Pierre-Alain Furbury
Le nouveau Premier ministre obtient 32 % de confiance dans le baromètre Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique. Soit 13 points de plus que François Hollande, qui progresse de 5 points quelques jours après avoir jeté l’éponge pour la présidentielle de 2017.
Jean-Marc Ayrault avait commencé son mandat à
Matignon, en 2012, avec une cote de 56%. Manuel Valls, quand il avait
pris le relais en 2014, était à 41%. Bernard Cazeneuve, lui, démarre son
action à un niveau plus bas encore dans le baromètre Elabe pour « Les
Echos » et Radio Classique. A peine 32% des Français disent faire «
confiance » au nouveau chef du gouvernement « pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays », quand 59% sont d'un avis inverse.
Pour autant, le troisième Premier ministre de François Hollande n'est pas au fond du trou. Le « bon soldat »
pâtit de l'affaiblissement de l'exécutif tout au long du quinquennat.
Et du fait que son bail ne durera que cinq mois, la question posée aux
sondés impliquant - à la différence de la popularité ou de la
satisfaction - une projection vers l'avenir. Mais il est 14 points
au-dessus du plancher (18%) atteint par Manuel Valls le mois dernier, avant de se déclarer candidat
pour 2017. Et 13 points au-dessus du score obtenu, ce mois-ci, par
François Hollande (19%). Il faut remonter à l'été 2015 pour trouver un
tel écart entre le locataire de l'Elysée et celui de Matignon.
« Un bouclier un peu plus solide »
« Bernard Cazeneuve permet à l'exécutif de retrouver un peu d'air,
au chef de l'Etat de disposer d'un bouclier un peu plus solide, mais pas
de renverser la tendance », analyse Yves-Marie Cann, le directeur des études politiques de Elabe, parlant d'une « bienveillance sans illusion »
de l'opinion à son égard. La « confiance » envers le chef du
gouvernement l'emporte chez les personnes âgées (à 47%), chez les
sympathisants de gauche (58%) et plus encore chez ceux du seul parti
socialiste (71%). A l'inverse, la défiance est particulièrement forte
chez les 25-49 ans (à plus de 60%), chez les ouvriers (70%) et parmi les
électeurs du Front National (81%).

De son côté, François Hollande tire profit de son renoncement à se présenter à la présidentielle de 2017, perçu, selon la formule d'un haut responsable, comme « un sursaut de lucidité ».
A 19%, sa cote de confiance fait un bond de 5 points (les opinions
négatives baissant d'autant). Du jamais vu en dehors des périodes
d'attentats. Elle est au plus haut depuis le mois de janvier. Le chef de
l'Etat progresse de 9 points chez les 50-64 ans (à 19%), de 8 points
parmi les plus de 65 ans (21%) ou de 9 points dans les classes moyennes
ou supérieures (25%), de 13 points parmi les sympathisants de la gauche
(47%).
Hollande toujours à la peine chez ses anciens électeurs
Mais
plus de trois Français sur quatre (77%) n'ont toujours pas « confiance »
en François Hollande. C'est aussi le cas de la moitié (47%) de ses
électeurs du premier tour de la présidentielle de 2012 et de 57% de ceux
du second. « Le passif reste très important », rappelle Yves-Marie Cann. Trop important pour que sa capacité à « affronter efficacement les principaux »
soit perçue de manière radicalement différente dans l'opinion. Pour le
sondeur, l'enjeu des prochains mois, pour le président sera plutôt d'« améliorer son image et le regard porté sur son bilan ».