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lundi 5 décembre 2016

Renoncement de Hollande : dans les coulisses d'une décision historique

C'est dans le plus grand secret que François Hollande a mûri son choix de renoncer à briguer un second mandat. Seuls quelques proches ont été mis au courant dès mercredi soir.

Jusqu'au bout. C'est dans le plus grand secret que François Hollande a mûri son choix de renoncer à briguer un second mandat , une lourde décision annoncée jeudi à Manuel Valls, seulement quelques heures avant son allocution télévisée devant les Français.

Seule la famille du Président, avec le secrétaire général de l'Elysée Jean-Pierre Jouyet, a été prévenue dès mercredi soir, explique Le Parisien Depuis quelques semaines, l'ancienne compagne de François Hollande ainsi que ses enfants, faisaient peu de mystère quant à leur opinion, ajoute le quotidien : tous conseillaient au chef de l'Etat de ne pas se représenter.

À son jeune conseiller en communication Gaspard Gantzer, il apprend qu'il s'apprête à faire une allocution à 20h de l'Elysée: "On a tout de suite compris", glisse un proche au Parisien. François Hollande avait déjà prévenu dans l'après-midi quelques personnes par téléphone, parmi lesquelles le Premier ministre , le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Bruno Le Roux, le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, et le maire de Dijon, François Rebsamen.

"Extrêmement serein"

 

Président et Premier ministre se sont aussi parlé après l'allocution télévisée, que Manuel Valls a suivie "avec émotion" à Matignon en compagnie de ses collaborateurs. "À ce moment précis, nous avons quitté le bureau pour les laisser seuls, dans leur intimité", a rapporté à Reuters un proche de Manuel Valls.

Après son allocution, François Hollande a dîné "avec des proches" jeudi soir à l'Elysée, a rapporté un membre de son entourage qui a décrit un président "extrêmement serein". "C'est un choix qu'il fait en conscience, en responsabilité, en lucidité. Comme toutes les décisions dont on pèse longuement les avantages et les inconvénients, on l'assume totalement", a-t-il ajouté.

Une décision mûrement réfléchie

 

La tension était très forte depuis la désignation de François Fillon au terme du second tour de la primaire de la droite, dimanche dernier, qui a mis les républicains en ordre de bataille pour 2017.

"Il n'a jamais considéré que sa candidature était automatique", a expliqué aux journalistes accourus aux abords du palais dès l'annonce de l'intervention présidentielle. À ses yeux, l'analyse de la situation politique a dominé le choix final du président. "C'est un processus qui s'est étalé sur une longue période mais l'élément déterminant c'est qu'il a estimé que les conditions du rassemblement n'étaient pas réunies", a-t-il dit.

Ses vieux compagnons de route, eux, certifient que la décision est plus récente qu'on le croit et étroitement liée au coup d'éclat de Manuel Valls dans le Journal du dimanche, explique Le Parisien. François Hollande apprend samedi dans l'avion du retour de Madagascar que le Premier ministre s'apprêtait à lancer une violente charge contre lui. Il appelle alors Ségolène Royal, dont il connaît l'hostilité à sa candidature. "Si tu ne penses pas pouvoir gagner la primaire, n'y va pas. Sinon, vas-y", lui conseille-t-elle.
D'après un éminent vallsiste cité par le quotidien, Hollande aurait fait part de sa décision de renoncer à Valls dès lundi, lors de leur déjeuner fatidique . « Le président lui a dit qu'il annoncerait sa décision dans la semaine et qu'il réfléchissait à une sortie honorable », certifie le même, qui lance, ravi : « La stratégie de la tension, ça marche ! ». Une version contredite par un hollandais de poids, qui assure que le président hésitait toujours mercredi soir, pesant encore le pour et le contre. 

Une journée comme une autre

 

Lors des deux rendez-vous à l'agenda présidentiel de ce froid jeudi de décembre, rien n'avait transparu des intentions du chef de l'Etat, dont les gestes et les paroles sont scrutés depuis des semaines à la recherche d'un indice sur son avenir politique.

Jeudi matin, un François Hollande souriant, comme si de rien n'était, a longuement félicité et décoré les médaillés olympiques et paralympiques victorieux l'été dernier à Rio. En fin d'après-midi, il a présidé, comme souvent, une cérémonie de remise de la Légion d'honneur.

Un proche du Président qui assistait à la cérémonie confiait jeudi soir avoir eu une impression bizarre, explique RTL. Il était en mode "pilote automatique", "TGV" même. Il a un petit peu débité son discours et s'est éclipsé tout à coup, à 19h30. C'est là que quelques-uns ont été invités à rester pour suivre son intervention qu'il faisait en direct depuis le studio de l'Élysée.

 Les Echos