Selon une étude publiée lundi, la durée de la retraite ne va pas augmenter, en dépit d'un gain d'espérance de vie sensible.
Alors que le candidat Fillon promet
une réforme musclée des retraites, la direction des études du ministère
des Affaires sociales (Drees) vient de publier le bilan des réformes
menées entre 2010 et 2015. Soit les lois Woerth en 2010 et Touraine en
2014, plusieurs décrets (dont l'extension du dispositif carrières
longues en 2012) et plusieurs accords paritaires sur les
complémentaires.
Si ces
réformes ont permis de redresser les comptes, elles pèsent, logiquement,
sur les jeunes. La Drees compare quatre générations éloignées de dix
ans, en commençant par les individus nés en 1950, qui ont théoriquement
liquidé leurs droits en 2010. Ces sexagénaires n'ont été touchés qu'à la
marge par la sous-indexation des pensions de base et complémentaires,
et le décalage d'avril à octobre de leur revalorisation voté en 2014.
Par contre, la génération 1960 est « pleinement touchée par la réforme de 2010 » qui repousse les bornes d'âge de deux ans (62 ans au minimum et 67 ans pour le taux plein). « Elle commence également à être affectée par les accords nationaux Agirc-Arrco »,
ajoute la Drees : en 2011, 2013 puis 2015, trois accords
interprofessionnels ont débouché sur une hausse des taux de cotisation
pour les salariés du privé, une baisse du rendement des régimes, une
baisse des avantages familiaux. Plus de la moitié des représentants de
cette génération sont également touchés par l'instauration d'abattements
temporaires sur la retraite complémentaire des salariés, décidée en
octobre. Ces quinquagénaires bénéficient tout de même de départs
anticipés pour carrière longue dans des conditions favorables.
La génération de 1980 touchée de plein fouet
Mais
l'augmentation de la durée de cotisation requise pour toucher une
retraite à taux plein, votée en 2014, ne se fait sentir qu'à partir de
la génération 1970. Cette réforme, c'est la génération 1980 qui la prend
de plein fouet. Ces trentenaires qui ne partiront que dans les années
2040 voient aussi la majorité de leur carrière touchée par les accords
Agirc-Arrco. Les générations suivantes pourront en partie se consoler
avec la baisse du nombre d'heures payées au SMIC requises pour valider
un trimestre - 150 heures contre 200 avant 2014 -, qui leur permettra
d'accumuler plus facilement des droits à la retraite.
Globalement,
les réformes stabilisent voire diminuent la durée de la retraite à
25-26 ans entre les quatre générations étudiées. Dans le même temps,
l'espérance de vie à 60 ans croît de 5 ans pour les hommes et de 3 ans
pour les femmes entre les générations 1950 et 1980. Autrement dit, alors
que le principe posé en 2003 était de consacrer deux tiers des gains
d'espérance de vie au travail et un tiers à la retraite, la réforme a
été « plus exigeante que la norme d'équité » pour les quadras et quinquas, qui passeront même moins de temps à la retraite.
La
pension moyenne croît grâce à l'allongement des carrières : rapportée
au salaire moyen, celle des femmes nées en 1980 devrait être de 3 % plus
élevée qu'avant les réformes. Pour les hommes, le gain ne sera que de
1 % car ils ont plus recours
au départ anticipé. De plus, ils abrègent plus souvent leur vie
professionnelle faute de retrouver un emploi. Ramenée à la durée de la
retraite, la pension cumulée baissera de 6 % pour les hommes de 1980 et
de 3 % pour les femmes.
