Ayant une conception assez étroite de la nation (« La République ne reconnaît aucune communauté ») et de la laïcité (les signes religieux distinctifs doivent être bannis de l’espace public), Marine Le Pen s’inscrit dans la tradition jacobine et laïciste du petit père Combes. Au moins deux points établis qui ne se dérobent pas au débat !
Cependant, depuis quelques mois, elle a rectifié légèrement sa ligne sur les racines chrétiennes de la France et sur le statut de l’islam dans notre pays. En effet, Marine Le Pen a déclaré dans l’émission « Vie politique », le 11 septembre 2016 sur TF1 : « La France a des racines chrétiennes […] laïcisées par le siècle des Lumières. » (un siècle philosophique bien obscur, a-t-on envie d’ajouter). Puis, invitée à se prononcer sur la compatibilité entre la République et l’islam, elle a répondu : « Moi, je crois que oui. Un islam tel que nous l’avons connu, laïcisé par les Lumières comme les autres religions », disant également « lutter contre le fondamentalisme islamiste ».
Ces propos étaient tenus au moment même ou deux slogans frontistes – au populisme intelligent – fleurissaient sur les affiches de nos murs nationaux : « Au nom du peuple » et « La France apaisée ». En somme, « Non à l’hyperclasse mondialisée ! » Et « Non à la poussée convulsive (et raciste) du choc des civilisations ! »
Dans l’article de Nicolas Gauthier publié ici même le 2 décembre 2016, il est mentionné :
« Dans le cadre des élections présidentielles, Marine Le Pen avait souhaité rencontrer les cadis, ces responsables religieux musulmans […] qui jouent un grand rôle dans la société mahoraise, comme elle avait rencontré deux jours plus tôt l’évêque de La Réunion, lors de son déplacement dans l’île. »
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Marine Le Pen a rappelé aux cadis avec franchise : « Vous avez un
magistère spirituel, faut-il pour autant déléguer à un responsable
religieux le soin de faire le travail de la République ? Je n’en suis
pas convaincue. » Mais elle a enchaîné aussitôt qu’elle était « convaincue
que [leur] influence a permis de prévenir les dangers qui pèsent sur
l’île en raison de l’abandon du rôle régalien de l’État ». Une
réalité politico-sociale qui rappelle les émeutes urbaines de 2005
lorsque les imams des mosquées avaient rappelé à l’ordre les casseurs
immigrés extra-européens et autres talibanlieusards.Marine Le Pen a noté que les cadis avaient « une vision plus près de la réalité que la caricature qu’on fait de nous ». Elle a conclu alors :
« Je veux en finir avec les caricatures, nos adversaires nous ont décrits comme les adversaires de telle ou telle religion, et notamment de la religion musulmane. Je respecte toutes les religions […] Mais je lutterai contre le fondamentalisme islamique. C’est un adversaire commun avec le Grand Cadi. »
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La présidente du Front national a également été reçue par le
président de la Chambre d’agriculture et celui de la Chambre des
métiers. Elle devait encore rencontrer plusieurs associations, avant de
rentrer en métropole le 1er novembre au soir.Marine Le Pen récuse l’amalgame ostracisant : islam = islamisme = terrorisme. C’est vrai pour la France comme pour le monde ! La réalité musulmane mérite un autre traitement que celui que lui infligent l’Occident américano-sioniste et les islamophobes d’extrême droite qui, souvent, se recoupent.
Arnaud Guyot-Jeannin
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