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vendredi 2 décembre 2016

Et maintenant, l'extrême droite cible "Farid Fillon"

Après Alain Juppé, grimé en "Ali Juppé", c'est au tour de François Fillon de subir une campagne de dénigrement. A l'extrême droite, certains le surnomment "Farid Fillon" et lui reprochent son discours vis à vis de l'islam. 

Alain Juppé a estimé que la campagne d'intox le surnommant "Ali Juppé" était "dégueulasse". Elle a sûrement  contribué à sa défaite. François Fillon va-t-il subir la même chose? Depuis l'entre deux tours, le candidat à la présidentielle est régulièrement visé pour d'anciennes prises de positions ou discours sur l'islam ou l'immigration. Après son score tonitruant du premier tour, les identitaires, des soutiens de Marine Le Pen et autres opposants se sont penchés sur ses déclarations sur l'islam. Et, désormais, ils surnomment l'ancien Premier ministre "Farid Fillon" :

Mosquée d'Argenteuil et visas pour les Algériens

 

Juppé était accusé de complaisance avec les Frères musulmans et d'avoir fait construire une mosquée à Bordeaux. Soit, pour la première accusation, un raccourci trop simple et, pour l'autre, un mensonge puisqu'aucune mosquée n'a été construite dans la capitale girondine. Pour Fillon, de nombreuses personnes issues de la "fachosphère", un ensemble d'internautes, blogueurs et de sites d'extrême droite dont les messages parviennent à percer également à droite, ont repris de vieilles interviews ou discours de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Un exemple : l'inauguration de la mosquée Al Ihsan à Argenteuil, une des plus grandes d'Europe, en juin 2010. Comme contre Juppé, le site Riposte Laïque (que Fillon avait dit ne pas connaître et qui pourtant l'a soutenu indirectement avant le premier tour), a repris ces accusations. Ils reprochent au candidat sa présence à l'inauguration et certains passages de son discours :

"Les personnes de confession musulmane et leur lieu de culte sont encore trop souvent l’objet de discrimination et la cible d’agressions que nous ne pouvons pas tolérer."

"La réalité de l’Islam de France aujourd’hui, c’est celle d’un Islam de paix et de dialogue."

La vidéo du discours a notamment été déterrée par Marion Maréchal-Le Pen, sur son compte Facebook.

Riposte Laïque est un site anti islam, tout comme l'Observatoire de l'islamisation, qui a publié mardi une liste des "membres de l'équipe Fillon qui collaborent avec des mosquées en mairie". Autre article mardi : "Quand François Fillon promettait à Alger d'augmenter les visas pour les Algériens". Sans préciser que du fait de la fin de la colonisation, les deux Etats, France et Algérie, ont des règles spécifiques concernant la circulation de leurs ressortissants. Depuis 1964, les obstacles se sont multipliés et la France est accusée de délivrer au compte-gouttes  les visas… de court séjour (maximum un an).

Non, Fillon n'est pas le "candidat des minarets"

 

Autre exemple, ce tweet issu d'un montage réalisé par des soutiens de Marine Le Pen, et repris par le sénateur FN Stéphane Ravier, le président du groupe FN au conseil régional d'Ile-de-France Wallerand de Saint-Just ou le député européen Bernard Monot 


Il s'agit d'un faux. Grossier : la date de l'interview est le 4 décembre 2016. Dimanche prochain. Pour la citation, Libération l'a démontré, il manque tout le contexte. Voici ce qu'a vraiment dit François Fillon le 4 décembre 2009, quelques jours après la votation suisse interdisant la construction de nouveaux minarets :
"Le récent référendum suisse sur les minarets suscite des débats. Je l’aborde avec quelques convictions simples et claires […] La France est laïque, mais la France est tout naturellement traversée par un vieil héritage chrétien qui ne saurait être ignoré par les autres religions installées plus récemment sur notre sol. Il est normal et légitime que les pratiquants puissent exercer leur foi dans des conditions dignes. Et on ne dira jamais à quel point il faut préférer des mosquées ouvertes à des caves obscures. Quant aux minarets, qui sont d’ailleurs assez peu nombreux en France, je dis simplement qu’ils doivent s’inscrire de façon raisonnable et harmonieuse dans notre environnement urbain et social."

Le discours est toujours disponible sur le site de Matignon. Et la suite montre que François Fillon n'est pas vraiment le candidat le plus "pro-minarets" actuellement :

"Le récent référendum suisse sur les minarets suscite des débats. Je l’aborde avec quelques convictions simples et claires. Dans notre République, chacun est libre de croire ou de ne pas croire, mais chacun doit afficher ses choix avec sensibilité et avec respect de l’autre. Toutes les confessions sont respectables, mais ce qui ne l’est pas, c’est le prosélytisme agressif."