que la réponse est évidente pour une majorité de gens à présent. Beaucoup ont compris le film et les propos soit-disant « ultralibéraux » apparaissent à tous maintenant comme ce qu’ils sont, c’est-à-dire des propos de simple bon sens économique.
Cela veut dire que tout le monde à peu près commence à comprendre la phrase de Milton Friedman, démontrée brillamment par les pouvoirs publics franciliens : « There is no free lunch ».
Il n’y a pas de repas gratuit ou bien, au bout du compte, il faut toujours quelqu’un pour payer l’addition pour toutes ces incuries et cette idéologie du tout-gratuit ou du tout-pas-cher. Et que ce quelqu’un, c’est Monsieur et Madame tout le monde. Contribuables et non-contribuables souffrent ensemble du « rien-qui-marche » lié au « tout-gratuit ».
Alors, si on continue à ce rythme, l’addition finira par être très très salée.
Enfin, la perspective de la condamnation sévère de la start up Heetch qui fera suite à celle de Uber et, avec elle, l’espoir douché du covoiturage nocturne en région parisienne pour des milliers de jeunes, la condamnation implicite de l’économie de partage par un pouvoir judiciaire ami du corporatisme, apparaissent comme des fins de non recevoir à des alternatives économiques intelligentes et modernes au problème de la pollution automobile.
Mais ne désespérons pas, parce que ces attitudes corporatistes rétrogrades finissent par amener au libéralisme nombre de jeunes… et de moins jeunes…
Patricia Commun
Source