Olivier Tosseri
Le président de
la République italienne Sergio Mattarella décidera après consultation
entre plusieurs solutions qui excluent pour l’instant celle d’un
gouvernement technique et d’un rapide retour aux urnes.
Après l'une des campagnes électorales les plus
longues et violentes de ces dernières années, « aux tons aberrants »,
selon les mots de l'ancien président de la République Giorgio
Napolitano, c'est son successeur Sergio Mattarella qui doit désormais
gérer cette énième crise de la vie politique italienne. L'instabilité
lui est congénitale, avec 63 gouvernements en 70 ans, et le chef de
l'Etat a toute une série de solutions déjà éprouvées à sa disposition.
Plébiscite sans appel
Celle
à laquelle il pensait initialement, une démission de Matteo Renzi
auquel il aurait reconfié les rênes du pouvoir pour constituer une
nouvelle équipe, est dorénavant impossible. Avec 60% de « non » et 70%
de participation, le référendum est un véritable plébiscite sans appel
sur la personne du président du conseil.

La
solution d'un retour immédiat aux urnes est improbable. Le Parti
Démocrate majoritaire est au bord de l'implosion et bientôt probablement
sans leader, et le centre-droit divisé n'avait trouvé une unité de
façade que pour s'opposer à Matteo Renzi. Il lui faut plus de temps pour
s'organiser et surtout proposer une alternative politique crédible.
Plus de loi électorale
Seules
les forces populistes, Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo et Ligue du
Nord de Matteo Salvini, réclament l'organisation immédiate d'élections
anticipées qu'elle que soit la loi électorale. Il n'y en a justement
pas. Celle qui devait accompagner la réforme constitutionnelle devient
d'office inapplicable et l'ancienne a été déclarée inconstitutionnelle.
En
élaborer une nouvelle et la faire adopter par le Parlement sera la
première et difficile tâche du prochain gouvernement. Pas un
gouvernement technique, dont l'idée est rejetée par l'opinion qui
conserve un très mauvais souvenir de celui de Mario Monti.
Padoan en lice ?
Sergio
Matteralla entamera donc, immédiatement après avoir accepté les
démissions de Matteo Renzi ce lundi, des consultations pour trouver son
successeur. La priorité étant de rassurer les marchés financiers et les partenaires européens sur la fiabilité de l'Italie, le nom le plus évoqué est celui de l'actuel ministre de l'Economie Pier Carlo Padoan
. Il a l'avantage de représenter une solution de continuité notamment
sur les dossiers les plus délicats, avant tout ceux liés au système
bancaire.
La loi électorale deviendrait la priorité absolue
C'est
pour l'instant l'option la plus crédible, mais si la bourse devait
assez bien résister au choc de la victoire du « non », la loi électorale
deviendrait la priorité absolue. Un gouvernement avec une figure
institutionnelle serait ainsi privilégié. L'actuel président du Sénat Piero Grasso
, qui n'est pas proche de Matteo Renzi et entretient de bons rapports
avec l'opposition, serait le candidat idéal. Une fois une loi électorale
adoptée elle pourrait être rapidement expérimentée.
Mais
si Sergio Mattarella voulait que la législature aille jusqu'à son terme
naturel en 2018, une figure plus politique et proche du président du
conseil sortant serait alors plus pertinente. Les noms des ministres des
infrastructures Graziano Delrio, de la culture Dario Franceschini, des
Affaires Etrangères Paolo Gentiloni ou du développement économique Carlo
Calenda sont évoqués. Aucun ne se démarque clairement pour l'instant.
Le rébus de l'après Renzi ne fait que commencer.