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vendredi 2 décembre 2016

Pétrole : les marchés s’emballent après l’accord historique de l’Opep


Les cours de l’or noir se sont envolés de plus de 8 % en séance mercredi. Hors du cartel, Moscou a aussi pris des engagements pour 2017.

Le fiasco que certains redoutaient n'a pas eu lieu. Malgré leurs divergences, les 14 pays membres de l'Opep se sont entendus sur la manière de restreindre leur production à 32,5 millions de barils par jour (Mb/j), dans le bas de la fourchette annoncée à Alger en septembre. C'est la première fois depuis huit ans que l'organisation parvient à un accord de réduction pour soutenir les cours. « C'est un accord historique, qui va certainement aider à rééquilibrer le marché et à réduire la surabondance des stocks de pétrole », s'est réjoui Mohammed Saleh al-Sada, le ministre qatari de l'Energie, qui préside la conférence de l'Opep. 

Alors que plusieurs tentatives se sont soldées par des échecs depuis mi-2014, l'intérêt commun de consentir des sacrifices, ainsi que l'engagement de la Russie de participer à l'effort, ont fini par avoir raison des divergences entre les principaux pays membres, l'Arabie saoudite, l'Iran et l'Irak. « Cela devrait constituer une piqûre de rappel aux sceptiques qui ont plaidé la mort de l'Opep », a souligné Amrita Sen, analyste chez Energy Aspects. Les marchés ont salué l'annonce de façon spectaculaire : le baril de brent a gagné 8 % dans la journée de mercredi, à 50,10 dollars, tandis que le WTI, à New York, remontait à 49,30 dollars (+9 %). Jeudi matin le baril continue de progresser autour de 0,5 %. 

Six mois, reconductibles

 

Sur le papier, l'effort consenti n'est pas négligeable : il représente selon l'organisation un recul de 1,2 Mb/j. Il prendra effet le 1er janvier 2017 et sera valable six mois, reconductibles. L'accord marque un assouplissement notable de la position de l 'Arabie saoudite à l'égard de l'Iran . Alors que le royaume wahhabite a lui-même accepté de réduire sa propre production de 10,5 à 10 Mb/j, il a aussi consenti à ce que celle de l'Iran soit portée à 3,8 Mb/j. Ce qui correspond à un gel, voire une légère réduction par rapport au niveau affiché par Téhéran, mais à une hausse comparée aux estimations de sources dites secondaires (AIE, Opep), qui tablent plutôt sur 3,6 ou 3,7 Mb/j. Une victoire pour Téhéran, qui, soumis à plusieurs années d'un embargo levé début 2016, souhaitait pouvoir revenir a minima à son niveau pré-sanctions.

L'Irak, qui avait un temps demandé à être exempté de plafond en raison de la guerre contre l'Etat islamique, a finalement accepté de réduire sa production de 210.000 b/j, à 4,3 Mb/j, tandis que les Emirats arabes unis, le Koweit et le Qatar réduiront la leur de 300.000 b/j cumulés. Le solde sera réparti entre les autres membres.
Par ailleurs, alors que Riyad avait conditionné un accord à la participation de pays non-Opep, Mohammed Saleh al-Sada a indiqué que Moscou avait accepté de réduire sa production de 300.000 b/j, sur un total de 600.000 b/j espéré de la part des non-membres. D'autres pays comme le Kazakhstan ou l'Azerbaïdjan pourraient participer. Moscou a confirmé cette annonce dans la foulée, précisant toutefois que la réduction serait progressive au cours du premier semestre 2017. Une réunion se tiendra le 9 décembre avec les non-Opep, à Doha.

Si les marchés ont vivement réagi, les experts restent plus circonspects. « Les Saoudiens ont l'air déterminés à faire respecter l'accord, qui pourrait faire grimper le baril jusqu'à 55 dollars, note Alexandre Andlauer, analyste chez Alphavalue, qui était à Vienne en début de semaine. Je suis en revanche plus sceptique sur la partie non-Opep. Au final je vois les cours rester dans une fourchette de 50-55 dollars ». De son côté, Gareth Lewis-Davies, chez BNP Paribas rappelle que « le diable est dans les détails : il y a encore des incertitudes sur le niveau de production de l'Iran, sur la contribution des pays non Opep, sur la façon dont le deal sera appliqué », dit-il, soulignant aussi que la production pourrait grimper dans les pays exemptés, la Libye et le Nigeria, ou aux Etats-Unis. « Les prix pourraient bien retomber », conclut-il. Un accord a été annoncé, mais l'histoire n'est pas encore tout à fait terminée.

Anne Feitz
 
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