C'est dans le plus grand secret que François Hollande a mûri son choix de renoncer à briguer un second mandat. Seuls quelques proches ont été mis au courant dès mercredi soir.
Jusqu'au bout. C'est dans le plus grand secret que François Hollande a mûri son choix de renoncer à briguer un second mandat
, une lourde décision annoncée jeudi à Manuel Valls, seulement quelques
heures avant son allocution télévisée devant les Français.
Seule
la famille du Président, avec le secrétaire général de l'Elysée
Jean-Pierre Jouyet, a été prévenue dès mercredi soir, explique Le
Parisien Depuis quelques semaines, l'ancienne compagne de François
Hollande ainsi que ses enfants, faisaient peu de mystère quant à leur
opinion, ajoute le quotidien : tous conseillaient au chef de l'Etat de
ne pas se représenter.
À son jeune
conseiller en communication Gaspard Gantzer, il apprend qu'il s'apprête à
faire une allocution à 20h de l'Elysée: "On a tout de suite compris",
glisse un proche au Parisien. François Hollande avait déjà prévenu dans
l'après-midi quelques personnes par téléphone, parmi lesquelles le Premier ministre
, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Bruno Le Roux, le
porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, et le maire de Dijon,
François Rebsamen.
"Extrêmement serein"
Président
et Premier ministre se sont aussi parlé après l'allocution télévisée,
que Manuel Valls a suivie "avec émotion" à Matignon en compagnie de ses
collaborateurs. "À ce moment précis, nous avons quitté le bureau pour
les laisser seuls, dans leur intimité", a rapporté à Reuters un proche
de Manuel Valls.
Après son allocution,
François Hollande a dîné "avec des proches" jeudi soir à l'Elysée, a
rapporté un membre de son entourage qui a décrit un président
"extrêmement serein". "C'est un choix qu'il fait en conscience, en
responsabilité, en lucidité. Comme toutes les décisions dont on pèse
longuement les avantages et les inconvénients, on l'assume totalement",
a-t-il ajouté.
Une décision mûrement réfléchie
La tension était très forte depuis la désignation de François Fillon
au terme du second tour de la primaire de la droite, dimanche dernier,
qui a mis les républicains en ordre de bataille pour 2017.
"Il n'a jamais
considéré que sa candidature était automatique", a expliqué aux
journalistes accourus aux abords du palais dès l'annonce de
l'intervention présidentielle. À ses yeux, l'analyse de la situation
politique a dominé le choix final du président. "C'est un processus qui
s'est étalé sur une longue période mais l'élément déterminant c'est
qu'il a estimé que les conditions du rassemblement n'étaient pas
réunies", a-t-il dit.
Ses vieux compagnons de route, eux, certifient que la décision est plus récente qu'on le croit et étroitement liée au coup d'éclat de Manuel Valls
dans le Journal du dimanche, explique Le Parisien. François Hollande
apprend samedi dans l'avion du retour de Madagascar que le Premier
ministre s'apprêtait à lancer une violente charge contre lui. Il appelle
alors Ségolène Royal, dont il connaît l'hostilité à sa candidature. "Si
tu ne penses pas pouvoir gagner la primaire, n'y va pas. Sinon, vas-y",
lui conseille-t-elle.
D'après un éminent
vallsiste cité par le quotidien, Hollande aurait fait part de sa
décision de renoncer à Valls dès lundi, lors de leur déjeuner fatidique
. « Le président lui a dit qu'il annoncerait sa décision dans la
semaine et qu'il réfléchissait à une sortie honorable », certifie le
même, qui lance, ravi : « La stratégie de la tension, ça marche ! ». Une
version contredite par un hollandais de poids, qui assure que le
président hésitait toujours mercredi soir, pesant encore le pour et le
contre.
Une journée comme une autre
Lors
des deux rendez-vous à l'agenda présidentiel de ce froid jeudi de
décembre, rien n'avait transparu des intentions du chef de l'Etat, dont
les gestes et les paroles sont scrutés depuis des semaines à la
recherche d'un indice sur son avenir politique.
Jeudi
matin, un François Hollande souriant, comme si de rien n'était, a
longuement félicité et décoré les médaillés olympiques et paralympiques
victorieux l'été dernier à Rio. En fin d'après-midi, il a présidé, comme
souvent, une cérémonie de remise de la Légion d'honneur.
Un
proche du Président qui assistait à la cérémonie confiait jeudi soir
avoir eu une impression bizarre, explique RTL. Il était en mode "pilote
automatique", "TGV" même. Il a un petit peu débité son discours et s'est
éclipsé tout à coup, à 19h30. C'est là que quelques-uns ont été invités
à rester pour suivre son intervention qu'il faisait en direct depuis le
studio de l'Élysée.