Après quatre ans et demi au pouvoir, le bilan économique de François Hollande est négatif. Le chef de l'Etat n'a pas réussi à remporter la bataille de l'emploi.
Ce sera sans lui. François Hollande a pris de
court une large majorité des Français en renonçant jeudi soir à se
présenter à la primaire de la gauche. L'événement est à marquer d'une
pierre blanche : c'est la première fois dans l'histoire de la Vème
République qu'un président en exercice décide de ne pas briguer un
nouveau mandat.
Lors de son discours depuis
l'Elysée, le chef de l'Etat a mis l'accent sur ses réussites
économiques mais aussi ses erreurs. On fait le bilan.
Un taux chômage encore élevé
A
peine élu en 2012, François Hollande s'était fixé un objectif :
l'inversion de la courbe du chômage, qu'il imaginait au départ dès la
fin 2013, et à laquelle il a ensuite conditionné sa candidature à un
deuxième mandat. Or, malgré une embellie en 2016, l'inversion espérée ne
s'est pas produite.
En octobre 2016, la France comptait 3,478 millions de demandeurs d'emplois en catégorie A
, 3,734 millions DOM compris. Un chiffre proche du record de février
2016 (3,591 millions) et supérieur de 556.000 au niveau du début du
quinquennat, fin mai 2012. Par ailleurs, 1.982.000 personnes exercent
une activité réduite (catégories B et C). Au total, le chômage dans
l'Hexagone (catégories A, B, C) touche 5.460.800 personnes.
Sans
compter ceux qui n'ont pas cherché d'emploi au cours du mois précédant
l'enquête, et qui ne sont comptabilisés ni en tant que «chômeur», ni
même dans la population active. Ils forment un halo autour du chômage qui, selon l'Insee, atteignait en août dernier 1,5 million de personnes.
Une croissance molle
Il
n'y pas eu d'embellie réelle sur le front de la croissance. Après 0,3 %
en 2013, 0,6 % en 2014 et 1,2 % en 2015, la croissance devrait
atteindre 1,4% en 2016 selon le gouvernement, et 1,3% selon l'Insee.
L'exécutif
table sur une croissance de 1,5% l'année prochaine. Mais le Haut
Conseil des finances publiques pointe que cette estimation est
supérieure au consensus des prévisions (1,2% à 1,3%). L'OCDE prévoit de
son côté une hausse du PIB français de 1,2% .
Réduction du déficit
Concernant
les comptes publics, le bilan est meilleur. Le déficit public devrait
atteindre 3,3% en 2016, alors qu'il s'élevait à 4,8% en 2012. Malgré de
nouvelles dépenses dénoncées par l'opposition, l'exécutif mise sur une
réduction du déficit public à 2,7% en 2017. La Commission européenne
parie de son côté sur 2,9%. On est tout de même loin des promesses de
2012 : à l'époque, François Hollande s'était engagé à ramener le déficit
sous les 3 % en 2013 et à rétablir l'équilibre des comptes publics en
2017.
Une dette en hausse
L'endettement
public a augmenté sous la présidence Hollande, mais moins rapidement
que sous le précédent quinquennat. A la fin 2012, la dette atteignait
90,2% du PIB. À la fin du deuxième trimestre 2016, elle s'élève à 98,4%.
Cette hausse moins rapide s'explique en grande partie par le contexte
de taux d'intérêts bas qui allège la charge d'intérêts.
Baisse tardive des prélèvements
La
baisse des prélèvements sur les entreprises, entamée en cours de
quinquennat avec le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et le
Pacte de responsabilité, a certes permis d'améliorer leurs marges
amputées par la crise. Mais le décollage espéré de l'investissement et
de l'emploi demeure timide.
Quant à la
forte hausse des impôts des ménages décidée en début de quinquennat,
même si elle a été suivie de baisses pour les ménages les moins aisés,
elle a généré un "ras-le-bol fiscal" qui a braqué nombre d'électeurs de
la classe moyenne et a continué à peser sur la croissance jusqu'en 2016.
Adrien Lelievre