Alexis Tsipras a annoncé une prime exceptionnelle pour les retraités en
cette fin d'année, grâce à des excédents primaires supérieurs aux
attentes. Mais cette décision pourrait être le prélude d'un bras de fer
avec les créanciers qui pourrait déboucher sur un nouveau scrutin qui
s'annonce très difficile pour Syriza.
L'annonce a surpris tout le monde. Jeudi 8 décembre au soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras a annoncé un véritable « cadeau de noël » aux retraités. Un chèque compris entre 300 et 850 euros sera ainsi versé le 22 décembre prochain à 70 % des pensionnés qui touchent moins de 850 euros par mois. Un montant non négligeable pour les 1,6 million de personnes concernées dans un pays où les pensions ont été fortement revues à la baisse depuis 2010. Alexis Tsipras est cependant allé encore un peu plus loin, annonçant la suspension du relèvement prévu pour 2017 du taux de TVA dans les îles du nord de la mer Égée, celles qui sont le plus touchées par les arrivées de migrants venus de Turquie.
Reste à savoir aussi si une telle stratégie est efficace alors qu'en janvier, la réforme des retraites s'appliquera, réduisant pour beaucoup de nouveaux retraités le montant des pensions. Plusieurs autres mesures d'austérité seront appliquées en 2017, pesant sur la popularité de l'exécutif. Or, comme Alexis Tsipras en a fait plusieurs fois l'expérience, dans le choix du mémorandum, ses marges de manœuvre sont quasiment nulles. Si les créanciers refusent de verser de nouveaux fonds, la Grèce devra faire défaut et, sans doute, sortir de la zone euro. Mais toute la stratégie menée depuis juillet 2015 vise à éviter ce scénario. Ceci conduit, depuis un an et demi, à une série de capitulations du gouvernement qui a érodé son crédit auprès des Grecs.
L'annonce a surpris tout le monde. Jeudi 8 décembre au soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras a annoncé un véritable « cadeau de noël » aux retraités. Un chèque compris entre 300 et 850 euros sera ainsi versé le 22 décembre prochain à 70 % des pensionnés qui touchent moins de 850 euros par mois. Un montant non négligeable pour les 1,6 million de personnes concernées dans un pays où les pensions ont été fortement revues à la baisse depuis 2010. Alexis Tsipras est cependant allé encore un peu plus loin, annonçant la suspension du relèvement prévu pour 2017 du taux de TVA dans les îles du nord de la mer Égée, celles qui sont le plus touchées par les arrivées de migrants venus de Turquie.
Des dépenses « légale » au regard du mémorandum
Ces deux mesures ont un coût estimé à 617 millions d'euros. Alexis Tsipras a estimé qu'elles étaient possibles compte tenu de l'importance des excédents primaires (hors service de la dette) dégagés par le pays cette année. Et de fait, le dernier bulletin d'exécution budgétaire du ministère hellénique des Finances indique que l'excédent primaire grec à fin octobre s'élève à 6,5 milliards d'euros, soit 3 milliards d'euros au-dessus de l'objectif fixé. Selon l'article 2.1 du mémorandum d'août 2015, 30 % de la surperformance budgétaire doivent être attribués au remboursement de la dette et 30 % de ces excédents supplémentaires doivent aussi être attribués aux impayés du gouvernement. Ceci laisse à Athènes, en théorie, la disposition de 40 % de cet excédent inattendu, soit 1,2 milliard d'euros. Alexis Tsipras reste donc, en théorie, dans le cadre du mémorandum.Pari perdu pour Alexis Tsipras
La réalité pratique est cependant différente. Depuis son retour au pouvoir après les élections de septembre 2015, Alexis Tsipras a accordé beaucoup de concession aux créanciers. Il a accepté des mesures sévères contre les débiteurs des banques en acceptant les expulsions des résidences principales, il a accepté un nouveau protocole d'accord incluant des baisses automatiques de dépenses pour 2018 si l'objectif d'excédent primaire était en danger, il a accepté de nombreuses privatisations, y compris à prix bradés, comme celle des chemins de fer nationaux. Son objectif était d'obtenir, en retour des concessions des créanciers, notamment sur la restructuration de la dette. Or, ce pari s'est révélé peu porteur.Syriza distancée dans les sondages
Certes, le gouvernement grec a obtenu une concession : le « toilettage » de la dette, ou plutôt des intérêts de la dette, obtenu voici quelques jours. Mais chacun sait en Grèce que ces mesures ne règlent nullement le problème de la dette publique. En réalité, la stratégie menée depuis près d'un an et demi par le gouvernement grec n'a pas été à la hauteur de la promesse faite lors des élections de septembre 2015 : la résistance aux créanciers n'a pas amené plus de concessions de ces deniers, mais une position plus dure encore. Chaque demande grecque a été rejetée et a conduit à un durcissement. Pas étonnant alors que les Grecs se tournent désormais vers la Nouvelle Démocratie, parti conservateur jugé proche des créanciers, en espérant obtenir un peu de bienveillance de ces derniers. Dans les dernières enquêtes d'opinion, ND dispose de la majorité absolue. Le sondage Marc Poll, publié le 9 décembre, lui attribue 19 points d'avance sur Syriza (37,7 % contre 19,7 %) .Alexis Tsipras à l'offensive
Dans ces conditions, Alexis Tsipras doit naturellement repartir à l'offensive. Les annonces du 8 décembre ont ainsi été perçues en Grèce comme le début d'une campagne électorale qui ne dit pas (encore) son nom. L'objectif serait de montrer que la politique du gouvernement porte ses fruits, qu'Alexis Tsipras peut prendre des initiatives sans tenir compte des créanciers et, enfin, qu'il est prêt, s'il le faut, à entrer en conflit avec ces derniers si nécessaire. C'est pourquoi Athènes n'a pas pris la peine de prévenir ses créanciers de ces initiatives. Ce dont par ailleurs, comme on l'a vu, rien ne l'y obligeait. Mais à Bruxelles, Berlin et Washington, ces mesures ont été mal reçues. On y voit la preuve de la « non fiabilité » du gouvernement grec et de sa propension à « dépenser plus ». Cette mauvaise humeur joue plutôt, dans l'immédiat en faveur d'un Alexis Tsipras qui doit redorer son blason de défenseur des Grecs contre les créanciers.Reste à savoir aussi si une telle stratégie est efficace alors qu'en janvier, la réforme des retraites s'appliquera, réduisant pour beaucoup de nouveaux retraités le montant des pensions. Plusieurs autres mesures d'austérité seront appliquées en 2017, pesant sur la popularité de l'exécutif. Or, comme Alexis Tsipras en a fait plusieurs fois l'expérience, dans le choix du mémorandum, ses marges de manœuvre sont quasiment nulles. Si les créanciers refusent de verser de nouveaux fonds, la Grèce devra faire défaut et, sans doute, sortir de la zone euro. Mais toute la stratégie menée depuis juillet 2015 vise à éviter ce scénario. Ceci conduit, depuis un an et demi, à une série de capitulations du gouvernement qui a érodé son crédit auprès des Grecs.