Michel Lhomme, philosophe, politologue
Les Italiens se sont massivement
prononcés en faveur du NON. L’Europe, comme il était prévu, se trouve
ainsi dans une période de turbulences. Les Italiens auraient-ils dû se
prononcer en faveur de ce référendum? Devaient -ils se prononcer comme
ils l’ont fait? L’objectif, pour nous, en Italie comme en France ou en
Allemagne ou dans les pays du Groupe de Visegrad n’est-il pas avant tout
de créer , en s’élevant contre la bureaucratie de l’Union Européenne, une véritable Europe puissance
qui débattrait à égalité avec les autres blocs, monde asiatique,
États-Unis et Russie, parente très proche d’un bloc européen? Nous vous
proposons avec cet article de Michel Lhomme et celui de Gabriele
Adinolfi deux positions différentes mais pour nous non contradictoires
sur le référendum italien. Métamag reste ainsi fidèle à son esprit
critique. La rédaction.
Obama aurait du savoir que tous les référendums, que ce soit en Europe (Hongrie, Grande-Bretagne) mais aussi en Amérique latine (Colombie), finissent toujours mal. Les peuples devenus clairvoyants répondent systématiquement non.
Aux Italiens, on leur demandait de se prononcer sur une réforme de la constitution qui devrait rendre le pays plus gouvernable. L’idée principale était de transformer le Sénat, en faire un club politique mais plus du tout une assemblée du peuple digne de ce nom. La réforme prévoyait une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, qui ne votera plus la confiance au gouvernement et la majeure partie des lois, une limitation du pouvoir des régions et la suppression des provinces, l’équivalent des départements français. Cette réforme était de plus associée pernicieusement à une loi électorale offrant une forte prime majoritaire, créant ainsi une concentration des pouvoirs intéressante de fait pour le nouveau fascisme, le fascisme de la finance mondialiste, le fascisme desbanquiers.
Pour les médias, les Italiens fatigués du système actuel, auraient du voter oui mais la manœuvre fut bien trop grosse pour un peuple italien beaucoup plus politisé que le peuple français puisque cette opération bien calculée consistait à confisquer et à réduire entre autres le pouvoir des régions au profit de l’élite politique, une élite politique mondialiste et européiste. Contrairement à la France, le Sénat italien est bien plus important dans le jeu politique italien et il s’agissait pour les technocrates de réduire son pouvoir et en particulier la possibilité pour le Sénat italien de renverser le gouvernement. Il s’agissait ainsi de conforter le pouvoir des bureaucrates de la finance dont le démocrate-chrétien Matteo Renzi est un pur produit. Renzi, le banquier souhaitait mettre au ban le Sénat, il a perdu, il s’en va.
Ce référendum est bien entendu aussi la victoire du Mouvement 5 Etoiles (M5E) de Beppe Grillo, mouvement considéré par les médias comme populiste et anti-système (puisqu’eurosceptique) mais qui frôle tout de même autour des 30% malgré, il est vrai, son côté auberge espagnole, fourre-tout et poujadiste. Pour Beppe Grillo, l’objectif principal était de « sortir les sortants » et de traiter les journalistes de « vendus et de bâtards » (on apprécie !). Le parti M5E a évidemment appelé à voter NON comme l’a aussi fait la Ligue du Nord, régionaliste et traditionnelle et toute l’extrême droite italienne dont casa-pound.
Après la démission de Mattéo Renzi, l’Europe se réveille une nouvelle fois après le Brexit avec la gueule de bois. Le départ de Renzi laisse la porte ouverte, en cas de nouvelles élections anticipées, à une montée en puissance du protestataire Mouvement 5 étoiles. Le M5S devrait maintenant réclamer des élections anticipées qui paraissent de fait inévitables mais le président italien Sergio Mattarella ne devrait pas dissoudre le Parlement avant une réforme de la loi élisant les députés.