Pierre Martineau
J’ai eu, par le passé, le malheur de
m’informer sur l’IVG. Je me suis informé sur la biologie, sur la
grossesse, sur la maternité, sur les femmes, sur l’IVG dans le monde et
dans l’Histoire, sur les avortements clandestins, sur la société, sur la
loi, sur la médecine, sur le féminisme, sur l’anthropologie, sur
l’idéologie, sur les discours, sur la politique, sur la démographie, sur
l’Occident, sur le Planning familial (français et américain) et sur la
santé.
J’ai rarement vu un sujet recouper autant de strates essentielles de la vie des hommes, et j’ai eu le malheur de m’informer sans pincettes, sans langue de bois, sans le confort rassurant des idées qui m’arrangent. J’ai eu le malheur de mettre des mots clairs sur des réalités déguisées, édulcorées, maquillées ou trafiquées ; sans employer, non plus, les mots qu’on vide ni ceux qu’on déforme. J’ai eu le malheur de mettre des arguments éculés face à leur contradiction. J’ai pris à cœur un sujet de femmes, tellement, qu’il porte en ses entrailles toutes les tensions d’une époque schizophrène. Je m’en suis fait un avis.
Malheur à moi.
Il aura suffi de cinquante parlementaires, dans une Assemblée normalement constituée de 577 députés (soit moins de 10 %), pour légiférer sur un délit d’opinion. Quand bien même j’aurais mal cerné mon sujet (j’en doute), il appartient désormais à la justice de trancher sur la nature de mes propos. S’ils sont déviants, conduisant à la dissuasion d’une IVG (ce qu’on devrait tous souhaiter), on pourra me proposer une peine de 30.000 € d’amende et de deux ans de prison. C’est désormais certain : je suis une entrave.
Je n’ai rien trouvé dans l’IVG qui soit aimable, désirable, louable au point d’en faire un droit. Je n’ai vu rien d’autre que des échecs qui y conduisent. Je n’ai rien trouvé qui puisse justifier qu’une incitation vaille mieux qu’une dissuasion. L’IVG est le fruit d’échecs, et s’il est désiré, c’est en réalité qu’autre chose va mal (mais qui s’y intéresse ?).
L’IVG est un scandale, comme les guerres, les catastrophes, les malheurs, et chaque être humain devrait tout faire pour l’éviter. L’IVG est le miroir de nos défaillances humaines, avant de les accentuer plus encore. Elle ne se contente pas de tuer : après, elle détruit. Si certains brandissent une IVG propre de notre temps face aux IVG sales du temps d’avant, c’est qu’ils s’arrêtent à la porte du bloc, n’allant ni plus loin (pour voir ce qu’il s’y passe), ni plus longtemps (pour voir ce qu’elle devient). Ils trouvent les déchets de fœtus propres parce qu’ils n’y touchent pas. On dira alors que l’IVG est une liberté, un choix seul de la femme, quand il est un cachot, un choix de la femme seule.
J’ai rarement vu un sujet recouper autant de strates essentielles de la vie des hommes, et j’ai eu le malheur de m’informer sans pincettes, sans langue de bois, sans le confort rassurant des idées qui m’arrangent. J’ai eu le malheur de mettre des mots clairs sur des réalités déguisées, édulcorées, maquillées ou trafiquées ; sans employer, non plus, les mots qu’on vide ni ceux qu’on déforme. J’ai eu le malheur de mettre des arguments éculés face à leur contradiction. J’ai pris à cœur un sujet de femmes, tellement, qu’il porte en ses entrailles toutes les tensions d’une époque schizophrène. Je m’en suis fait un avis.
Malheur à moi.
Il aura suffi de cinquante parlementaires, dans une Assemblée normalement constituée de 577 députés (soit moins de 10 %), pour légiférer sur un délit d’opinion. Quand bien même j’aurais mal cerné mon sujet (j’en doute), il appartient désormais à la justice de trancher sur la nature de mes propos. S’ils sont déviants, conduisant à la dissuasion d’une IVG (ce qu’on devrait tous souhaiter), on pourra me proposer une peine de 30.000 € d’amende et de deux ans de prison. C’est désormais certain : je suis une entrave.
Je n’ai rien trouvé dans l’IVG qui soit aimable, désirable, louable au point d’en faire un droit. Je n’ai vu rien d’autre que des échecs qui y conduisent. Je n’ai rien trouvé qui puisse justifier qu’une incitation vaille mieux qu’une dissuasion. L’IVG est le fruit d’échecs, et s’il est désiré, c’est en réalité qu’autre chose va mal (mais qui s’y intéresse ?).
L’IVG est un scandale, comme les guerres, les catastrophes, les malheurs, et chaque être humain devrait tout faire pour l’éviter. L’IVG est le miroir de nos défaillances humaines, avant de les accentuer plus encore. Elle ne se contente pas de tuer : après, elle détruit. Si certains brandissent une IVG propre de notre temps face aux IVG sales du temps d’avant, c’est qu’ils s’arrêtent à la porte du bloc, n’allant ni plus loin (pour voir ce qu’il s’y passe), ni plus longtemps (pour voir ce qu’elle devient). Ils trouvent les déchets de fœtus propres parce qu’ils n’y touchent pas. On dira alors que l’IVG est une liberté, un choix seul de la femme, quand il est un cachot, un choix de la femme seule.
Je suis un homme. La femme me fascine, écho insoutenable de ma
dépendance. Elle qui extirpe l’homme de sa débauche, lui donne un sens
et le maintient en vie, elle n’aura malgré elle jamais fini de
l’accoucher. L’homme le plus puissant du monde est petit face à la
femme, et misérable face à celle qui porte un enfant. Elle détient une
capacité qui l’élève au-dessus, aussi longtemps qu’ils vivront sur
Terre. L’homme naît avec une dette envers la femme, elle qui l’a porté,
et il sait qu’il ne pourra jamais la lui rendre. C’est pour ça qu’il la
domine ; et pour cela qu’il y succombe.
Cependant, l’IVG est pour la femme son plus grand malheur, et pour l’homme lâche et moderne sa plus grande aubaine. Le droit à l’IVG l’isole, la rend semblable à lui, et si elle ne porte plus l’enfant, elle porte en revanche la responsabilité de ce qu’il advient, et celle des autres s’ils l’exigent d’elle. Désormais prisonnière de sa capacité suprême à donner la vie, la rendre l’égale de l’homme (et inférieure à elle-même) ne pouvait que s’accomplir dans un droit à donner la mort. De quoi lui porter atteinte irrémédiablement.
Source
Cependant, l’IVG est pour la femme son plus grand malheur, et pour l’homme lâche et moderne sa plus grande aubaine. Le droit à l’IVG l’isole, la rend semblable à lui, et si elle ne porte plus l’enfant, elle porte en revanche la responsabilité de ce qu’il advient, et celle des autres s’ils l’exigent d’elle. Désormais prisonnière de sa capacité suprême à donner la vie, la rendre l’égale de l’homme (et inférieure à elle-même) ne pouvait que s’accomplir dans un droit à donner la mort. De quoi lui porter atteinte irrémédiablement.
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