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vendredi 9 décembre 2016

Le Pen se dit « ravie » d’avoir à affronter Fillon à la présidentielle


La présidente du FN a fait son retour médiatique avec deux interventions majeures cette semaine. Elle veut mettre fin à la gratuité de l’accès à l’école aux enfants d’immigrés clandestins.

Cette fois-ci, Marine Le Pen est bel et bien entrée en campagne pour la présidentielle de 2017. La candidate du Front National était l'invitée du « 20 heures » de TF1 mercredi soir avant d'enchaîner dimanche par le Grand Jury sur RTL. Histoire de poser quelques jalons avant la trêve des fêtes de fin d'année. 

Après la primaire de la droite qui a vu une nette victoire de François Fillon , les dirigeants du FN ont eu du mal à accorder leurs violons. Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la candidate et député du Vaucluse n'avait pas caché que la victoire de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy était une mauvaise nouvelle pour le FN, compte tenu de la porosité d'une partie de l'électorat du FN avec la droite dite dure. A peine désigné par l'électorat de droite, François Fillon a d'ailleurs fait l'objet d'attaques en règle de la part des dirigeants du FN, donnant l'impression que sa candidature était le pire scénario pour le parti d'extrême-droite. 

Pas du tout, affirme Marine Le Pen. Invitée jeudi matin d'un réunion organisée par la Maison des Travaux Publics et l'institut de sondage BVA, elle a au contraire estimée que la désignation de François Fillon était une excellente nouvelle pour sa candidature. Il est même le « candidat idéal » pour la présidente du FN. 

« Je suis ravie d'avoir un candidat aussi caricatural », a-t-elle lancé, avant d'évoquer un François Fillon « accroché aux exigences de l'Union européenne, applaudi par le Medef et opposant à un Etat stratège ». « François Fillon propose une politique ultra-libérale à contre-courant de tout ce qui se passe dans le monde et en Europe. Il arrive tel le vendeur de bougies après l'avènement de l'électricité », a-t-elle ajouté.

Immigration =chômage

 

Marine Le Pen pense qu'elle a des chances de gagner la présidentielle l'année prochaine. Elle estime qu'elle influence déjà la vie politique française : selon elle, le retrait surprise de François Hollande de la course à la présidentielle s'explique par sa certitude de ne pas être au second tour, une absence liée à la montée en puissance du FN. 

Si elle se veut la candidate des laissés pour compte de la mondialisation, Marine Le Pen a aussi profité de la tribune offerte par la rencontre avec la Maison des Travaux publics pour rappeler quelques fondamentaux du FN. Selon elle, les populations immigrées « ne travaillent pas » et elle a refait le lien entre immigration et chômage. « Quand on a autant de chômeurs dans un pays, on arrête l'immigration », a-t-elle dit. 

Elle a aussi souhaité que les enfants d'immigrés clandestins ne profitent plus d'un accès gratuit à l'éducation. « Si vous venez dans notre pays, ne vous attendez pas à ce que vous soyez pris en charge, à être soignés, que vos enfants soient éduqués gratuitement, maintenant c'est terminé, c'est la fin de la récréation », a-t-elle lancé. Elle propose que les enfants dont les parents ne travaillent pas paient une contribution pour avoir accès à l'école.

Cette proposition a suscité de vives réactions. « Cette déclaration vient abîmer l'image de notre pays et rappelle à tous ceux qui semblaient l'oublier que Madame Le Pen refuse de s'inscrire dans le cadre républicain qui forge l'histoire et la force de notre Nation », a réagi la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem. Celle-ci a rappelé que cette proposition était également contraire à plusieurs conventions internationales, dont la France est signataire, à commencer par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Face à « l'ultra-libéral » François Fillon, Marine Le Pen entend se situer à gauche sur les questions économiques et sociales - elle a dénonce la volonté du candidat de la droite de « privatiser la Sécurité sociale » - et très à droite sur les sujets liés à la sécurité, à laquelle elle associe l'immigration et le terrorisme. 

Gregoire Poussielgue

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