Isabelle Ficek
58 % des
Français estiment « pas souhaitable » de supprimer 500.000 emplois
publics, selon un sondage Elabe. Neuf sur dix refusent qu’on touche à la
santé.
Il veut réduire de 100 milliards les dépenses
publiques et supprimer 500.000 emplois publics. Il a gagné avec 66,5 %
des voix à la primaire de la droite . Et pourtant... Le plus dur commence pour François Fillon. Car si les Français ont « pris conscience du poids des dépenses publiques »,
selon Yves-Marie Cann, le directeur des études politiques d'Elabe, ils
sont massivement opposés à leur baisse, dès lors qu'elles touchent à
leur quotidien.
Pour plus de huit Français
sur dix, la baisse des dépenses publiques en matière de santé (90 %),
de retraites (89 %), de sécurité (89 %), d'éducation (86 %) et de
justice (82 %) ne serait « pas acceptable », selon un sondage
Elabe pour « Les Echos » et Radio classique et l'institut Montaigne. Ils
sont même une majorité à déclarer cette baisse « pas du tout acceptable » pour les retraites (53 %), la sécurité (51 %) et plus encore pour la santé (57 %). « Cette forte intensité du rejet est un point de faiblesse pour François Fillon », souligne Yves-Marie Cann. Elle traduit un « profond
consensus : il n'y a aucun clivage politique, sociologique ou
sociodémographique. Il y a là un vrai attachement, constitutif du modèle
social français. Les Français le souhaitent plus efficace mais ne
veulent pas renverser la table. »
Dénonciation de « l'assistanat »
Le
clivage droite-gauche réapparaît, en revanche, s'agissant de la baisse
des dépenses publiques pour la culture, l'environnement et surtout, pour
les aides sociales et l'indemnisation chômage. Si une majorité de
Français demeure opposée à une réduction des dépenses dans tous ces
domaines, 67 % des sympathisants de la droite et du centre et 63 % de
ceux du FN, sont favorables à une baisse de la dépense dans les aides
sociales - la dénonciation de « l'assistanat » a fait mouche dans ces
électorats - contre 25 % seulement des sympathisants de gauche. Même
clivage pour la baisse de la dépense s'agissant des indemnités chômage,
avec 64 % des premiers favorables (53 % au FN), contre 29 % à gauche.
Quant à la proposition de François Fillon de supprimer 500.000 emplois publics sur le quinquennat, elle est loin de remporter l'adhésion des Français puisque 58 % estiment que « cet objectif n'est pas souhaitable
». Les 18-24 ans le rejettent à 71 %, y voyant sans doute un débouché
de moins. Les classes populaires également (61 %), mais aussi les
classes moyennes et supérieures(62 %). Seuls les sympathisants de la
droite et du centre y sont favorables, à 65 %.
Revoir les propositions santé
Alors certes, François Fillon martèle qu'il garde son « cap » mais il a déjà voulu rassurer sur la santé, le volet le plus critiqué son projet , jusque dans son camp, assurant qu'il voulait « sauver la sécurité sociale
». Bruno Retailleau, l'un de ses plus proches, a poursuivi ce jeudi sur
RTL le déminage, pour ne pas dire le recul, assurant que François
Fillon veut faire « avec la sécurité sociale ce qu'il a fait avec les retraites », listant pour principes de sa réforme « l'universalité, la responsabilité, le fait qu'il y aura un nouvel équilibre public privé.
» Surtout, interrogé pour savoir s'il y aurait bien, en termes de
remboursement, d'un côté les petits risques - au privé - et de l'autre
les grands risques, pris en charge par l'assurance-maladie, il a lâché :
« non, c'est une approche qu'il explicitera, qui n'est pas la bonne
approche. Certains ont pu comprendre que c'était le coeur de sa
réforme, ce n'est pas le cas.
»
