Michel Lhomme
Trump ne construira pas le mur, il est déjà construit !
Nous sommes saturés des bavardages des médias et des mélodrames de nos concitoyens s’interrogeant sur les promesses de Donald Trump. Le grand méchant construira-t-il son mur ? Expulsera-t-il trois millions de latinos ?
« Build the Wall » fut le « Yes we can » de la campagne électorale américaine. En tant que promoteur immobilier, comme il l’a dit au début de sa campagne , ce sera facile pour lui de construire un mur : « Je voudrais construire un grand mur, et personne ne construit les murs mieux que moi, croyez-moi, et je les construis pour très peu de frais ».En fait, contrairement au lot de promesses non tenues par Barack Obama, Donald Trump est déjà assuré de son succès politique puisqu’en réalité, ce fameux mur est déjà construit. Depuis bien longtemps, il n’est quasiment plus possible de passer la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Certes, on ne parle pas de mur mais de nouvelles barrières, de « new border ». Si Trump ne construira pas le mur, il a en fait brisé un tabou comme il est en train de dynamiter celui du « grand retour », inimaginable il y a quelques mois aux États-Unis où tout clandestin latino devait forcément terminer par obtenir sa carte verte.
Aux États-Unis, le financement fédéral annuel pour le contrôle des frontières et de l’immigration est passé de 1,5 milliard de dollars à 19,5 milliards en quatre ans. Le résultat ? Des centaines de kilomètres de barrières métalliques se sont élevées, des technologies développées initialement prévues pour l’armée ont été adaptées pour la surveillance de la frontière. Une flotte d’avions et de drônes ont été déployés. Des milliers de nouveaux agents de la police des frontières ont été embauchés. La taille de la patrouille frontalière avait déjà été doublé au cours des années 1990 mais elle a plus que doublé à nouveau depuis le début du siècle, d’environ 4.000 personnes à plus de 21.000 et ce sous un mandat démocrate.
En fait, le plan de Trump, « Build the Wall », appelle à un mur qui couvrirait 1600 kms de plus sur une frontière qui en fait plus de 3000 , avec des obstacles naturels couvrant le reste. Or, près de 1126 kilomètres de divers types de clôtures sont déjà en place. Le projet de Trump est plus que réalisable puisqu’il ne s’agira que d’ajouter simplement plus de clôtures et de les renforcer dans les principaux lieux visibles. Le mur de Trump sera le terme final d’une politique lancée par le président Bill Clinton, fermement menée par George W. Bush et poursuivie par Barack Obama sauf que Trump sera le premier à appeler cette nouvelle frontière artificielle « The Wall » et ainsi à remporter fièrement la mise électorale de ses prédécesseurs qui clôt d’une certaine manière le programme bracero des lois du travail américaines inaugurées en 1942 avec ses 4,6 millions de travailleurs mexicains envoyés dans les champs américains, l’opération Wetback de 1954 avec plus de 1 million de Mexicains vivant et travaillant aux États-Unis envoyés vers le sud jusqu’à l’accord de l’Alena de 1994 qui encourageait le libre-échange .
En fait c’est la présidence Obama qui a pulvérisé tous les records de reconduite à la frontière. Obama a silencieusement expulsé au cours de cette année deux millions d’immigrés clandestins. Depuis la crise de 2009 il y aurait d’ailleurs plus de Mexicains qui quitteraient les ♫tats-Unis qu’ils n’en entreraient. Donald Trump veut expulser trois millions de latinos à savoir tous ceux qui ont des dossiers criminels, et en priorité ceux qui permettraient aux bandes ultra violentes de l’Amérique centrale comme les maras de s’installer et de prendre racine aux États-Unis, ce qu’elles commencent à faire.
A ce niveau, il aura peu d’opposants et même des supporters chez les latinos eux-mêmes installés depuis plusieurs générations.
En savoir plus : Border Games: Policing The US-Mexico Divide US du journaliste américain Peter AndréasSource