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mardi 1 septembre 2015

PS: les questions en suspens après La Rochelle



PS: les questions en suspens après La Rochelle

Marcelo Wesfreid
 
L'université d'été du PS s'est achevé sur un discours offensif de Manuel Valls. Mais c'est un parti en désordre de bataille qui se prépare à affronter la rentrée politique et les élections régionales de décembre. Bilan.

Une université d'été du PS à la Rochelle a beau s'annoncer calme, la dramaturgie des réunions fractionnelles, des piques dans les couloirs (ou à l'extérieur) et des traquenards transforment toujours ce rendez-vous militant en happening. L'édition 2015 n'a pas fait exception, laissant plusieurs questions en suspens à l'issue de ces trois jours de débat.

La majorité éclatée

Les départs des parlementaires écologistes François de Rugy et Jean-Vincent Placé d'EELV ont semé le trouble à l'ouverture de l'université d'été. Sur le fond, ces mouvements ont bouleversé la réflexion sur un prochain remaniement.

Faut-il traiter avec les forces écologistes social-démocrates, dont les troupes sont maigrelettes? Faut-il, plutôt, attendre et négocier avec Emmanuelle Cosse, la patronne des Verts, un accord législatif et l'introduction d'une dose de proportionnelle aux prochaines législatives pour dissuader Cécile Duflot de se présenter à la présidentielle, ce qui éparpillerait les voix des candidats de la gauche au premier tour? Equation compliquée.

Le cas Macron


Les militants des MJS qui scandaient "Macron démission" ou "Taubira présidente", devant un Premier ministre furibard lors du dîner de samedi soir, ont une fois de plus montré à quel point l'ancien banquier d'affaires reste clivant, avec ses déclarations sur les 35 heures, avec son style tout en transgression qui n'est pas sans rappeler celui qui fait la notoriété d'un certain... Manuel Valls.

"On dirait qu'il y a comme un délit de caste au PS, se lamente le député PS de Paris Christophe Caresche. Comme si certains en veulent à Emmanuel Macron aussi parce qu'ils considèrent qu'il n'est pas de la famille..." Un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche sur l'action des ministres montre pourtant que le ministre de l'Economie est le 4e préféré des Français, avec 47% de satisfaits de son action. Une proportion qui monte même à 75% chez les sympathisants proches du PS. Les socialistes ne sont plus à une contradiction près...

Les élections régionales

Les sondages se suivent et se ressemblent. Ils sont inquiétants. "Il y a aura des surprises", a harangué le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis dans son discours de clôture. Il n'empêche, la division de la gauche, notamment en région Nord-Pas de Calais-Picardie et en PACA, est dans tous les esprits. D'où les attaques répétées envers la stratégie d'alliance entre les écologistes et le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.

Du coup, les cadres du PS ont répété leurs consignes: ne soyons pas trop techniques dans nos propos, défendons nos bilans mais n'en faisons pas l'unique argument de campagne, mobilisons-nous contre le danger du FN et l'émergence de candidats de droite, susceptibles de transformer les élections régionales en tremplin pour la primaire (Xavier Bertrand, par exemple).

Le casse-tête de l'exécutif

Manuel Valls s'est démultiplié sur tous les fronts. Faisant des images à bord de la réplique du trois-mâts L'Hermione, pour montrer qu'il tenait fermement la barre. Faisant la tournée des élus. Saluant les militants. Taclant la droite et le Front national dans un discours qui avait tout d'un discours de politique générale, histoire de montrer que lui, Manuel Valls, reste solidement ancré à Matignon.

De François Hollande, il aura finalement été peu question lors de ces journées. Une standing ovation lui a été réservée aujourd'hui par la base militante. Preuve que, malgré les sondages, le socle des adhérents et des élus n'est pas pressé de déboulonner sa statue. "Sa spécialité est de surnager dans le bordel", rappelle l'un de ses compagnons de route de 2009.

Face à un parti divisé, des partenaires en divergence stratégique, une droite qui entre dans la dynamique de la primaire et des régionales périlleuses, le voilà au pied du mur. Reste à "surnager".