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mardi 13 décembre 2016

Djihadistes : sommes-nous armés face aux « revenants » ?




Difficile de ne pas faire un rapprochement entre le livre de David Thomson, sorti le 1er décembre dernier, qui aborde le problème du retour dans leurs pays d’origine des djihadistes étrangers qui ont rejoint les combattants de l’État islamique, et le film de Robin Campillo, à l’affiche en 2004, qui évoque le retour au monde de milliers de personnes décédées, et l’épineuse question de leur réinsertion dans le monde des vivants. Sauf que, dans le second cas, il s’agit d’une pure fiction, alors que, dans le premier, nous sommes bien dans la réalité.

Les « Revenants » – d’aucuns parlent de « repentis », puisque c’est de ça qu’il s’agit – sont des centaines à vouloir, aujourd’hui, quitter les champs de bataille de Syrie. Écrasés par les forces de la coalition, les combattants de l’État islamique n’ont d’autre choix que de mourir en martyrs ou bien de s’échapper pour continuer leur combat, ailleurs et sous d’autres formes. Ailleurs, nous le savons, ce sera sans aucun doute en Europe où, une fois reconstitués, les réseaux terroristes de Daech sèmeront la mort au nom d’Allah dans un combat souvent imprévisible, sans merci et sans fin.

Bien que leur nombre soit difficile à établir de façon certaine, on estime à 1.200 environ le nombre de Français partis faire le djihad en Syrie ou en Irak. Hommes ou femmes, parfois encore des enfants, ils sont issus de tous les milieux, ils sont de toutes les origines, et généralement en profonde rupture avec les convictions religieuses de leurs parents. Ils expliquent le plus souvent leur motivation pour le djihad par un rejet du mode de vie occidental, basé sur la consommation et dénué de tout idéal. La religion remplit alors, selon eux, le vide spirituel qui prévalait jusque-là dans leur vie.

Après avoir guerroyé pendant des mois, ils sont maintenant confrontés à la défaite militaire et songent au retour.
Mais ne nous y trompons pas : même si certains d’entre eux se déclarent déçus de ce qu’ils ont vu et vécu en terre d’islam, ils sont pour la plupart toujours ancrés dans une radicalité religieuse et violente qui, un jour ou l’autre, se retournera contre les pays d’où ils viennent.
 Face à cette menace bien réelle, la France et les pays occidentaux ont dû s’organiser. Les services de renseignement se sont adaptés et, ainsi, un certain nombre d’actions terroristes ont pu être déjouées. Notre arsenal juridique s’est étoffé, permettant de mettre sous les verrous, pendant de longues années, celles et ceux qui représentent désormais un danger majeur pour notre pays. Des actions de déradicalisation, à portée plus que limitée il est vrai, ont été mises en place afin d’éviter que le mal n’empire.

Mais, ainsi que le soulignent certains experts, comment, en quelques mois, répondre efficacement à un phénomène que l’on a laissé se développer dans nos cités durant près de 30 ans ?
C’est donc un combat long, et porteur de tous les dangers, qui attend l’Occident en général, et la France en particulier. Car le retour des djihadistes européens de Syrie ou d’Irak pose des problèmes de sécurité qui nous étaient inconnus jusque-là. Les chiffres concernant ces retours sont importants pour de nombreux pays d’Europe ; ils sont déjà plusieurs centaines en France (près de 400, selon les déclarations du procureur de Paris il y a déjà quelques mois), de 120 à 150 en Belgique, plus de 200 en Allemagne et plus de 300 au Royaume-Uni. À coup sûr, nombre de ces « Revenants » ne resteront pas inactifs. Mais, face à nos divergences idéologiques, saurons-nous y faire face ?

Olivier Damien 

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