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mardi 13 décembre 2016

Pourquoi les fonctionnaires sont-ils de plus en plus nombreux à plébisciter le FN ?

Près d'un agent hospitalier sur quatre se dit prêt à voter Marine Le Pen en 2017. En cause notamment, un ras-le-bol de la politique de santé des précédents gouvernements et la problématique de la religion au travail.

 
Près d'un agent hospitalier sur quatre se dit prêt à voter Marine Le Pen en 2017. En cause notamment, un ras-le-bol de la politique de santé des précédents gouvernements et la problématique de la religion au travail.
 
Le Front national gagne du terrain chez les quelque 5,64 millions de fonctionnaires français. Alors qu'ils étaient 14% à avoir voté Marine Le Pen en 2012, un sur cinq (20%) a l'intention de voter pour la patronne du FN en 2017, selon une enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). À l'hôpital, c'est près d'un agent sur quatre qui pourrait choisir la candidate d'extrême-droite, soit presque le double par rapport à 2012. Une hausse qui concerne en majorité les agents de catégorie C, comme les aides-soignants.

"Le jugement porté sur la politique du chef de l'État explique cette évolution. Les intentions de vote des fonctionnaires, un électorat plutôt classé à gauche, sont l'un des révélateurs de ce désaveu de François Hollande", analysait il y a quelques semaines Le Figaro. En 2012, l'augmentation du vote FN s'expliquait également par le rejet du président Nicolas Sarkozy, a noté Le Monde.


LE PROGRAMME DU FN, CELUI "QUI SE RAPPROCHE LE PLUS DE LA VÉRITÉ"


"Toutes les lois de santé qui ont été faites depuis des années vont à l'envers du bon sens, déplore ce lundi 12 décembre au micro de France Info le docteur Christelle Dehaye, urgentiste à l'hôpital de Toulon. Le personnel s'épuise. Nous n'avons plus les moyens de travailler correctement. Bientôt, il y aura plus de personnels administratifs que de soignants dans les hôpitaux". "Le FN est le seul qui prend en compte cette volonté d'arrêter de détruire notre système social. C'est le programme qui se rapproche le plus de la vérité", affirme-t-elle.

Vendredi, lors d'une convention consacrée à la santé et au vieillissement à Paris, Marine Le Pen s'est engagée à "garantir à chaque Français un accès aux soins optimal" et notamment "à ne pas réduire la prise en charge des soins par l'Assurance maladie". La candidate a réitéré plusieurs propositions frontistes : relèvement du numerus clausus en faculté de médecine, "tout entreprendre pour mettre fin aux déserts médicaux", suppression de l'Aide médicale d’État, tourisme médical "enrayé", "lutte contre la fraude" et notamment "les arrêts de maladie de complaisance", mise en place d'une "carte vitale biométrique combinée à une carte nationale d'identité", médicaments vendus "à l'unité", hausse des "financements de la recherche scientifique", "prise en charge ambulatoire" privilégiée, etc.


CONTRER FILLON


Elle a également vertement critiqué le programme de François Fillon, une "privatisation de la Sécurité sociale", qui lui donne la "nausée". Un projet qui pourrait en effet jouer en défaveur du candidat de la droite pour 2017.

"Du côté des fonctionnaires les plus modestes, notamment ceux de catégorie C, il y aura certainement une attractivité encore plus forte du FN face aux propositions de François Fillon de réduire les effectifs et les moyens, de bloquer les salaires ou d'augmenter le temps de travail", analyse pour France Info Luc Rouban du Cevipof.


LA RELIGION EN DÉBAT


Au micro de France Info, un infirmier d'Avignon assure que "le côté religieux entre aussi à l'hôpital". "Ces derniers jours, au sein du personnel des urgences, s'est installé un grand débat sur la décision de la maire d'Avignon de ne pas installer de crèche dans l'hôtel de ville, raconte l'infirmier. Certains disent ne pas comprendre pourquoi la crèche pose problème, alors que certaines femmes continuent à porter le voile en arrivant aux urgences, qu'on donne des allocations familiales à des musulmans, qui sont au chômage, qui ont dix enfants et qui sont des profiteurs de la société. C'est presque un mécanisme de défense. Cela entre en conflit avec les valeurs que doit prôner un soignant."

 Mais tout le monde n'est pas convaincu. Pour Denis Turbet-Delof du syndicat SUD, Marine Le Pen drague les fonctionnaires pour mieux les attaquer après. "Ça se saurait si le Front national était intéressé par les services publics et la fonction publique. Rappelons que c'est un parti qui voudrait qu'il n'y ait plus d'impôt sur le revenu. Comment fait-on dans ce cas pour payer les services publics ? Il est dangereux de penser que ce parti peut répondre à nos problématiques", met-il en garde sur France Info.

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