.

.

samedi 3 décembre 2016

Présidentielle 2017 : Hollande renonce, Valls propulsé dans la primaire de gauche

L’empêchement de François Hollande permet au Premier ministre de le remplacer au pied levé dans la primaire. Un pari.

Le renoncement de François Hollande ouvre la voie à Manuel Valls pour se présenter à la primaire du PS et essayer d'être son candidat à l'élection présidentielle l'année prochaine. La tâche sera immense si l'actuel Premier ministre veut espérer l'emporter. Pour lui, il s'agira à la fois de défendre un bilan que François Hollande n'a pas voulu endosser devant les électeurs, et de porter un projet à même de rassembler les socialistes sur son nom.

Un double pari difficile à remplir à l'heure où sa personnalité continue de cliver au sein de sa famille politique, quand le PS et la gauche sont plus divisés que jamais. La primaire voit s'opposer deux conceptions de la gauche de gouvernement et la multiplication des candidatures à l'extérieur de cette consultation (Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Sylvia Pinel ou encore Yanick Jadot) rendent plus qu'hypothétique une victoire de ce camp l'année prochaine, à l'heure où la droite se réunit derrière François Fillon . Manuel Valls, ou le théoricien des « deux gauches irréconciliables », devra prouver ses capacités de rassemblement. Pour l'instant, il en est encore loin  : selon le dernier sondage Elabe pour "Les Echos" , Manuel Valls n'est crédité que de 9 % des intentions de vote au premier tour, à peine mieux que François Hollande. Jeudi soir, il a salué « le choix d'un homme d'Etat » dans la décision du président de la République. 

Il devrait quitter Matignon

 

Ce sera sa deuxième candidature à une primaire. La première fois, c'était en 2011 et l'ancien maire d'Evry était ressorti avec un score minime de 5,63%, derrière les deux qualifiés du second tour - François Hollande et Martine Aubry - mais aussi derrière Ségolène Royal et Arnaud Montebourg. Il retrouvera ce dernier dans les prochains jours pour une compétition qui s'annonce d'ores et déjà acharnée.

Samedi, dans le 19e arrondissement parisien, le meeting de la « Belle alliance populaire », qu'il clôturera, sera l'occasion pour Manuel Valls de lancer sa campagne pour la primaire et de tenter sa conquête du PS. Selon toute vraisemblance, il devrait quitter Matignon pour se consacrer à sa campagne. La question posée à son cabinet n'attirait ce jeudi qu'une réponse - « Rien ce soir » - qui ne confirme ni n'infirme cette hypothèse.

La primaire s'annonce animée

 

Manuel Valls se prépare depuis longtemps. Il le faisait savoir et distillait des messages, donnant notamment des signaux à sa gauche. Lui, le droitier du parti, dont la seule évocation du nom donne des sueurs froides à l'aile gauche du PS, n'a jamais caché sa volonté de concourir à l'élection reine de la Ve République. Loyal, il n'a jamais voulu se présenter contre François Hollande. Mais depuis la rentrée et l'impopularité croissante du locataire de l'Elysée, incapable de se relancer pour la dernière rentrée de son quinquennat, Manuel Valls était entré dans une stratégie d'empêchement afin de le dissuader de se représenter. Le livre « Un président ne devrait pas dire ça », lui a fourni une occasion rêvée pour engager son bras de fer.

« Valls est passé d'une stratégie de recours à une stratégie de dissuasion », ne pouvait que constater un ministre en fin de semaine dernière. Même les plus hollandais des ministres ne cachaient pas leur trouble devant un François Hollande embourbé et un Manuel Valls offensif, ce dernier réussissant à passer pour l'héritier naturel. Alors que l'échéance approchait pour François Hollande, contraint de se déclarer avant le 15 décembre, Manuel Valls a accentué sa pression pour finalement obtenir gain de cause. La primaire s'annonce animée. « Cette décision respectable [de François Hollande, NDLR] ouvre la voie au Premier ministre qui porte un projet que tout le monde connaît, il est celui qui a théorisé les gauches irréconciliables, le refus de se poser au coeur de la gauche », a réagi Benoît Hamon, autre candidat à la primaire.

Gregoire Poussielgue