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dimanche 4 décembre 2016

Pourquoi le conservateur libéral François Fillon va droit dans le mur


Arnaud Guyot-Jeannin

Depuis plusieurs mois, François Fillon se veut le champion du conservatisme libéral en politique. Or, le conservatisme prétend défendre les valeurs traditionnelles que le libéralisme économique s’emploie à détruire. 

D’ailleurs, Éric Zemmour observe promptement qu’il s’agit là d’une rhétorique hybride qui débouche sur le chaos : « […] 
Conservatisme et libéralisme se livrent une guerre sourde depuis des décennies : que le principe d’autorité et le respect des traditions, des enracinements et des nations, qui définit le conservatisme, est miné par le libéralisme qui fait de l’individu et du marché les seuls maîtres de notre destin. » Et de décrire l’exemple de l’Angleterre de Margaret Thatcher dont se réclame François Fillon : « La Dame de fer avait pour haute ambition de restaurer l’éthique victorienne de l’effort, du travail, de l’épargne, de la religion et de la patrie. Elle était sincère et déterminée. Mais le marché n’avait que faire de ses ambitions morales et l’Angleterre devint le pays du culte de l’argent, du cosmopolitisme, de la ville-monde Londres, des mafias russes et des paradis fiscaux, de l’alcoolisme de masse des jeunes et des grossesses précoces des adolescentes, et d’une immigration venue du monde entier […] » (« Conservateur et libéral, la grande tension », Le Figaro, 1er décembre 2016).

Tout cela est logique ! Le conservatisme et le libéralisme sont fondamentalement antagonistes. Pour au moins quatre raisons :

1) La défense de l’identité/souveraineté d’un peuple est 
contradictoire avec la promotion d’un capitalisme transnational soutenu, notamment, par les euromondialistes de Bruxelles.
2) Au souci du bien commun de l’un répond l’individualisme atomistique de l’autre
3) L’esprit de service, voire de sacrifice, représente le contraire de l’utilitarisme (axiomatique de l’intérêt).
4) Le protectionnisme continental, national, local, familial, social et environnemental ne peut pas aller de pair avec la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux à l’échelle mondiale.

Le philosophe et historien français Marcel Gauchet note, à juste titre : « […] François Fillon, s’il l’emporte, aura à gérer une alliance des contraires. Imposer le libéralisme est par nature une tâche difficile, puisqu’il est foncièrement hostile au volontarisme. Prendre le risque d’affaiblir l’État quand on compte sur son autorité n’est pas chose simple » (Le Monde, 16 novembre 2016).
Ici même, le 26 novembre, Frédéric Pichon mettait en garde la droite nationale – libérale et bourgeoise – conservatrice (c’est souvent la même) : « […] Ne nous y trompons pas : Fillon n’est pas le nouveau héraut de la révolution conservatrice, il est la réactivation de la vieille droite orléaniste, celle qui a toujours trahi le peuple, lorsqu’elle n’a pas tiré sur lui. Une dose de conservatisme de façade plus que de convictions (mais qui suffit à cette droite versaillaise qui voudra toujours concilier sa bonne conscience avec son portefeuille) – confer son discours sur l’avortement et sa timidité sur l’abrogation de la loi Taubira –, une grande dose d’ultralibéralisme, qui n’a rien à voir avec la liberté d’entreprise, où l’on peut imaginer que les petits et les sans-grade n’y trouveront certainement pas leur place. 
Cette droite orléaniste a toujours trahi le peuple » (Fillon, ou le retour de la vieille droite louis-philipparde, 26 novembre 2016 !).
D’ailleurs, il faut rappeler que les couches populaires abandonnées, en France et notamment par Fillon, cela représente 24 millions de voix. Fillon n’aime pas le peuple, le peuple le lui rend bien en ne votant pas pour lui !

Décidément, le froid François Fillon est un conservateur tiède et un libéral bouillant qui méprise la France périphérique, celle des exclus qui sont pris en tenaille entre la mondialisation et l’immigration de peuplement. C’est pourquoi il faut en finir avec le candidat du Wall Street Journal et du CAC 40 !

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