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samedi 3 décembre 2016

L’hommage « incompris » de Mélenchon à Castro

L’hommage de Jean-Luc Mélenchon au dictateur sanguinaire Fidel Castro vous a révolté ? C’est que vous ne l’avez pas bien compris : un peu d’humour noir en hommage aux victimes.

 À l’occasion de la mort de Fidel Castro, révolutionnaire et dictateur de Cuba, Jean-Luc Mélenchonl’humain d’abord, s’est présenté devant la foule pour un vibrant hommage non pas à Fidel Castro, mais à ses victimes. Un hommage qui a levé le cœur de bien du monde, à tort comme nous allons le voir.
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D’emblée Mélenchon pointe du doigt les caricatures de Castro et de son héritage. Il ne fait aucun doute qu’il pense aux caricatures relatives au système de santé cubain, réussite artificielle qui masque à peine un cruel échec. Le tour de magie est connu : envoyez des médecins à l’étranger pour prouver au monde entier que vous pouvez vous le permettre, tellement les soins chez vous y sont prodigués avec excellence. Les Soviétiques avaient fait pareil avec l’export de céréales en pleine famine : s’ils exportent des vivres, c’est qu’il n’y a pas de famine.

Des erreurs et des approximations

 

Plus tard, dans son hommage, il souligne subtilement que Cuba n’atteint pas les exigences des pays plus développés, il n’est donc pas tombé dans le panneau castriste. On ne la lui fait pas, à lui.

«Et pendant toutes ces années, ce blocus interminable, qui d’abord portait sur le 20% de l’économie cubaine puisque les Russes pourvoyaient aux 80% restant ; et puis après, la chute du mur a vu Cuba quasi isolé ne disposant plus de rien ou presque sinon de la force de son peuple […]»

Jean-Luc Mélenchon ne semblait pas avoir de notes, ce qui explique qu’il parle de blocus et non d’embargo, sa langue a manifestement fourché.

Question de logique, si c’était un blocus, les Russes n’auraient jamais pu avoir des échanges commerciaux avec Cuba, du moins pas dans ces proportions. Cependant le plus intéressant, le plus surprenant, le moins compris à vrai dire, c’est que Jean-Luc Mélenchon avoue être devenu un partisan du libre-échange, du commerce international sans barrières ! C’est un beau clin d’oeil au peuple cubain et en particulier à ceux qui ont fui l’île.

«Faire des erreurs de gouvernement, c’est à la portée de tout le monde !»

Il reconnaît également que Fidel Castro a fait des erreurs de gouvernement. Les victimes devraient d’ailleurs le concéder, même si la plupart ne sont plus là. Rappelons que Staline, Pol Pot ou encore Mao, eux aussi, ont fait des erreurs de gouvernement et bien pire que celles de Fidel Castro. C’est tout à l’honneur de Mélenchon de souligner ces erreurs même si, par manque de temps, il ne les détaille pas.

Bienveillance de la gauche humaniste

 

Nous devons aussi applaudir la bienveillance du Lider de la gauche humaniste française envers les castristes pour avoir adroitement sous-entendu que Batista, lui aussi, n’avait jamais fait que des erreurs de gouvernement. Certes il ne le dit pas très clairement, mais il parle de Batista, de Castro et d’erreurs de gouvernement, que vous faut-il de plus ?

«Survivre, mener la lutte jusqu’au bout, rester digne […] nonobstant [les] tentatives d’assassinat […] ! Voilà ce qui n’est pas à la portée de tout le monde.»

Par une habile technique oratoire, Jean-Luc Mélenchon feint d’honorer Fidel Castro alors que c’est un hommage déguisé aux victimes du régime castriste. On sait en effet que Castro vivait dans l’opulence, donc lorsqu’il parle de « survivre », cela ne concerne absolument pas le défunt tyran.

«Quand on parle de prison aux gens qui nous écoutaient à Cuba, nous, nous entendons d’abord parler de Guantánamo. Bien sûr, que vos dirigeants assassinent des gens ici ou là, qu’ils se laissent écouter par les États-Unis d’Amérique n’a pas l’air d’en déranger tant »

Là encore il faut ménager l’auditoire castriste et c’est encore une fois fort habilement que Mélenchon parvient à souligner un problème connu à Cuba : le traitement des opposants au régime. En rappelant que nous devrions nous opposer au comportement des pays occidentaux envers des étrangers, il dénonce avec d’autant plus de force ce que le régime cubain fait subir à ses propres citoyens.

«Fidel, voici la cohorte des opprimés et des humiliés […] qui t’escorte dans ta dernière marche […].»

Ici Jean-Luc Mélenchon mentionne très clairement les victimes de Fidel Castro. Le silence marqué après « dans ta dernière marche » laisse à l’auditeur le loisir d’imaginer vers où il est escorté par ses victimes.

«Alerte, alerte, voici la liberté, dont Fidel était le serviteur, qui marche devant nous et voici nos pas, fussent-ils lourds, fussent-ils inquiets, fussent-ils tristes, des pas de ceux qui marchent vers cet horizon d’une humanité libérée.»

Évidemment il faut être de mauvaise foi pour ne pas admettre que Fidel Castro en mourant a été le serviteur de la liberté et que nous qui marchons « vers cet horizon d’une humanité libérée », c’est bel et bien une humanité libérée des tyrans, des dictateurs et des tortionnaires comme Fidel Castro.

La blague de l’humain d’abord

 

Vous comprendrez donc qu’il ne faut surtout pas s’arrêter à une lecture simpliste de l’hommage de Jean-Luc Mélenchon à Fidel Castro. Il faut lire entre les lignes et se rappeler qu’il est face à un auditoire castriste qu’il faut ménager. Dès lors qu’on visionne la vidéo en allant très au-delà du premier niveau d’interprétation, on y découvre des mots touchants et forts en mémoire des victimes passées et actuelles du castrisme tandis que la mort de Castro n’est qu’une promesse pour le peuple cubain.

Si vous doutez encore, rappelez-vous que le slogan de Mélenchon, c’est l’humain d’abord. Il n’analyse rien avec le prisme de l’idéologie et il ne saurait oublier les victimes du castrisme.
Avec ce nouveau regard sur notre sincère ami des opprimés, je vous invite à relire ses analyses sur Robespierre.

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