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vendredi 2 mai 2014

Les opposants à l’Europe peuvent-ils s’affranchir d’un vote dit « extrême » ?



 Les opposants à l’Europe peuvent-ils s’affranchir d’un vote dit « extrême » ?
 
 Christophe Servan
 
Le 25 mai prochain, les Français seront appelés à élire 74 députés sur un total de 766. La règle est la suivante : le mode de scrutin du Parlement européen est la proportionnelle, mais seules les listes ayant recueilli au moins 5 % des voix seront admises à la répartition des sièges. En outre, pour constituer un groupe parlementaire, il leur faudra un minimum de 25 députés appartenant à 7 États différents.

Cette arithmétique est implacable, les eurosceptiques français auront donc le choix entre trois partis, le Front de gauche, le FN et Debout la République. Toute autre formation se réclamant de l’euroscepticisme n’a aucune chance de dépasser la barre des 5 %, au grand dam des militants de l’UPR qui devraient enfin comprendre qu’il ne faut pas confondre un think tank avec un parti de gouvernement. Le FDG fait déjà partie du groupe Gauche unitaire européenne et le FN est quasiment certain de pouvoir constituer un groupe avec le PVV néerlandais, la Ligue du Nord italienne et le FPÖ autrichien. En dehors de ces deux partis dits « extrêmes », le petit parti de Nicolas Dupont-Aignan est donc la seule formation susceptible d’attirer la masse des eurosceptiques modérés, potentiellement 20 % de l’électorat après soustraction des 30 à 35 % captés par le FN et le FDG.

Or, en 2009, DLR n’avait récolté que 1.81 % des suffrages, et à la présidentielle de 2012, Nicolas Dupont-Aignan fit le même score à un cheveu près. Autant dire que la barre des 5 % est loin d’être assurée ; d’ailleurs, aucun sondage ne l’a jamais crédité de plus de 4 % d’intentions de vote.

Cette désaffection de l’électorat pour une formation qui a tout pour attirer les électeurs eurosceptiques de l’UMP est d’autant plus regrettable que DLR s’est d’ores et déjà allié au très puissant UKIP de Nigel Farage au sein du groupe Europe libertés démocratie. La raison est connue : l’Europe a été érigée au rang de tabou et l’euroscepticisme étiqueté extrême droite. La plupart des hommes politiques ont été sourds et aveugles, et ceux qui, sur le tard, ont retrouvé un peu de clairvoyance sont tétanisés par la peur. Résultat, Nicolas Dupont-Aignan est seul, bien seul.

Pourtant, l’idée souverainiste a besoin de sortir du « ghetto » de l’extrémisme dans laquelle la classe politique dominante veut l’enfermer. Le climat délétère autour de la crise et le scrutin à venir en fournissent l’occasion. Un score historique du FN et des abstentionnistes aux dépens de DLR ne serait d’aucune utilité stratégique. En revanche, un triomphe des eurosceptiques portés à la fois par le FN et DLR, l’irruption sur la scène européenne de deux groupes parlementaires eurosceptiques d’égale force et alliés seraient incontestablement une bonne nouvelle pour l’un comme pour l’autre et surtout pour la France.

Ne nous y trompons pas : la fronde des députés Wauquiez et Guaino est bien le signe que l’UMP, derrière sa victoire en trompe-l’œil des municipales, est au bord de la rupture. Un succès du député de l’Essonne et le ralliement d’une cinquantaine de députés « gaullistes » deviendrait une hypothèse crédible. Un nouvel échec, malgré des circonstances qui n’ont jamais été aussi favorables, poserait en revanche la question de sa stratégie politique et celle de sa capacité à rassembler les Français autour de sa personne.

Notes

NDLR de Boulevard Voltaire : Dominique Jamet, directeur de la publication de Boulevard Voltaire, est candidat DLR aux élections européennes de 2014.   

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