Le programme de rupture et de redressement de M. Fillon est critiqué
sous bien des aspects. Mais il est un domaine peu abordé, et qui mérite
pourtant un examen dépassionné : son projet en matière d’éducation.
Il est ainsi résumé sur son site : « Beaucoup de jeunes Français ne maîtrisent pas la lecture et l’écriture à l’entrée au Collège et notre système éducatif est rétrogradé dans tous les classements internationaux. Recentrons les programmes sur les savoirs fondamentaux et donnons plus de liberté au chef d’établissement scolaire pour faire réussir l’École dans sa mission. »
Certes, il faut saluer les mesures de bons sens qu’il préconise : abolition des réformes idéologiques et délétères de M. Peillon sur les rythmes, de Mme Vallaud-Belkacem au collège, insistance sur l’apprentissage des fondamentaux, apprentissage de la lecture dès 5 ans, rétablissement des classes bilangues.
Mais il est un point où son programme libéral n’a pas rompu avec la pensée unique de la rue de Grenelle et, au contraire, risque d’en perpétuer les dérives ravageuses.
Il s’agit de la place et des pouvoirs du chef d’établissement. Cela fait des décennies que la droite voit la panacée dans l’autonomie des établissements et dans le renforcement des pouvoirs de leurs chefs sur les enseignants, prévoyant de leur confier leur recrutement et leur avancement. La gauche et certains chefs ne se sont pas privés d’anticiper cette innovation libérale, instituant entretiens annuels, grilles d’évaluation, mises au pas ou brimades d’enseignants pourtant performants mais critiques sur les réformes.
C’est une idée partagée par les libéraux, de droite comme de gauche – pour qui l’entreprise est le modèle unique de toute organisation -, et les idéologues et pédagogues de gauche, qui rêvent de destituer les enseignants du peu de pouvoir et d’autorité qu’il leur reste.
Or, l’École n’est pas une entreprise et, s’il faut renforcer l’autorité des chefs, ce serait plutôt en direction des élèves fauteurs de troubles et de certains parents envers qui ces chefs sont bien souvent complaisants.
La pédagogie ne se décide pas par des chefs qui, s’ils avaient été des passionnés de pédagogie, seraient demeurés enseignants, ni par des conseils pédagogiques ou des conseils d’administration dans lesquels M. Fillon souhaite accorder une place accrue aux élus et aux représentants des parents. La pédagogie est l’affaire des enseignants, confrontés quotidiennement à ce défi dans leurs classes. Si l’on croit vraiment à la liberté, il faut rendre aux enseignants celle dont la gauche et ses idéologues les ont privés.
Parents, enseignants et élèves aimeraient voir davantage les chefs établissement faire régner l’ordre dans les couloirs et les cours de récréation plutôt que dans des réunions pédagogiques ou dans le management d’enseignants. Confier aux chefs (assistés des élus et des représentants des parents ?) le recrutement et la promotion des enseignants, ce serait faire entrer dans l’École copinage, localisme et népotisme et rendre les enseignants exécutants dociles des réformes fumeuses des pédagogistes. Personne n’y gagnerait, et surtout pas nos enfants.
La décentralisation, entre autres maux, a multiplié ces dérives des recrutements complaisants. La droite n’est pas obligée de transposer cette calamité des collectivités à l’École, avec la bénédiction des élus locaux. Si l’École souffre d’un manque flagrant d’autorité et se doit d’avoir des chefs pour la reconquérir, ce n’est pas d’abord à l’égard des enseignants qu’elle doit s’exercer.
Pascal Célérier
Source
Il est ainsi résumé sur son site : « Beaucoup de jeunes Français ne maîtrisent pas la lecture et l’écriture à l’entrée au Collège et notre système éducatif est rétrogradé dans tous les classements internationaux. Recentrons les programmes sur les savoirs fondamentaux et donnons plus de liberté au chef d’établissement scolaire pour faire réussir l’École dans sa mission. »
Certes, il faut saluer les mesures de bons sens qu’il préconise : abolition des réformes idéologiques et délétères de M. Peillon sur les rythmes, de Mme Vallaud-Belkacem au collège, insistance sur l’apprentissage des fondamentaux, apprentissage de la lecture dès 5 ans, rétablissement des classes bilangues.
Mais il est un point où son programme libéral n’a pas rompu avec la pensée unique de la rue de Grenelle et, au contraire, risque d’en perpétuer les dérives ravageuses.
Il s’agit de la place et des pouvoirs du chef d’établissement. Cela fait des décennies que la droite voit la panacée dans l’autonomie des établissements et dans le renforcement des pouvoirs de leurs chefs sur les enseignants, prévoyant de leur confier leur recrutement et leur avancement. La gauche et certains chefs ne se sont pas privés d’anticiper cette innovation libérale, instituant entretiens annuels, grilles d’évaluation, mises au pas ou brimades d’enseignants pourtant performants mais critiques sur les réformes.
C’est une idée partagée par les libéraux, de droite comme de gauche – pour qui l’entreprise est le modèle unique de toute organisation -, et les idéologues et pédagogues de gauche, qui rêvent de destituer les enseignants du peu de pouvoir et d’autorité qu’il leur reste.
Or, l’École n’est pas une entreprise et, s’il faut renforcer l’autorité des chefs, ce serait plutôt en direction des élèves fauteurs de troubles et de certains parents envers qui ces chefs sont bien souvent complaisants.
La pédagogie ne se décide pas par des chefs qui, s’ils avaient été des passionnés de pédagogie, seraient demeurés enseignants, ni par des conseils pédagogiques ou des conseils d’administration dans lesquels M. Fillon souhaite accorder une place accrue aux élus et aux représentants des parents. La pédagogie est l’affaire des enseignants, confrontés quotidiennement à ce défi dans leurs classes. Si l’on croit vraiment à la liberté, il faut rendre aux enseignants celle dont la gauche et ses idéologues les ont privés.
Parents, enseignants et élèves aimeraient voir davantage les chefs établissement faire régner l’ordre dans les couloirs et les cours de récréation plutôt que dans des réunions pédagogiques ou dans le management d’enseignants. Confier aux chefs (assistés des élus et des représentants des parents ?) le recrutement et la promotion des enseignants, ce serait faire entrer dans l’École copinage, localisme et népotisme et rendre les enseignants exécutants dociles des réformes fumeuses des pédagogistes. Personne n’y gagnerait, et surtout pas nos enfants.
La décentralisation, entre autres maux, a multiplié ces dérives des recrutements complaisants. La droite n’est pas obligée de transposer cette calamité des collectivités à l’École, avec la bénédiction des élus locaux. Si l’École souffre d’un manque flagrant d’autorité et se doit d’avoir des chefs pour la reconquérir, ce n’est pas d’abord à l’égard des enseignants qu’elle doit s’exercer.
Pascal Célérier
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