Terrible bilan pour l'éducatif français !
Le constat que dresse l'étude dite « TIMSS », publiée hier par
l'Association internationale pour l'évaluation et la réussite éducative,
est alarmant. Mesurant, dans une cinquantaine de pays, le niveau en
mathématiques et en sciences des écoliers de 10 ans, cette enquête
place la France au dernier rang de toute l'Union européenne. C'est la
première fois que la France confronte ainsi le niveau de ses écoliers
de CM1 en maths et en sciences à ceux d'autres pays. Le verdict est
tragique car il signifie que notre système éducatif va perdre, dans
quelques années, lorsque cette génération arrivera à l'adolescence, son
dernier avantage comparatif : ses grandes écoles d'ingénieurs. La
France est encore réputée pour ses formations scientifiques, pour sa
capacité à produire des médailles Fields, mais plus pour longtemps. Il
devient urgent, vital, de s'attaquer aux causes de ce déclassement. Pas
de manière politicienne, comme l'a fait hier la ministre de l'Education
nationale, Najat Vallaud-Belkacem, en s'en prenant aux programmes de
mathématiques de 2008 qui seraient devenus « trop lourds » par
la faute de la droite. Cette polémique n'est pas à la hauteur du défi
qui nous est lancé. Sans doute l'enseignement des maths est-il, depuis
fort longtemps, trop théorique, trop abstrait, pas assez ludique ni
assez pratique comme il l'est dans les pays asiatiques ou anglo-saxons.
Mais cela seul n'explique pas le brutal décrochage scolaire français.
Nous payons cher un sous-investissement chronique dans l'enseignement
primaire. Et, dans le secondaire, quand les métiers d'ingénieur offrent
de bons salaires, de moins en moins de jeunes scientifiques acceptent
d'aller enseigner les maths dans un établissement difficile, devant des
élèves indisciplinés, pour 2.000 euros brut par mois sans progression de
carrière ni mobilité. Puisque l'Education nationale fait fuir les
cerveaux, puisqu'elle trouve à grand-peine, pour enseigner les maths,
des candidats ayant eu des notes honteuses au Capes, il ne faut pas
s'étonner de voir le niveau scientifique de nos collégiens s'effondrer.
L'étude TIMSS signifie que la cote d'alerte est dépassée et cela appelle
une réponse très forte, à la mesure de l'électrochoc qu'avait créé dans
l'opinion allemande en 2000 le fameux classement Pisa. Choquée
d'apprendre que seul un quart de ses élèves de 15 ans maîtrisait la
lecture et l'écriture, l'Allemagne s'était mobilisée, et redressée. Elle
qui était alors dépassée par la France dans ce classement l'a
aujourd'hui largement surclassée. C'est à un Grenelle de l'Education
nationale très rapidement après l'élection présidentielle que nous
oblige l'étude. Car, dans un monde dont les héros sont les
scientifiques, le décrochage des écoliers d'aujourd'hui prépare
l'effondrement de l'économie de demain.
Jean-Francis Pecresse